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"Je ne suis pas un empoisonneur", clame une dernière fois Frédéric Péchier
information fournie par AFP 15/12/2025 à 18:42

L'ancien anesthésiste Frédéric Pechier arrive au tribunal de Besançon où les plaidoiries finales de la défense vont être présentées, le 15 décembre 2025 dans le Doubs ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

L'ancien anesthésiste Frédéric Pechier arrive au tribunal de Besançon où les plaidoiries finales de la défense vont être présentées, le 15 décembre 2025 dans le Doubs ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

"Je ne suis pas un empoisonneur", a une dernière fois clamé lundi Frédéric Péchier, anesthésiste de Besançon qui encourt la réclusion à perpétuité, avant que la cour d'assises du Doubs ne se retire pour délibérer au terme de trois mois et demi d'un procès éprouvant.

"Ca fait huit ans que je me bats contre le fait qu'on me présente comme un empoisonneur", mais "non, je ne suis pas un empoisonneur", a déclaré le médecin de 53 ans.

Accusé d'avoir empoisonné 30 patients dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017, le quinquagénaire assure avoir "toujours respecté" le serment d'Hippocrate.

La cour devra en décider.

Après 15 semaines d'audience, elle se retire "dans un lieu tenu secret" pour délibérer, a déclaré la présidente Delphine Thibierge en clôture des débats. Le verdict est attendu d'ici à vendredi.

Quant à Frédéric Péchier, qui a comparu libre depuis le 8 septembre, il a quitté le palais de justice escorté par les forces de l'ordre. Il devra "rester à la disposition de la justice" et ne pourra pas quitter le logement qu'il occupe à Besançon, a précisé la magistrate.

La semaine dernière, au terme d'un réquisitoire intense, les deux avocates générales ont requis la réclusion à perpétuité, assortie d'une période de sûreté maximale de 22 ans, à l'encontre de ce "tueur en série" aux crimes "hautement pervers".

- "Fabriquer un coupable" -

Mais pour condamner le médecin, "il faut des preuves", a martelé son avocat, Randall Schwerdorffer. Or, dans ce dossier, "c'est le néant de la preuve", selon lui.

"Je vous demande d'acquitter purement et simplement Frédéric Péchier", a-t-il conclu à l'issue de près de cinq heures de plaidoirie.

Me Schwerdorffer a établi un parallèle entre Frédéric Péchier et Patrick Dils, qui a passé 15 ans en détention pour les meurtres de deux enfants commis en 1986 près de Metz, avant d'être acquitté en appel.

Dans les deux cas, "il fallait que ça aille vite" pour trouver un coupable, a-t-il retracé. Dès le début de l'enquête en mars 2017, les enquêteurs ont été "convaincus de la culpabilité de Frédéric Péchier" et se sont efforcés de la "démontrer".

"Jamais on ne cherchera ailleurs", a-t-il fustigé. "On a fabriqué un coupable" et "toute la communauté médicale" s'est liguée contre lui. Dès lors, son sort était "scellé", selon lui.

Une comparaison "particulièrement malhonnête et déplacée", a jugé Frédéric Berna, avocat de nombreuses parties civiles.

Randall Schwerdorffer, l'avocat de Frédéric Péchier, le 15 décembre 2025 à Besançon ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Randall Schwerdorffer, l'avocat de Frédéric Péchier, le 15 décembre 2025 à Besançon ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

"On ne peut pas comparer Patrick Dils, qui avait 16 ans à l'époque, qui était assez peu lettré, qui était un garçon très fragile, et qui de surcroît a avoué, avec le Dr Péchier, qui est un homme supérieurement intelligent, qui a 45 ans à l'époque et qui n'a jamais rien avoué".

Pour Me Schwerdorffer, "rien d'hallucinant dans la vie" de son client "ne permet de dire qu'il est dingue", alors que pour "tuer à répétition de cette façon là, il faut une telle rage, une telle violence".

- "Coïncidences" -

Mais "quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, il sera toujours critiqué", regrette le pénaliste, et "comme Patrick Dils était devenu +le tueur d'enfants, le monstre+, Frédéric Péchier est devenu +l'empoisonneur, le monstre+".

L'avocat Frédéric Berna, avocats de parties civiles au procès de Frédéric Péchier, le 15 décembre 2025 à Besançon ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

L'avocat Frédéric Berna, avocats de parties civiles au procès de Frédéric Péchier, le 15 décembre 2025 à Besançon ( AFP / ARNAUD FINISTRE )

Certes, "il y a bien un empoisonneur à la clinique Saint-Vincent" mais ce n'est pas Frédéric Péchier, a soutenu la défense, appelant les six jurés populaires et les trois magistrats professionnels à l'"impartialité".

Dans ce dossier, "on a fait avec des coïncidences une règle de preuve, mais ce ne sont que des coïncidences", a estimé Me Schwerdorffer après l'audience.

"On a expliqué aux jurés que les coïncidences n'existaient pas et que le hasard n'existait pas", mais "allez expliquer ça à monsieur Dils - qui s'est trouvé par hasard près du lieu du crime de Francis Heaulme - que le hasard n'existe pas", a-t-il ajouté.

Selon les avocates générales, Frédéric Péchier a pollué des poches de perfusion utilisées pendant les interventions pour déclencher des arrêts cardiaques incompréhensibles pour les soignants.

L'ancien anesthésiste, "l'un des plus grands criminels de l'histoire judiciaire française" selon l'accusation, cherchait ainsi à nuire aux collègues avec qui il était en conflit et "nourrir sa soif de puissance".

1 commentaire

  • 10:38

    Les décès bizarres ont-ils cessé depuis qu'il a arrêté sa "pratique" ?


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