Enfin une bonne nouvelle pour l'économie allemande: l'année a commencé avec une croissance plus forte qu'attendu, après deux cycles de récession, en raison d'un effet d'anticipation des droits de douane américains, même si les perspectives restent fragiles.

( AFP / CHRISTOF STACHE )
Entre janvier et mars, le PIB allemand a progressé de 0,4% par rapport au dernier trimestre 2024, contre une première estimation à 0,2%, selon l'office national des statistiques (Destatis).
La cause de ce rebond inattendu de la première économie européenne s'appelle Donald Trump, grâce aux "effets d'entraînement du conflit commercial avec les États-Unis", selon Destatis.
En clair : les consommateurs ont précipité leurs achats avant une augmentation des prix liée au relèvement massif de droits de douane annoncé par le président américain. La production industrielle et les exportations allemandes, piliers de l'économie nationale, ont bondi en mars.
Selon les données de Destatis, ce sont surtout les exportations de biens et de services vers l'étranger (+3,2%) qui ont tiré cette croissance, en particulier les ventes de biens pharmaceutiques et de véhicules, deux productions "made in Germany" massivement exportées vers le marché américain.
- Embellie isolée -
C'est la meilleure performance trimestrielle de l'économie allemande depuis le troisième trimestre 2022. En glissement annuel, par rapport au premier trimestre 2024, l'activité reste cependant en recul de 0,2 %.
Et les perspectives de croissance pour le reste de l'année sont moroses, selon les experts.
"Les résultats du premier trimestre ne seront qu'un épisode positif isolé", prédit Carsten Brzeski, analyste chez ING.
Les mesures protectionnistes du locataire de la Maison Blanche devraient coûter cher à l'Allemagne, dont les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial.
Bruxelles est en pleines négociations avec Washington pour obtenir la levée des surtaxes douanières. Elles atteignent pour l'instant 25% sur les automobiles, l'aluminium et l'acier, ainsi que 10% sur l'ensemble des autres produits.
L'Allemagne a enchaîné deux années de récession, en raison notamment de la hausse des coûts de l'énergie consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La guerre commerciale américaine menace le pays d'un nouveau choc d'ampleur. Selon l'institut économique Ifo, elle entraînera une contraction du PIB pendant l'été.
Sur l'ensemble de l'année 2025, l'économie allemande devrait connaître une stagnation, selon le gouvernement allemand et le FMI qui ont récemment abaissé leurs prévisions.
"L'économie allemande n'est pas encore sortie de sa phase de faiblesse persistante", prévient Andreas Bley, économiste en chef de la Fédération des banques populaires allemandes (BVR).
"Le ralentissement économique se poursuivra au printemps et en été. Ce n'est qu'à la fin de l'année que l'activité économique devrait reprendre", prévoit l'expert.
- Redevenir locomotive -
La crise de l'industrie allemande, entre prix de l'énergie élevés et perte de terrain face aux concurrents chinois, est un défi majeur pour le nouveau gouvernement du conservateur Friedrich Merz, entré en fonction au début du mois.
Pour la ministre de l'Economie, Katherina Reiche, "c'est la crise économique la plus grave que la République fédérale d'Allemagne ait connue dans son histoire".
M. Merz compte sur un effort budgétaire conséquent avec une enveloppe de plusieurs centaines de milliards d'euros programmée pour relancer la croissance, moderniser la défense et les infrastructures du pays.
Il a pour cela brisé un tabou en assouplissant les règles nationales strictes encadrant les déficits publics.
Le pays "peut redevenir une locomotive économique que le monde admire", a-t-il assuré lors de son discours de politique générale la semaine dernière.
Ce programme financier voté cet hiver laisse entrevoir un retour de la croissance en 2026 à hauteur d'1%, selon le Comité des Sages économiques allemands.
Mais pour Carsten Brzeski, ces mesures à elles seules "aussi impressionnantes soient-elles, ne feront pas grand-chose pour améliorer la compétitivité de l'économie à long terme".
"Les infrastructures modernes sont essentielles pour l'une des plus grandes économies du monde, mais elles ne stimulent pas intrinsèquement l'innovation, la transformation du secteur ou de nouvelles opportunités de croissance", analyse-t-il.
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