
( AFP / PUNIT PARANJPE )
Le gouvernement espagnol a bloqué mardi une offre publique d'achat (OPA) du consortium hongrois Ganz Mavag Europe sur le constructeur ferroviaire espagnol Talgo, mettant en avant "des risques pour la sécurité nationale et l’ordre public".
Le Conseil des ministres, qui s'est réuni mardi matin, a décidé "de ne pas autoriser l'investissement direct étranger dans Talgo S.A. de la part de Ganz Mavag Europe Private Limited, pour des raisons de protection des intérêts stratégiques et de la sécurité nationale de l'Espagne", selon un communiqué publié par le ministère de l'Economie.
Bien que le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez n'ait pas précisé les raisons exactes de sa décision, il n'avait pas caché les craintes que lui inspirait cette initiative, émanant d'un groupe considéré comme proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui n'a jamais fait mystère de ses liens avec le président russe Vladimir Poutine.
"Pour le gouvernement, Talgo est une entreprise stratégique dans un secteur clé pour la sécurité économique, la cohésion territoriale et le développement industriel de l'Espagne", poursuit le ministère.
Dès le mois de mars, Madrid avait manifesté ses inquiétudes, se disant "vigilant sur l'avenir de Talgo", lorsque le fabricant de trains espagnol avait annoncé faire l'objet d'une OPA à hauteur de "100%" de son capital par Ganz Mavag Europe, un consortium regroupant le groupe Magyar Vagon et le fonds public hongrois Corvinus Zrt.
Cette OPA, qui valoriserait l'entreprise à 619 millions d'euros, est "amicale", avait à l'époque précisé Talgo, en exprimant "un avis préliminaire favorable" à l'opération au regard du prix de cinq euros par action offert par le consortium hongrois, jugé "attractif pour les actionnaires".
Plusieurs médias espagnols avaient alors affirmé que les craintes de Madrid tenaient notamment aux liens unissant Ganz Mavag Europe et le gouvernement de M. Orban, considéré comme très proche de Vladimir Poutine.
Un point sur lequel le ministère de l'Economie ne s'est pas exprimé mardi, se contentant de se référer à une loi espagnole favorisant "l'attraction des investissements et la défense des intérêts nationaux".
Ce veto, explique Madrid, "intervient en application de la réglementation espagnole en vigueur sur le contrôle des investissements étrangers" ainsi que du droit européen.
"Le gouvernement espagnol garde comme objectif prioritaire l'attraction des investissements étrangers, en particulier dans les secteurs et les projets essentiels à notre compétitivité et à notre sécurité économique", un objectif qu'il veut toutefois "compatible avec la protection des intérêts stratégiques ou de la sécurité nationale".
Depuis 2020, le ministère de l'Economie a renforcé le contrôle des investissements étrangers dans les secteurs jugés stratégiques, notamment les "infrastructures critiques", la "santé" et la "sécurité".
Instauré au début de la crise du Covid-19, ce dispositif, qualifié de "bouclier anti-OPA", oblige les groupes étrangers voulant acquérir plus de 10% du capital d'une entreprise espagnole jugée prioritaire à solliciter au préalable le feu vert de l'Etat, via le Conseil des ministres.
2 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer