(Actualisé avec précisions, réactions ukrainienne et russe)
Le Pentagone a interrompu les livraisons à l'Ukraine de certains types d'armements, notamment les missiles destinés aux systèmes de défense antiaériens fournis à Kyiv, disant craindre que les stocks américains soient insuffisants, ont déclaré mardi deux sources au fait de cette décision.
Cette suspension, qui concerne des armes promises à Kyiv par l'administration de l'ancien président Joe Biden, a été décidée récemment, ont précisé les sources, alors même que la Russie a intensifié ces dernières semaines ses attaques de missiles et de drones contre l'Ukraine.
Un responsable ukrainien a déploré un coup sévère porté à la capacité de son pays à défendre son territoire. Le Kremlin s'est à l'inverse réjoui de cette décision, affirmant qu'elle allait accélérer la fin de la guerre.
Dans un courriel, le Pentagone a indiqué qu'il présentait au président Donald Trump des options pour poursuivre l'aide militaire à l'Ukraine, conformément à l'objectif de mettre fin à la guerre.
"Dans le même temps, le département examine et adapte rigoureusement son approche afin d'atteindre cet objectif, tout en préservant l'état de préparation des forces américaines pour les priorités de défense de l'administration", a déclaré Elbridge Colby, sous-secrétaire à la politique de Défense.
La décision du Pentagone traduit la volonté de désengagement américain en Ukraine, Donald Trump ayant multiplié les gestes d'ouverture en direction de la Russie alors qu'aucune nouvelle aide militaire destinée à Kyiv n'a été soumise au vote du Congrès depuis le changement d'administration à Washington.
Donald Trump a bien déclaré la semaine dernière, à l'issue d'un entretien avec son homologue ukrainien Volodimir Zelensky, qu'il envisageait de vendre davantage de systèmes de défense antiaérienne Patriot à l'Ukraine, mais dans les faits, seuls des armements promis par Joe Biden parviennent actuellement sur le front.
La suspension des livraisons américaines complique encore davantage la tâche des forces armées ukrainiennes, qui disent déjà manquer d'obus de 155 mm pour résister au grignotage des troupes russes le long de la ligne de front, et de missiles intercepteurs pour repousser les attaques aériennes incessantes de Moscou, qui épuisent sa population civile.
"C'est douloureux, et dans le contexte des attaques terroristes que la Russie commet contre l'Ukraine, c'est une situation très désagréable", a déclaré à des journalistes Fedir Venislavskyi, membre de la commission de sécurité nationale et de défense du Parlement ukrainien.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur américain par intérim, John Ginkel, pour lui rappeler que toute suspension de l'aide américaine a pour effet de conforter la Russie dans son refus de négocier la fin de son agression.
"La partie ukrainienne a souligné que tout retard ou tergiversation dans le soutien aux capacités de défense de l'Ukraine ne ferait qu'encourager l'agresseur à poursuivre la guerre et la terreur, au lieu de rechercher la paix", a dit le ministère dans un communiqué.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est en revanche félicité de la décision de Washington, répétant que moins les pays occidentaux livreront d'armes à Kyiv, plus vite le conflit se terminera par la capitulation de l'Ukraine souhaitée par Moscou.
(Mike Stone et Costas Pitas à Washington, avec la contribution de Pavel Polityuk et Max Hunder à Kyiv et Anastasia Lyrchikova à Moscou; version française Camille Raynaud et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)
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