Le président Emmanuel Macron sur le perron de l'Elysée, le 28 octobre 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
"J'ai besoin de vous", "je vais me démultiplier aussi": Emmanuel Macron a invité mardi quelque 200 experts et acteurs de terrain réunis à l'Élysée à proposer des pistes d'ici la fin de l'année pour lutter contre les menaces de l'internet et des réseaux sociaux sur la démocratie et les élections.
Il faut "lancer le travail de résistance", "créer une petite plateforme d'action", "bâtir un projet d'action commun", au-delà des mesures législatives et réglementaires, a-t-il dit aux chercheurs, responsables d'associations, neuropsychologues, entrepreneurs et élus présents.
Le débat, qui s'est tenu en présence de quelques médias dont l'AFP, portait aussi sur l'impact des écrans sur la santé mentale des enfants, un sujet déjà largement abordé par le chef de l'État ces derniers mois.
Pendant plus de deux heures, les intervenants ont enchaîné les prises de parole dans une séquence aux airs de Conseil national de la Refondation (CNR), l'outil initié par Emmanuel Macron au début de son second quinquennat en 2022 pour tenter de rénover le débat démocratique, avec un succès relatif.
Le président, en retrait sur la scène politique intérieure depuis la dissolution ratée de 2024, entend faire des effets néfastes des écrans et des réseaux sociaux son nouveau cheval de bataille dans la dernière ligne droite du quinquennat avant les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.
Parmi les sujets phare, les algorithmes créés par les plateformes pour capter l'attention des usagers, l'orienter à des fins idéologiques ou publicitaires, avec à la clé des intérêts financiers colossaux.
"Ce qui se joue avec les algorithmes, c'est l'émergence d'un nouveau pouvoir", au côté de l'exécutif, du législatif et du judiciaire, qui "lui n'a pas encore de contrepouvoirs" et face auquel il faut créer des "contre-algorithmes de supervision", a expliqué Hugo Micheron, spécialiste des ingérences islamistes sur les réseaux.
Dans le monde numérique, "le marché des idées est entre les mains d'un petit nombre de grandes entreprises américaines, chinoises et russes qui ont toujours fait prévaloir leurs intérêts", a renchéri David Colon, historien de la propagande et de la manipulation de masse.
"En Moldavie, le premier client de Facebook fut le Kremlin dans ses opérations d'ingérence dans les élections", a-t-il affirmé. Les trolls et les bots "faussent la perception des utilisateurs" et peuvent aussi "tromper les algorithmes et démultiplier leurs effets".
Il a suggéré de créer des réseaux sociaux "d'intérêt public", ne reposant pas sur un "modèle publicitaire prédateur" mais sur des "algorithmes transparents".
Axel Dauchez, fondateur du site Make.org, plateforme de démocratie participative, a suggéré de "construire des périodes de réserves sur les réseaux sociaux" avant les élections comme sur les médias traditionnels.
"On est en train de perdre notre indépendance émotionnelle et cognitive", a conclu Emmanuel Macron, en proposant à ses interlocuteurs de les revoir d'ici fin décembre.

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