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Les Etats-Unis réduisent leur présence militaire en Europe, mais sans "retrait"
information fournie par AFP 29/10/2025 à 18:20

Des soldats américains lors d'un exercice sur le Danube en Roumanie le 13 juin 2025 ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

Des soldats américains lors d'un exercice sur le Danube en Roumanie le 13 juin 2025 ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une réduction de leur présence militaire sur le front oriental de l'Europe, tout en s'efforçant de rassurer leurs alliés sur la nature de cet "ajustement", qui ne signifie en rien un "retrait" du continent européen.

Ce reploiement d'une brigade de l'armée américaine concerne en tout premier lieu la Roumanie, bien que le conflit ukrainien continue de faire rage à ses portes.

Mais, "ce n'est pas un retrait américain d'Europe ni un signe d'un engagement réduit envers l'Otan", a souligné l'armée américaine dans un communiqué de son état-major en Europe.

Il s'agit d'un "ajustement" qui n'empêchera pas les forces américaines de rester "plus importantes" qu'avant 2022, a réagi de son côté un responsable de l'Otan, soulignant que l'organisation avait été informée au préalable, et que les "ajustements" dans la présence des forces américaines n'étaient pas "inhabituels".

Toutefois, pour l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président roumain, George Scutaru, il s'agit d'"un mauvais signal envoyé à la Russie" concernant la région de la mer Noire. "La Russie pourrait considérer que la mer Noire n'est pas si importante pour les intérêts américains en Europe", a-t-il déclaré à l'AFP.

- Défense "robuste" -

M. Scutaru, qui dirige le centre de réflexion New Strategy Center, a appelé les alliés européens à "réfléchir à renforcer la présence militaire pour compenser", citant notamment la France, à la veille d'une visite de la ministre française de la Défense Catherine Vautrin en Roumanie.

La défense du flanc Est de l'Europe restera "robuste", a assuré à l'AFP un membre de l'entourage de la ministre française. La France est le pays chef de file des forces de l'Otan en Roumanie.

En Allemagne, où se trouve le plus gros contingent de troupes américaines en Europe, un porte-parole du gouvernement a affirmé de son côté que le pays n'était pas concerné par ce redéploiement.

La réduction annoncée par Bucarest concerne une brigade américaine, qui va rentrer aux Etats-Unis, sans être remplacée, a indiqué l'armée américaine.

"Environ 900 à 1.000 soldats américains resteront en Roumanie, contribuant à dissuader toute menace et représentant une garantie de l'engagement des Etats-Unis envers la sécurité régionale", selon Bucarest.

Selon les dernières statistiques disponibles, 1.700 soldats américains sont actuellement déployés en Roumanie. "Les capacités stratégiques restent inchangées", a affirmé le ministre roumain de la Défense Ionut Mosteanu, notamment le système de défense antimissile à Deveselu ou la base aérienne de Campia Turzii.

- Pas une surprise -

La décision américaine va cependant "affaiblir la sécurité" de la Roumanie, un "Etat en première ligne", a estimé Phillips Payson O'Brien, un historien américain et professeur d'études stratégiques à l'Université de St Andrews, en Écosse, sur X."Réveillez-vous, Europe, les États-Unis ne vous défendront pas contre la Russie", a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas véritablement une surprise, ni un changement de portage radical", a tempéré de son côté Guillaume Lasconjarias, directeur des études et de la recherche à l'IHEDN, l'Institut des hautes études de défense nationale à Paris.

Les Etats-Unis cherchent depuis plusieurs années à réorienter leurs priorités stratégiques vers l'Asie, y compris en réduisant leur "empreinte" en Europe. Le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier n'a fait qu'accentuer cette tendance.

Quelque 85.000 soldats américains sont stationnés en Europe. Ce chiffre a fluctué entre 75.000 et 105.000 après l'envoi de 20.000 hommes supplémentaires en réaction à l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, selon le ministère américain de la Défense.

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, avait tétanisé ses alliés européens en février en annonçant qu'ils devaient désormais prendre la "responsabilité de leur propre sécurité conventionnelle sur le continent". En clair, comptez sur vos propres armées et non plus sur celles des Etats-Unis, même si celle-ci reste engagée dans l'Otan, notamment en matière de dissuasion nucléaire.

Soulignant que la décision américaine était "un développement prévisible que nous avons tous anticipé", le ministre roumain de la Défense a rappelé que l'Europe avait commencé à investir davantage dans ses propres armées et qu'elle avait "décidé de prendre sa défense en main".

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