par Kate Abnett
Les ministres des pays de l'Union européenne en charge des questions climatiques devraient confirmer jeudi que le bloc communautaire n'est pas en mesure de communiquer son nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme réclamé par les Nations unies, alors que des divergences subsistent parmi les gouvernements européens.
Ce report pourrait nuire au rôle de chef de file de l'UE sur le climat, en amont d'un sommet dédié de l'Onu la semaine prochaine lors duquel les dirigeants mondiaux devraient présenter de nouveaux objectifs de lutte contre le changement climatique.
Il est attendu que les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre, dont la Chine, respectent cette date butoir.
Les Nations unies ont demandé aux pays de soumettre leurs objectifs mis à jour à l'occasion de l'Assemblée générale, avec la volonté de relancer un élan mondial qui a pris du plomb dans l'aile depuis le retour au pouvoir de Donald Trump à Washington.
Le président américain est revenu sur les engagements climatiques des Etats-Unis, tandis que d'autres gouvernements à travers le monde peinent à trouver un équilibre entre protection de l'environnement et défis économiques et géopolitiques.
Alors que les pays de l'UE avaient initialement prévu de convenir ce mois-ci de nouveaux objectifs climatiques pour 2035 et 2040, certains pays - dont l'Allemagne, la France et la Pologne - ont réclamé que des discussions sur l'objectif de 2040 se tiennent lors d'un sommet européen en octobre, avec pour conséquence d'empêcher également tout accord pour 2035.
Comme solution de repli, les ministres de l'UE vont tenter jeudi de parvenir à un "communiqué d'intention" détaillant l'objectif climatique que le bloc entend approuver à terme.
Un haut représentant européen a déclaré que cela ne répondait pas à la demande de l'Onu mais que c'était "mieux que rien" dans un premier temps.
"D'AUTRES PAYS POURRAIENT S'EN SERVIR COMME EXCUSE"
Selon un projet de communiqué, que Reuters a pu consulter par le passé, l'UE va s'accorder sur un objectif compris entre 66,3% et 72,5% de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2035 par rapport aux niveaux pré-industriels.
Le document stipule également que le bloc entend toujours soumettre son objectif définitif pour 2035 à l'occasion de la COP30 sur le climat en novembre.
Dans le cas contraire, a déclaré Linda Kalcher, directrice générale du think tank Strategic Perspectives, cela pourrait porter un coup aux ambitions de la COP30. "D'autres pays pourraient se servir de l'UE comme excuse pour leur propre inaction", a-t-elle dit.
L'UE prône traditionnellement des objectifs climatiques ambitieux, citant ses propres réglementations environnementales pour prouver qu'elle montre l'exemple.
Mais les préoccupations croissantes à propos du coût des mesures "vertes" et les pressions pour renforcer les dépenses de défense et industrielles ont poussé certains membres du bloc à traîner les pieds.
Un différend demeure à propos de l'objectif climatique pour 2040, que la Commission européenne a proposé de fixer à 90% de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre.
Prague a ainsi exprimé son opposition. "Nous rejetons clairement l'objectif de 90%, tout simplement parce que nous ne voyons pas de chemin technologique pour y parvenir", a déclaré mercredi le ministre tchèque de l'Environnement, Petr Hladik.
La République tchèque et d'autres pays, dont l'Italie, réclament également que les normes climatiques actuelles de l'UE soient assouplies, notamment l'interdiction de vente de véhicules neufs à essence à compter de 2035.
A l'inverse, d'autres pays - Espagne et Danemark, entre autres - sont favorables à des mesures climatiques plus fortes, citant les vagues de canicule et les multiples feux de forêt qui frappent l'Europe chaque été.
(Kate Abnett, avec la contribution de Jan Lopatka; version française Jean Terzian)
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