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Mais pourquoi le prix des pommes de terre n’est finit-il pas de s’envoler ?
information fournie par Le Figaro 28/09/2023 à 07:39

(Crédits photo : Unsplash - Lars Blankers )

(Crédits photo : Unsplash - Lars Blankers )

En juillet, le kilo de pommes de terre de conservation a franchi le seuil des deux euros et a continué d'augmenter en août. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette hausse.

En frites, purée, chips, ou à la vapeur, les pommes de terre sont un incontournable de la cuisine. Normalement bon marché, elles permettent de nourrir toute la famille, à moindre coût. « Le monde entier veut en manger », constate ainsi l'Union nationale des Producteurs de pommes de terre (UNPT). Mais ces derniers mois, le prix des pommes de terre fraîches - vendues dans les rayons des supermarchés - ne cesse de grimper.

Si, en janvier, un kilo valait 1,67 euro en métropole, il en coûtait 2,06 euros en juillet dernier, et 2,19 euros au mois d'août. C'est la première fois que la pomme de terre de conservation franchit ce seuil symbolique de deux euros, selon les données de l'Insee. Si la demande ne cesse d'augmenter, ce n'est pas le seul facteur qui entraîne cette hausse des prix. « L'année dernière, on est sorti d'une récolte française et européenne catastrophique », explique ainsi Geoffroy D'Evry, président de l'UNPT. « La pire récolte en 30 ans », abonde un autre spécialiste du secteur.

En cause, de fortes variations climatiques qui ont asséché puis inondé les sols et abîmé la production. En plus d'avoir un mois de retard, « le volume a été très mauvais », explique Philippe Fardel, président de Mousline. Ainsi, le marché s'est retrouvé extrêmement tendu lors de la dernière récolte en automne dernier, avec des stocks qui se sont écoulés jusqu'à la fin du premier semestre. « Au printemps 2023, les cours étaient excessivement hauts, entre 500 et 600 euros la tonne de pommes de terre », mentionne le président de Mousline. À cela s'ajoute « une hausse soudaine des coûts de production, des intrants, de fioul et de main-d'œuvre », complète Geoffroy d'Evry, qui ajoute que « le marché a réagi par rapport à l'offre de la loi et de la demande ».

Les agriculteurs refusent de devenir «la variable d'ajustement» des distributeurs et des industriels

«La qualité a un coût»

Cet été a donc représenté une période creuse pour la pomme de terre, avec des stocks exceptionnellement bas et une nouvelle récolte qui n'arrive que ce mois-ci. « En toute logique, le prix consommateur va baisser » grâce au remplissage des stocks et aux renégociations avec les distributeurs. « Mais le prix au producteur ne doit pas être infléchi », rappelle l'UNPT. Concrètement, lors de l'achat d'un sac de pommes de terre, 20% du prix revient à l'agriculteur, 50% au distributeur, 10% pour les taxes et 20% aux négociants.

Côté industriel, la hausse des prix n'est pas non plus passée inaperçu avec un « marché de la pomme de terre qui a flambé », en plus des coûts de production, affirme Philippe Fardel. Si les contrats avec les agriculteurs sont négociés chaque année vers le mois de décembre, le dernier contrat « a inflaté de 50% ». L'industriel a donc été contraint d'appliquer en début d'année une hausse de 10% sur ses produits, soit l'équivalent de deux centimes à la portion. Il attend désormais les prochaines renégociations commerciales avec les distributeurs, dans l'espoir de trouver un accord pour faire baisser les prix. Pour l'UNPT, « c'est à la grande distribution et aux négociants de baisser leurs marges ».

« Pendant des années, la pomme de terre n'avait pas vraiment de valeur, aujourd'hui la qualité a un coût », abonde Geoffroy d'Evry, qui craint que les rémunérations des producteurs soient revues à la baisse. Ceux-ci sont d'ailleurs rémunérés sur le tonnage net, une fois toutes les pommes de terre difformes enlevées. Cette qualité française est l'un des critères majeurs pour l'exportation. Outre-Atlantique, les Américains appellent même les pommes de terre « made in France » des « poupées », du fait de leur peau lisse. L'Hexagone est ainsi l'un des plus gros exportateurs, avec une pomme de terre sur deux envoyée à l'étranger, notamment en Espagne, au Portugal en Italie ou en Europe centrale. « Si la grande distribution ne joue pas le jeu, nos pommes de terre partiront en majorité à l'export », prévient d'ores et déjà Geoffroy d'Evry.

Cette année, la France devrait produire 43,9 tonnes de pommes de terre par hectare, « de quoi nourrir tout le monde », assure l'UNPT. Mais des inquiétudes subsistent sur la qualité de la récolte actuelle avec « beaucoup d'inconnues ». « L'année dernière, la sécheresse a été fatale, il y a ensuite eu trop de froid en début d'année, trop de pluie et de nouveau de la sécheresse cet été », explique l'UNPT qui ajoute que « les producteurs ont rarement vu ça ». Reste à voir si tous les acteurs parviendront à s'accorder dans les prochaines semaines, afin d'éviter au consommateur de payer ses pommes de terre au prix fort.

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