par Humeyra Pamuk, Samia Nakhoul, Alexander Cornwell et Emily Rose
Les dirigeants israéliens ont informé l'administration Trump qu'ils n'avaient pas l'intention d'attendre deux semaines que l'Iran accepte un accord débouchant sur un démantèlement au moins partiel de son programme nucléaire et qu'Israël pourrait agir seul avant l'expiration de ce délai, a-t-on appris de deux sources, alors que l'hypothèse d'une implication militaire des Etats-Unis dans le conflit continue de diviser dans l'entourage du président américain.
Ces deux sources ont dit que les dirigeants israéliens avaient fait part de leur position jeudi à leurs homologues américains lors d'un échange téléphonique présenté comme tendu.
Donald Trump a déclaré jeudi qu'il comptait attendre deux semaines pour décider d'une éventuelle implication militaire des Etats-Unis au côté d'Israël contre l'Iran.
Les dirigeants israéliens ont dit au cours de l'entretien téléphonique qu'ils ne voulaient pas attendre autant, selon les sources qui ont requis l'anonymat.
Côté israélien, participaient à cette conversation le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense, Israël Katz, et le chef d'état-major de l'armée, Eyal Zamir, selon une source sécuritaire.
Les Israéliens considèrent qu'ils disposent d'une fenêtre de tir limitée pour agir contre le site souterrain de Fordow, considéré comme le coeur du programme nucléaire de l'Iran, ont dit les sources. Les Etats-Unis sont le seul pays à disposer des bombes suffisamment puissantes pour atteindre cette installation enfouie dans la montagne, des GBU-57.
Reuters a rapporté samedi que les Etats-Unis avaient entrepris de déplacer des bombardiers B-2, capables de transporter ces bombes, vers l'île de Guam dans le Pacifique.
Selon une source à Washington, Israël a fait savoir à l'administration américaine qu'il jugeait trop long le délai de deux semaines évoqué par Donald Trump et qu'une initiative plus rapide était nécessaire. Cette personne n'a pas précisé si cet argument avait été avancé lors de l'échange téléphonique de jeudi.
JD VANCE REJETTE LES PRESSIONS ISRAÉLIENNES
Lors de cette conversation, le vice-président américain JD Vance a rejeté les pressions israéliennes, affirmant que les Etats-Unis ne devaient pas s'impliquer directement dans le conflit avec l'Iran et que l'Etat hébreu risquait de les entraîner dans une guerre, ont dit les sources.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a aussi participé à la discussion, selon une source sécuritaire. Reuters n'a pas été en mesure d'identifier les autres participants éventuels.
Le Jerusalem Post avait auparavant rapporté qu'un entretien téléphonique entre Américains et Israéliens avait eu lieu jeudi.
La perspective de frappes américaines sur l'Iran a exposé les divisions au sein de la base partisane de Donald Trump, au sein de laquelle certains membres éminents refusent de voir les Etats-Unis s'engager dans un nouveau conflit au Moyen-Orient.
JD Vance, qui a pourtant régulièrement critiqué les guerres en Irak et en Afghanistan, a néanmoins dernièrement défendu le président américain face aux républicains exhortant Donald Trump à tenir les Etats-Unis à l'écart du conflit avec l'Iran.
D'autres, comme le sénateur Lindsey Graham, ont dit leur espoir de voir les Etats-Unis aider Israël à anéantir le programme nucléaire iranien.
Israël accuse l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce que dément Téhéran, qui présente son programme comme purement pacifique.
La Maison blanche a refusé de commenter ces informations.
Les services de Benjamin Netanyahu n'ont pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de Reuters, pas plus que la représentation iranienne auprès des Nations unies.
D'après quatre sources, la probabilité de voir Israël lancer seul une opération militaire contre le site de Fordow a augmenté, d'autant qu'il dispose d'une supériorité aérienne dans le ciel iranien.
Les Israéliens considèrent que la dynamique leur est favorable et que le temps est compté au regard du coût de la guerre, a dit une source.
"Je ne les vois pas attendre beaucoup plus longtemps", a dit cette source.
(Reportage Humeyra Pamuk, Samia Nakhoul, Alexander Cornwell et Emily Rose, avec Matt Spetalnick et Steve Holland à Washington et Maayan Lubell à Jérusalem, rédigé par Don Durfee, version française Bertrand Boucey)
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