
( AFP / HENRY NICHOLLS )
La croissance britannique a freiné au troisième trimestre, s'affichant à peine au dessus de zéro entre juillet et septembre, connaissant un ralentissement plus marqué qu'attendu par les économistes, au grand dam du gouvernement travailliste et de ses ambitions de relancer l'économie.
Le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a progressé de 0,1% au troisième trimestre, après une hausse de 0,5% les trois mois précédents, selon une première estimation publiée vendredi par l'Office national des statistiques (ONS).
"L'amélioration de la croissance économique est au coeur de tout ce que je cherche à réaliser, c’est pourquoi je ne suis pas satisfaite de ces chiffres", a immédiatement réagi la ministre des Finances Rachel Reeves dans un communiqué.
Après un premier budget, présenté fin octobre, fait de hausses d'impôts colossales et d'emprunts exceptionnels, le gouvernement travailliste élu en juillet a fait de la relance de la croissance sa priorité.
"Dans mon budget, j’ai fait des choix difficiles pour rétablir les fondations (de l'économie) et stabiliser nos finances publiques. Nous allons maintenant assurer la croissance par l'investissement et les réformes", a assuré Mme Reeves.
Jeudi soir, la ministre a notamment annoncé des réformes pour favoriser la prise de risques dans les services financiers au Royaume-Uni, jugeant que la réglementation post-crise financière "est allée trop loin" et bride la croissance, appelant aussi à "réinitialiser" la relation avec l'Union européenne, premier partenaire commercial des Britanniques.
- "Mégafonds" de pension -
Parmi ces annonces, lors d'un discours très attendu par les milieux financiers, figure le projet de créer des "mégafonds" de pension, en regroupant notamment des petites caisses locales, avec l'espoir de dégager 80 milliards de livres (96 milliards d'euros) d'investissements supplémentaires pour l'économie.
Le gouvernement compte compte aussi sur la création d'un "fonds souverain national", déjà annoncée, qui sera doté au total de 27,8 milliards de livres (33,3 milliards d'euros).
Mais les mesures du budget, qui augmente notamment les cotisations patronales, "pourraient peser sur le moral des entreprises (...) avant que les mesures de relance ne se fassent sentir" sur l'activité économique, estime Sanjay Raja, analyste de la Deutsche Bank.
L'économiste dit envisager "une légère reprise de la croissance vers la fin de l’année" et "une dynamique positive en 2025", mais des risques se profilent selon lui, notamment "avec le spectre d’une guerre commerciale" suite à l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Au cours du troisième trimestre, l'activité économique n'a que "légèrement progressé (...), poursuivant le récent ralentissement de la croissance" constaté dans le pays, a résumé sur le réseau social X Liz McKeown, directrice des statistiques économiques de l'ONS.
- "Moins dynamique" -
Si le commerce de détail et les constructions neuves ont tiré l'économie, les télécommunications et le commerce de gros ont au contraire plombé la croissance entre juillet et septembre, a précisé l'institut statistique.
Le PIB britannique avait rebondi en début d'année après une courte récession au deuxième semestre 2023, mais la croissance a eu tendance à ralentir ces derniers mois. Pour le seul mois de septembre, le PIB a même reculé de 0,1%, selon les dernières données publiées vendredi par l'ONS.
"Il est clair que l’économie est un peu moins dynamique que nous le pensions", a commenté Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics, expliquant être désormais "un peu plus préoccupée par la faiblesse sous-jacente" du Royaume-Uni.
"Mais nous doutons que l’économie soit à nouveau au bord du précipice", a-t-elle tempéré, disant s'attendre "à ce que la croissance du PIB reprenne au cours des prochains trimestres", dopée notamment par les dépenses financées par la dette dans le budget du gouvernement.
L'organisme public de prévision budgétaire OBR a de fait amélioré fin octobre ses prévisions de croissance de l'activité économique britannique pour les deux années à venir, prévoyant une hausse de 1,1% du PIB cette année et de 2% l'an prochain - mais il les a légèrement révisées en baisse au delà.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait, quelques jours plus tôt, lui aussi revu à la hausse sa prévision de croissance pour le pays cette année, également à 1,1%.
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