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Le pétrolier de la flotte fantôme russe arraisonné par la France a repris la mer
information fournie par AFP 03/10/2025 à 13:02

Vue aérienne du pétrolier Boracay au large du port de Saint-Nazaire le 1er octobre 2025 ( AFP / Damien MEYER )

Vue aérienne du pétrolier Boracay au large du port de Saint-Nazaire le 1er octobre 2025 ( AFP / Damien MEYER )

Le pétrolier de la flotte fantôme russe intercepté samedi par la marine française a repris la mer jeudi soir, après plusieurs jours d'enquête dans le cadre d'une "politique d'entrave" voulue par Emmanuel Macron contre ces navires permettant à Moscou de contourner les sanctions occidentales.

Le Boracay a appareillé dans la nuit de jeudi à vendredi et faisait route vendredi matin au sud-ouest, selon les sites maritimes spécialisés Marine Traffic et Vesselfinder, s'éloignant de Saint-Nazaire (ouest) où les autorités françaises l'avaient dérouté et contraint au mouillage.

Le navire, qui transportait "une importante cargaison de pétrole" selon la justice française, se dirigeait vers le Canal de Suez, selon les données transmises par son système d'identification automatique (AIS), semblant reprendre sa route initiale qui devait le mener du port russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, à Vadinar, dans le nord-ouest de l'Inde.

Cette ville abrite la deuxième plus grande raffinerie du pays, opérée par le groupe pétrolier Nayara Energy Limited, visé par le 18e paquet de sanctions pris en juillet par l'UE contre Moscou et ses partenaires commerciaux. Nayara Energy Limited est détenu à 49% par le géant russe des hydrocarbures Rosneft.

Le commandant du Boracay et son second, tous deux de nationalité chinoise, étaient revenus à bord quelques heures plus tôt, "ramenés sur leur navire à l'issue de la garde à vue", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Les autorités judiciaires françaises ont indiqué jeudi que le capitaine était convoqué en février 2026 à Brest (ouest) pour être jugé pour "refus d'obtempérer". Son second n'est pas poursuivi.

Navire sous sanctions européennes, le Boracay avait été arraisonné par des commandos marine français samedi en raison "des incohérences présentées par le pétrolier quant à sa nationalité" et son "absence de pavillon", selon le procureur de Brest.

- "Actions communes" -

Cette opération témoigne de la volonté de Paris "d'accroître la pression sur la flotte fantôme parce que ça réduit clairement la capacité de la Russie à financer son effort de guerre" en Ukraine, a fait valoir jeudi Emmanuel Macron à Copenhague, où se tenait un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement européens.

Vue aérienne du pétrolier Boracay au large du port de Saint-Nazaire le 1er octobre 2025 ( AFP / Damien MEYER )

Vue aérienne du pétrolier Boracay au large du port de Saint-Nazaire le 1er octobre 2025 ( AFP / Damien MEYER )

D'après le président français, le commerce pétrolier imputé à cette flotte représente "plus de 30 milliards d'euros" pour le budget de la Russie, et permet de financer "30 à 40% de son effort de guerre" contre l'Ukraine.

Le chef de l'Etat français a annoncé une réunion "dans les prochains jours" des chefs d'état-major, "en coordination avec l'OTAN, dans le cadre de la Coalition des volontaires" des pays prêts à apporter des garanties de sécurité à l'Ukraine, pour "bâtir des actions communes".

Cette flotte est composée de plusieurs centaines de navires clandestins qui permettent à Moscou d'exporter son pétrole, principale source de revenus du Kremlin.

Le mode opératoire opaque de ces bateaux (changement fréquent de pavillons, propriétaires installés dans des paradis fiscaux, transpondeurs souvent éteints...) les rend difficiles à repérer et à relier à Moscou.

Quelque 444 navires font l'objet de sanctions de l'Union européenne.

"Chaque jour, entre 10 et 15 bateaux de la flotte fantôme passent au large de Brest", a confié à l'AFP une source militaire.

- "Piraterie" -

Pour le président russe Vladimir Poutine, l'arraisonnement du Boracay relève de la "piraterie".

"Le pétrolier a été arraisonné dans les eaux neutres, sans aucun fondement. Visiblement, ils cherchaient quelque chose, des marchandises militaires, des drones, ou des choses comme ça. Mais il n'y a rien de ça là-bas", a-t-il déclaré depuis Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, tout en disant qu'il ne "sait pas dans quelle mesure il est lié à la Russie".

Pétrolier de 244 mètres de long construit en 2007, le Boracay est connu sous plusieurs noms, dont celui de Pushpa, et a été précédemment immatriculé sous sept pavillons différents (Djibouti, Gabon, Hong Kong, Saint-Kitts-et-Nevis, Liberia, îles Marshall, Mongolie), selon le site www.opensanctions.org.

Le doute plane par ailleurs sur son éventuelle implication dans des survols de drones qui ont perturbé fin septembre le trafic aérien au Danemark, pays au large duquel il croisait au moment des faits.

Emmanuel Macron a toutefois appelé à rester "très prudent" concernant un rôle du bateau dans ces survols et l'enquête ouverte en France ne portait pas sur ce dossier.

7 commentaires

  • 12:59

    La France va payer 500 000 (5 x 100 000) euros de dédommagement à la compagnie qui affrète le navire, cet arraisonnement s'étant effectué dans les eaux internationales et dont le bateau ne menaçait quiconque. Comment peut-on tolérer les agissements de cet usurpateur à la tête de l'état


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