
Des conteneurs d'expédition sont visibles au port d'Oakland, alors que les tensions commerciales se poursuivent concernant les tarifs douaniers américains avec la Chine, à Oakland, Californie
par David Lawder, Promit Mukherjee et Julia Payne
Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du Groupe des sept (G7) se réunissent cette semaine dans la station balnéaire de Banff, au Canada, pour discuter notamment de sécurité économique et coopération en matière d'intelligence artificielle avec la question de droits de douane américains en toile de fond.
Les membres du G7 s'efforceront également de faire preuve d'unité, alors que le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, doit se joindre aux réunions qui se tiennent de mardi à jeudi. La question des droits de douane sera donc au centre des discussions.
Selon des responsables du G7 et des experts, l'enjeu est d'éviter la fracture de l'alliance économique occidentale, même si cela implique un langage moins spécifique et des actions convenues.
Le Japon, l'Allemagne, la France, l'Italie et le Canada sont en effet tous menacés par un doublement potentiel des droits de douane "réciproques" imposés par leur partenaire - les États-Unis - qui pourraient atteindre 20% ou plus au début du mois de juillet.
La Grande-Bretagne a quant à elle négocié un accord commercial avec les États-Unis au début du mois, fixant les droits de douane à 10% sur la plupart des produits.
"Personne ne s'attend à ce que les États-Unis déclarent que le G7 et d'autres partenaires bénéficieront d'un régime spécial plus favorable", a déclaré Charles Lichfield, directeur adjoint du GeoEconomics Center de l'Atlantic Council à Washington.
Il relève toutefois que les responsables financiers tenteront probablement de rappeler à Scott Bessent qu'ils sont les alliés des États-Unis, et qu'il leur est difficile de répondre aux exigences de Washington quant à la guerre commerciale avec la Chine, étant eux-mêmes soumis aux droits de douane.
Un porte-parole du Trésor américain a déclaré dimanche que Scott Bessent s'efforcerait de ramener le G7 "à l'essentiel et de se concentrer sur le traitement des déséquilibres et des pratiques non commerciales dans les pays membres et non-membres du G7".
Scott Bessent, ancien gestionnaire de fonds spéculatifs, n'a cessé d'appeler à un retour en arrière face au modèle économique chinois axé sur les exportations qui a entraîné une surcapacité de production et un afflux de produits subventionnés dans les économies de marché.
Lors des réunions bilatérales avec Scott Bessent, certains ministres devraient faire avancer leurs propres négociations en vue de réduire les droits de douane imposés par Donald Trump.
Le secrétaire américain au Trésor dirige notamment les négociations avec le Japon, décrites par des responsables de l'administration comme étant à un stade avancé.
Scott Bessent a déclaré dimanche que les pays qui ne négociaient pas "de bonne foi" seraient à nouveau soumis aux droits de douane américains réciproques plus élevés, à savoir 24% dans le cas du Japon.
UNE RÉUNION DÉLICATE
Malgré les désaccords sur les droits de douane, les représentants du G7, en particulier ceux du Canada, pays hôte, semblent déterminés à se mettre d'accord sur une déclaration commune à l'issue de la réunion financière, qui ouvrira la voie au sommet des dirigeants du G7 en juin.
Des sources gouvernementales du G7 au fait des négociations financières ont déclaré qu'un projet de communiqué était déjà prêt et que le Canada s'efforçait de parvenir à un consensus pour montrer que les pays du G7 étaient solidaires sur toute une série de questions.
Le ministre ukrainien des Finances, Serhi Martchenko, sera également présent, alors que l'Union européenne prépare un nouveau train de sanctions pour accroître la pression sur Moscou.
Selon Charles Lichfield, après l'échec des négociations entre russes et ukrainiens vendredi à Istanbul, Scott Bessent et les autres ministres du G7 pourraient être plus enclins à se mettre d'accord pour accentuer la pression sur la Russie, sans pour autant s'engager à prendre des mesures spécifiques.
Le soutien au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale devrait également faire l'objet d'un terrain d'entente, Scott Bessent ayant réaffirmé le soutien des États-Unis à ces institutions en avril.
La manière dont le G7 décrira l'incertitude économique et le ralentissement des investissements provoqués par les droits de douane de américain, sans blâmer explicitement les politiques de Washington, devrait aussi faire l'objet de débats lors des négociations.
"Ma boule de cristal est tellement trouble que je ne vois pas très bien l'avenir", a déclaré Suzanne Clark, directrice générale de la Chambre de commerce des États-Unis, lors d'une conférence réunissant des chefs d'entreprise des pays du G7, qui s'est tenue à Ottawa.
"Je pense que nous devons promouvoir l'avenir (...) sujet sur lequel les milieux d'affaires du monde entier peuvent partager les valeurs de la démocratie et de l'État de droit, de l'esprit d'entreprise et de l'ouverture des marchés", a-t-elle ajouté.
(Reportage Makiko Yamazaki, Julia Payne, David Lawder et Promit Mukherjee ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)
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