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Malmené en France, Emmanuel Macron se rend en Chine pour une visite à forts enjeux
information fournie par Reuters 31/03/2023 à 14:17

        * 
      Macron se rendra à Pékin et Canton entre le 5 et 8 avril
    

        * 
      La visite se déroule en pleine contestation en France sur
les
retraites
    

        * 
      La guerre en Ukraine devrait dominer les discussions
    

  
    par Michel Rose et John Irish
       PARIS, 31 mars (Reuters) - Emmanuel Macron se rendra en
Chine la semaine prochaine pour une rare visite dans la deuxième
économie mondiale, un retour sur la scène diplomatique qui
intervient alors qu'il peine à contenir la contestation en
France sur sa réforme des retraites.
    Le chef de l'Etat tente de maintenir son agenda diplomatique
chargé mais les multiples affrontements entre manifestants
radicalisés et forces de l'ordre ces dernières semaines l'ont
déjà obligé à annuler la visite d'Etat du roi Charles III
d'Angleterre, un revers qui n'est pas passé inaperçu dans les
cercles diplomatiques.
    "C'est une chose très prestigieuse d'avoir la première
visite du roi d'Angleterre. Ca n'arrive pas tous les jours. Si
vous ne pouvez pas le faire, c'est un problème", a dit à Reuters
un ambassadeur d'un pays européen. 
    "C'est clair que ça l'affaiblit", renchérit un autre
diplomate européen. "On ne peut pas mesurer l'impact, mais quand
même, il y en a un". 
    La contestation contre la réforme des retraites, qui
connaîtra une onzième journée de mobilisation nationale jeudi
lorsqu'Emmanuel Macron sera en Chine, intervient à un moment où
le chef de l'Etat cherche à reprendre l'initiative sur la guerre
en Ukraine et à restaurer son leadership en Europe après les
critiques formulées sur sa politique russe.  
    "Les manifestations comportent de nombreux risques et la
France a besoin d'un coup de pouce diplomatique, d'autant plus
qu'elle souhaite jouer le rôle de leader européen", observe Wang
Yiwei, directeur du centre d'études européennes de l'université
Renmin, en Chine.
    
    LIGNE ROUGE SUR LA RUSSIE
    En Chine, Emmanuel Macron souhaite adresser un avertissement
clair à son homologue Xi Jinping, qui a été reçu en grandes
pompes au Kremlin par Vladimir Poutine ce mois-ci : l'Europe
n'acceptera pas que Pékin fournisse des armes à Moscou pour une
guerre menée sur le sol européen. 
    "Notre message sera clair : il peut y avoir une tentation de
se rapprocher de la Russie mais ne franchissez pas cette ligne",
avertit un haut diplomate français. 
        Certains analystes estiment que la décision de la Russie
de déployer en Biélorussie des armes nucléaires tactiques
pourrait aussi être une opportunité pour la France d'inciter la
Chine à se désolidariser de Moscou sur ce sujet, Pékin dénonçant
depuis longtemps la prolifération nucléaire.
    "La France est une puissance nucléaire, elle a cette carte à
jouer", estime Antoine Bondaz, du groupe de réflexion français
FRS et spécialiste de la Chine. 
    A Bruxelles, on doute toutefois du succès de l'objectif
précédemment affiché d'Emmanuel Macron d'inciter la Chine à
faire pression sur la Russie pour qu'elle mette fin au conflit. 
    "Quand on leur dit ça Bruxelles, il y en a beaucoup qui
lèvent un peu les yeux au ciel", confie un diplomate basé dans
la capitale belge. 
    Les diplomates français relativisent toutefois l'impact des
manifestations en France sur la crédibilité d'Emmanuel Macron à
l'international, faisant valoir que Xi Jinping à lui aussi dû
affronter un mouvement inédit de protestations en fin d'année
dernière lié aux restrictions sanitaires sur le COVID-19. 
    "Les Chinois joueront un rôle d'équilibriste. Ils ont besoin
d'une bonne relation avec l'Europe donc ils ne voudront pas
jouer sur les problèmes internes de Macron", estime un autre
diplomate français.
    Alors que les relations entre Washington et Pékin se sont
considérablement dégradées depuis l'épisode du ballon espion
chinois le mois dernier, l'Europe tente d'établir sa propre
stratégie avec la Chine.  
    
    LA CARTE EUROPEENNE
    La présidente de la Commission européenne Ursula von der
Leyen, qui accompagnera Emmanuel Macron à Pékin, a reconnu que
les relations du bloc avec la Chine était devenues "plus
distantes et plus difficiles" au cours des dernières années mais
a appelé à poursuivre le dialogue et à "rééquilibrer" la
relation.
    Pour la diplomatie française, qui s'efforce d'inviter
d'autres dirigeants européens à chaque rencontre avec la Chine
pour montrer que l'union fait la force, la présence d'Ursula von
der Leyen est aussi un moyen de se distinguer d'Olaf Scholz, qui
avait décliné l'idée d'Emmanuel Macron d'une visite
franco-allemande conjointe l'an dernier.
    Les analystes estiment que la détérioration des relations
entre la Chine et les Etats-Unis donnent à l'Europe plus de
marges de manoeuvre, avec un marché unique européen qui devient
plus important encore pour Pékin. 
    Cela pourrait donner l'opportunité à Emmanuel Macron de
mettre en pratique "l'autonomie stratégique" qu'il prône pour
l'UE, tout en tirant profit de la réouverture de l'économie
chinoise après des années de ralentissement lié à la pandémie. 
    "Macron peut faire passer le message que l'Europe veut
s'engager avec la Chine, mais que ce sera difficile si la Chine
continue sur la voie qu'elle suit actuellement avec la Russie",
a déclaré Noah Barkin, analyste chez Rhodium Group.
    Le président français devra aussi garder à l'esprit la
tactique de Pékin consistant à diviser pour mieux régner,
prévient un diplomate non occidental, suggérant que la Chine
pourrait tenter d'instrumentaliser la visite d'Emmanuel Macron
pour donner l'impression que la France s'éloigne des Etats-Unis.
 

 (Reportage Michel Rose et John Irish à Paris, avec Laurie Chen
à Pékin, Blandine Hénault pour la version française, édité par
Matthieu Protard)
 

9 commentaires

  • 03 avril 10:01

    Ursula von der Leyen, représentant les intérêts allemands et américains, n'a rien à faire dans une délégation française ! Quand au Président français, il ne doit se préoccuper que des intérêts français, plutôt que de ceux de l'Ukraine ou de la Pologne !


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