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Les supérettes 7-Eleven, trésor national du Japon convoité par un groupe canadien
information fournie par Boursorama avec AFP 09/10/2024 à 08:14

( AFP / RICHARD A. BROOKS )

( AFP / RICHARD A. BROOKS )

On y trouve aussi bien des boulettes de riz que des billets de concert: les 7-Eleven, emblèmes de supérettes omniprésentes et adulées au Japon, sont convoitées par un groupe canadien, une bataille dont l'enjeu n'est pas que financier.

Seven & i Holdings, le groupe japonais propriétaire 7-Eleven, a rejeté début septembre une offre de rachat du géant de canadien de la distribution canadien Alimentation Couche-Tard (ACT). Mais ce dernier n'a pas renoncé, et a, selon l'agence Bloomberg, revu en hausse sa proposition, qui approche désormais les 50 milliards de dollars.

Au risque, s'il parvient à ses fins, d'ouvrir la porte à d'autres acquisitions significatives de firmes nippones par des acteurs étrangers --un dossier politique à moins de trois semaines d'élections législatives dans l'archipel, mais aussi très symbolique.

A l'image de ses concurrents FamilyMart ou Lawson, le 7-Eleven du coin de la rue incarne aux yeux des Japonais un recours très apprécié pour une population vieillissante et une sorte de guichet unique pour les besoins du quotidien.

Outre les produits frais, plats préparés, sandwiches et articles de toilette, les Japonais s'y rendent pour payer leurs factures, imprimer des photos, utiliser le distributeur de billet, et même envoyer des valises à l'autre bout du pays.

On en trouve quelque 21.000 disséminés dans l'archipel. "Ils font partie du tissu (social et économique) japonais, de l'infrastructure", indique à l'AFP Gavin Whitelaw, anthropologue de l'université Harvard ayant travaillé dans trois supérettes japonaises.

Pour opérer efficacement, les supérettes nippones compilent de nombreuses de données sur leurs usagers, et "sont devenues un modèle mondial pour le commerce de proximité", observe M. Whitelaw.

-"Fierté nationale"-

"C'est une source de fierté nationale. Ces magasins, surnommés +konbini+, font souvent offices de piliers de la communauté locale, contribuant aux événements festifs et apportant leur aide en cas de catastrophe", ajoute-t-il.

Les magasins 7-Eleven sont apparus dès 1927 aux Etats-Unis, adoptant ultérieurement ce nom car ils ouvraient de 7 heures matin à 11 heures le soir. Mais le milliardaire Masatoshi Ito japonais, en les rachetant, en a fait un empire, avec environ 85.000 magasins dans 19 pays --dont un quart au Japon.

Si le rachat par Couche-Tard se concrétisait, ce serait la plus grosse acquisition étrangère jamais réalisée d'une entreprise japonaise, d'un montant initialement estimé à environ 40 millions de dollars (36 milliards d'euros).

Le groupe canadien gère lui-même environ 16.700 points de vente dans 31 pays, et la fusion donnerait naissance à un mastodonte mondial de la distribution.

"Le calendrier est parfait", car les entreprises japonaises apparaissent "relativement bon marché" à acquérir en raison du fort affaiblissement du yen, souligne Kai Li, enseignante en gouvernance d'entreprise à l'UBC Sauder School of Business au Canada.

Et Tokyo a assoupli l'an dernier ses règles en matière de fusions-acquisitions pour décourager les entreprises nippones de rejeter systématiquement les offres de rachat étrangères, en vue de rendre le pays plus attractif.

-"Concept très étranger"-

Les entreprises japonaises, longtemps réputées pour leurs acquisitions retentissantes dans le monde entier, n'ont guère l'habitude d'être elles-mêmes l'objet d'appétits étrangers.

"Traditionnellement, les entreprises sont très stables au Japon et considèrent les fusions comme un concept très, très étranger: si vous vendez, c'est la fin de l'histoire de votre entreprise", confie Nobuko Kobayashi, du cabinet de conseil EY.

Une situation que les autorités veulent faire évoluer, à l'heure où la quatrième économie mondiale tente d'échapper à la stagnation économique --une priorité du nouveau gouvernement.

Le yen affaibli, la sous-évaluation boursière des firmes nippones et l'attractivité en berne de la Chine sont "autant de raisons de tourner son regard vers Japon", estime Mme Kobayashi.

Mais au prix d'un redoutable défi pour ces acquéreurs potentiels: face aux cadres rigides de gestion nippons, "il faut peut-être un changement structurel de mentalité pour débloquer la valeur" d'une firme japonaise, juge-t-elle.

Rien n'est encore joué pour Seven & i, que le ministère des Finances japonais a classé mi-septembre comme entreprise "essentielle" --donnant aux autorités la possibilité, sous conditions, de suspendre ou de bloquer une prise de contrôle. Le patron du groupe, Ryuichi Isaka, doit s'exprimer jeudi après publication de résultats trimestriels.

Couche-Tard avait déjà tenté en 2021 un rapprochement avec le français Carrefour, mais s'était cassé les dents, victime du refus catégorique du gouvernement français en période de pré-campagne électorale.

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