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La BCE est confrontée aux incertitudes des droits de douane
information fournie par Reuters 21/07/2025 à 11:28

Après huit baisses consécutives de ses taux d'intérêt, la Banque centrale européenne (BCE) devrait opter pour le statu quo jeudi et laisser ses taux inchangés alors que les Etats-Unis pourraient finalement instaurer des droits de douane plus élevés qu'anticipé sur les importations européennes outre-Atlantique.

"Toute l'attention se porte sur le mois de septembre", a résumé Anatoli Annenkov, économiste chez Société Générale.

Voici cinq enjeux clés pour les marchés :

1/ LA BCE DEVRAIT OPTER POUR LE STATU QUO

La BCE devrait maintenir ses taux inchangés jeudi, avec son principal taux directeur à 2%, alors que les données n'ont guère changé les perspectives depuis la réunion des responsables de politique monétaire en juin.

Surtout, le flou subsiste sur les droits de douane finaux qui seront appliqués aux importations européennes aux Etats-Unis alors que la date butoir du 1er août approche et que l'administration Trump met la pression sur l'Union européenne (UE).

"La BCE préférera attendre et voir si quelque chose la pousse à sortir de l'équilibre dans lequel elle se trouve", a estimé Salomon Fiedler, économiste chez Berenberg.

2/ LA BCE NE DEVRAIT PAS RÉAGIR AUX MENACES DOUANIÈRES

Les décideurs politiques ne voudront pas donner l'impression de réagir à une menace venant de l'autre côté de l'Atlantique et de nouvelles prévisions ne sont pas attendues au cours de la semaine.

Pour autant, la BCE devrait réévaluer ses scénarios, ont déclaré des sources à Reuters, car le niveau de droits de douane de 30% évoqué par Donald Trump est plus important que les 20% anticipés dans le pire des cas par l'institution.

"Il y a une incertitude considérable quant aux conséquences des droits de douane sur la croissance et l'inflation en Europe", a déclaré Mohit Kumar, économiste en chef de Jefferies pour l'Europe, expliquant s'attendre "à un ton attentiste" de la part de la présidente de la BCE, Christine Lagarde.

3/ VERS UNE NOUVELLE BAISSE DES TAUX ENTRE SEPTEMBRE ET DÉCEMBRE

Le niveau des droits de douane américains n'étant pas encore connu, les opérateurs s'attendent à une nouvelle baisse des taux.

Si les marchés semblent juger impossible une baisse des taux cette semaine, ils misent encore sur un recul après juillet, avec une probabilité d'environ 50% entre septembre et décembre.

Selon Mohit Kumar, des droits de douane moyens de 10% à 15% n'obligeraient pas la BCE à réduire ses taux plus d'une fois, mais un taux de 30% réduirait la croissance de la zone euro d'environ 0,5% l'année prochaine et nécessiterait une réduction supplémentaire.

Pour, Gilles Moec, économiste en chef d'AXA, les marchés sont trop optimistes sur le plan commercial et sous-estiment les perspectives d'une nouvelle réduction des taux de la BCE.

"Le scénario de base est que nous nous retrouvions avec des droits de douane assez élevés, probablement pas de 30%, mais tout de même élevés, et que nous soyons confrontés à une plus grande pression déflationniste de la part de la Chine", a déclaré l'économiste, qui s'attend à deux baisses de taux cette année.

4/ MENACES DÉSINFLATIONNISTES

La question n'est pas de savoir si la désinflation inquiète, mais dans quelle mesure puisque les responsables de politique monétaire ont abaissé les taux en juin face à des perspectives d'inflation de 1,4% début 2026, en dessous de l'objectif de 2% de la BCE.

D'autant que la Banque centrale a déjà estimé qu'un droit de douane de 20%, et les représailles de l'UE qui iraient avec, feraient plonger l'inflation en dessous de 2% en 2027, au lieu d'atteindre l'objectif fixé, comme la banque le prévoit actuellement. La perspective de voir la Chine déverser des produits à prix réduits sur l'UE pourrait accentuer la désinflation.

Au contraire, les mesures de relances budgétaires massives prises par l'Allemagne pourraient soutenir la hausse des prix.

Dans ce contexte, les responsables de politique monétaire se divisent, entre les colombes, comme l'Italien Fabio Panetta, qui estiment que la BCE devrait continuer à assouplir sa politique monétaire si les tensions commerciales renforcent la désinflation, et les faucons, comme Isabel Schnabel, qui croient plutôt qu'il faut laisser les taux inchangés.

5/ L'EURO FORT INQUIÈTE

L'appréciation de l'euro par rapport au dollar inquiète alors qu'une monnaie unique forte pèse sur la croissance et l'inflation et qu'elle a bondi de 17% entre février et début juillet pour arriver autour des 1,18 dollar l'euro, au plus haut depuis 2021.

Si l'euro s'est depuis légèrement replié et évolue aux alentours des 1,16 dollar, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a identifié le seuil de 1,20 dollar l'euro comme point sensible.

Les avis divergent toutefois sur les prévisions, les analystes planchant sur un euro valant 1,20 dollar dans un an contre 1,13 dollar pour la BCE.

Morgan Stanley prévoit de son côté une remontée à 1,25 dollar d'ici 2027 et s'attend à ce que cela réduise l'inflation de 0,3 point de pourcentage à 1,7%, empêchant ainsi la BCE d'atteindre son objectif d'inflation.

"Nous accordons presque trop d'attention aux tarifs douaniers eux-mêmes plutôt qu'aux taux de change", prévient Gilles Moec.

(Rédigé par Yoruk Bahceli et Stefano Rebaudo ; version française Bertrand De Meyer, édité par Kate Entringer)

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