Décompte des voix lors de la présidentielle en Irlande, le 25 octobre 2025 à Dublin ( AFP / Paul Faith )
La candidate indépendante de gauche Catherine Connolly est donnée gagnante de l'élection présidentielle en Irlande, son unique rivale et membre d'un parti centriste ayant reconnu sa défaite samedi après-midi.
D'après le comptage toujours en cours des suffrages, Catherine Connolly, 68 ans, pourrait remporter une victoire écrasante à l'issue de ce scrutin qui s'est déroulé vendredi.
"Catherine sera une présidente pour nous tous et elle sera ma présidente", a annoncé à la télévision la candidate du parti centriste Fine Gael, Heather Humphreys, concédant sa défaite.
Cette élection à un poste essentiellement honorifique est cependant ternie par une faible participation et une quantité record de bulletins de vote nuls, dont certains portant les mots "pas de démocratie" ou des messages anti-immigration.
À l'instar du Royaume-Uni voisin, l'Irlande connaît en effet un débat de plus en plus conflictuel sur l'afflux de demandeurs d'asile, avec des manifestations parfois violentes.
Selon le journal The Irish Times, de nombreux bureaux de vote ont fait état d'une participation inférieure à 40%, avec potentiellement plus d'un électeur sur huit qui ont glissé un bulletin nul dans l'urne.
Des personnalités conservatrices appelé à l'abstention, notamment en signe de protestation contre le fait que seuls deux candidats s'affrontaient, et ce pour la première fois depuis 1990.
La candidate des conservateurs, Maria Steen, n'avait pas réuni suffisamment de soutiens parmi les parlementaires pour pouvoir se présenter.
- "Elle parle au nom des personnes ordinaires" -
"Je me réjouis de travailler avec la nouvelle présidente (...) à un moment où l'Irlande continue de jouer un rôle important sur la scène internationale", a assuré le Premier ministre Michael Martin, à la tête du Fianna Fail, le principal parti de la coalition gouvernementale (centre droit).
"Je lui souhaite tout le succès possible", avait auparavant clamé Simon Harris, le vice-Premier ministre, membre quant à lui du Fine Gael.
Catherine Connolly "parle au nom des personnes ordinaires", a estimé auprès de l'AFP Una Corcoran, 62 ans, à Galway, sa ville natale dans l'ouest de l'Irlande.
"Dans l'ensemble, je trouve qu'elle est très intègre. Elle n'a pas peur d'être impopulaire. Et c'est une oratrice très douée et assurée. Je pense qu'elle réussira", a commenté Oisin Woods, un employé du secteur des technologies âgé de 35 ans qui a également voté pour elle.
Après la publication des résultats définitifs, prévue pour samedi soir, Catherine Connolly devrait donc succéder à Michael Higgins, 84 ans, qui a enchaîné deux mandats de sept ans depuis 2011.
- Risques de tensions -
Cette ex-avocate connue pour son franc-parler, députée depuis 2016, est soutenue par les principaux partis d'opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
Militant pour la réunification de l'île d'Irlande, elle est critique des Etats-Unis et de l'Union européenne, dont son pays de 5,2 millions d'habitants est devenu membre en 1973.
Opposée à une augmentation des dépenses de défense, elle est en faveur du maintien de la tradition de neutralité de l'Irlande, qui a un programme de partenariat avec l'Otan mais n'en fait pas partie.
En septembre, Catherine Connolly a toutefois réitéré sa condamnation de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Je n'ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c'est qu'un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer tous les abus de pouvoir – de la Russie et aussi de l'Amérique", a-t-elle ajouté.
Cette femme charismatique et sportive de 68 ans, qui parle couramment le gaélique, a par ailleurs condamné "le génocide" dans la bande de Gaza.
Des commentateurs prédisent que ses positions tranchées sur la politique étrangère, la défense mais aussi le logement pourraient provoquer des tensions avec le gouvernement que dominent les deux grands partis de centre droit que sont le Fianna Fail et le Fine Gael.
La manière dont Catherine Connolly "gère les relations avec un gouvernement dont elle estime clairement qu'il poursuit de mauvaises politiques crée désormais une nouvelle incertitude – et possiblement un conflit – dans la politique irlandaise", a ainsi écrit l'Irish Times.

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