Décompte des voix lors de la présidentielle en Irlande, le 25 octobre 2025 à Dublin ( AFP / Paul Faith )
La candidate indépendante de gauche Catherine Connolly est donnée gagnante de l'élection présidentielle en Irlande, son unique rivale et membre du parti centriste Fine Gael ayant reconnu samedi après-midi sa défaite.
D'après les premiers dépouillements des bulletins de vote, Catherine Connolly, 68 ans, pourrait remporter une victoire écrasante.
Cette élection à ce poste essentiellement honorifique est cependant entachée par une faible participation et par des critiques, provenant principalement des conservateurs ne se sentant pas représentés par un candidat. Selon les premiers comptages, il y a un nombre record de bulletins nuls.
"Catherine sera une présidente pour nous tous et elle sera ma présidente", a déclaré sur la télévision publique RTE Heather Humphreys, concédant ainsi sa défaite.
Mme Connolly a également été félicitée par Simon Harris, le vice-Premier ministre irlandais, lui aussi du Fine Gael, un pilier de la coalition au pouvoir. "Je lui souhaite tout le succès possible. Son succès sera celui de l'Irlande", a-t-il déclaré sur X.
Quelque 3,6 millions d'électeurs étaient appelés à voter vendredi, pour désigner le successeur de Michael Higgins, 84 ans, après deux mandats depuis 2011.
Pour la première fois depuis 1990, seuls deux candidats, deux femmes, briguaient la présidence irlandaise : Catherine Connolly, une députée indépendante soutenue par les partis d'opposition de gauche, et Heather Humphreys.
Dès samedi matin, Catherine Connolly s'est félicitée des premiers résultats. "Je suis absolument ravie", a-t-elle dit, remerciant tous ses soutiens.
- "Abus de pouvoir" -
Cette ex-avocate, connue pour son franc-parler, est soutenue par les principaux partis d'opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
Opposée à une augmentation des dépenses de défense, elle soutient la tradition de neutralité militaire de l'Irlande, qui a un programme de partenariat avec l'Otan mais n'en est pas membre.
En septembre, elle a redit condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Je n'ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c'est qu'un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer l'abus de pouvoir par quiconque – par la Russie et aussi par l'Amérique", a-t-elle ajouté.
Catherine Connolly, qui parle couramment le gaélique, a affirmé pendant la campagne vouloir être "une présidente pour tous les citoyens, en particulier pour ceux qui sont souvent exclus et réduits au silence".
Si elle s'est récemment dite pro-européenne, elle avait tenu des propos ambigus en 2016, après le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni.
L'Irlande, un pays de 5,2 millions d'habitants, est devenu membre de l'Union européenne en 1973.
Catherine Connolly est par ailleurs une voix propalestinienne de premier plan au Parlement irlandais, où elle siège depuis 2016.
Ses positions tranchées sur des sujets tels que la politique étrangère, le logement, les droits des travailleurs et la limitation des dépenses de défense pourraient provoquer des tensions avec le gouvernement, une coalition dominée par les deux grands partis de centre droit, le Fianna Fail et le Fine Gael.
Cette journée d'élection a été "désastreuse" pour ces deux partis, a commenté l'éditorialiste politique Pat Leahy dans le journal Irish Times.
La manière dont Catherine Connolly "gère les relations avec un gouvernement dont elle croit clairement qu'il poursuit de mauvaises politiques crée désormais une nouvelle incertitude – et possiblement un conflit – dans la politique irlandaise", a-t-il écrit.
- Messages anti-immigration -
L'autre candidate, Heather Humphreys, elle aussi sexagénaire, est issue de la minorité protestante d'Irlande.
Elle s'est présentée, tout au long de la campagne, comme une figure de rassemblement mais des commentateurs ont insisté sur son manque de charisme.
Les électeurs pouvaient au départ également voter pour Jim Gavin, du parti centriste Fianna Fail, mais celui-ci a annoncé se retirer de la course il y a quelques semaines.
La candidate des conservateurs, Maria Steen, n'avait quant à elle pas réuni suffisamment de soutiens parmi les parlementaires.
Samedi, un nombre très important de bulletins de vote portaient des messages anti-immigration ou encore les mots "pas de démocratie" ou le nom de Maria Steen. Ils ont été reconnus nuls.
Plusieurs célébrités avaient initialement envisagé de se présenter avant de jeter l'éponge, comme la star des arts martiaux mixtes (MMA) Conor McGregor, le musicien et philanthrope Bob Geldof et le danseur irlando-américain Michael Flatley.

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