
Des camions chargés d'aide humanitaire attendent du côté égyptien du poste-frontière de Rafah de pouvoir entre dans la bande de Gaza, le 15 octobre 2025 ( AFP / STR )
Israël s'apprête à autoriser mercredi la réouverture du point de passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza, selon la radio publique, pour permettre l'entrée de centaines de camions d'aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté, après le retour de nouvelles dépouilles d'otages.
Cette mesure, que les autorités israéliennes n'ont pas confirmée, est réclamée à cor et à cri par l'ONU et les grandes ONG alors que la bande de Gaza est en proie à un désastre humanitaire, deux ans après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur Israël.
Fin août, les Nations unies ont déclaré une famine dans plusieurs zones du petit territoire, ce que conteste Israël.
L'accord de cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, entré en vigueur le 10 octobre, prévoyait que le Hamas remette à Israël tous les otages encore détenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures, c'est-à-dire au plus tard à 09h00 GMT lundi.
Mais si le Hamas a bien libéré dans les temps les 20 otages encore vivants, il n'a pour l'instant remis que sept dépouilles sur les 28 retenues à Gaza.

Des véhicules transportant des dépouilles d'otages arrivent à l'institut de médecine légale de Tel-Aviv, le 15 octobre 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )
Une huitième dépouille, rendue mardi soir avec trois autres corps identifiés par leurs familles, n'est pas un otage, a affirmé mercredi l'armée israélienne.
Le Hamas avait déjà rendu une dépouille ne correspondant pas à un otage lors d'un précédente trêve en février, et évoqué à l'époque une "erreur" avant de remettre le bon corps.
Les trois corps rendus mardi sont ceux de Ouriel Baruch, un habitant de Jérusalem enlevé le 7 octobre 2023, à l'âge de 35 ans, lors de l'attaque du Hamas à la fête techno Nova, d'Eitan Levy, un chauffeur de taxi de 53 ans, tué après avoir déposé une amie au kibboutz Beeri le matin de l'attaque, et de Tamir Nimrodi, un soldat de 18 ans capturé dans une base militaire à la frontière de Gaza.
- 600 camions -

Proches d'otages rassemblés sur la place des Otages à Tel-Aviv, le 14 octobre 2025 ( AFP / AHMAD GHARABLI )
Mercredi, la radio-télévision publique KAN a affirmé qu'Israël allait autoriser la réouverture du point de passage de Rafah et que "600 camions d'aide humanitaire" allaient être acheminés dans la journée dans la bande de Gaza "par l'ONU, des organisations internationales agréées, le secteur privé et les pays donateurs".

Des bulldozers se préparent à déblayer les ruines à Gaza-ville, le 14 octobre 2025 ( AFP / - )
Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Israël a permis ces derniers jours l'entrée d'aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine, pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments.
Mardi, accusant le Hamas de retarder la restitution des dépouilles, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure d'extrême droite, avait appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à couper totalement l'aide humanitaire.

Capture d'écran publiée le 13 octobre 2025 par la chaîne Telegram al-Aqsa contrôlée par le Hamas, montrant des combattants du Hamas debout devant des hommes à genoux et aux yeux bandés, dans une rue de la ville de Gaza ( Al-Aqsa TV / - )
Le président américain a aussi exhorté le Hamas à restituer les dépouilles, étape qu'il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan, prévoyant notamment le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire.
- "Collaborateurs" -

Déplacés palestiniens à Gaza-ville, le 14 octobre 2025 ( AFP / - )
Mais mardi, au cinquième jour du cessez-le-feu, le Hamas avait étendu sa présence dans la bande de Gaza en ruines, où des journalistes de l'AFP ont vu leurs forces de sécurité déployées dans plusieurs villes.
Elles y ont mené une campagne de répression, exécutant notamment huit "collaborateurs" présumés d'Israël en pleine rue à Gaza-ville, selon une vidéo diffusée mardi par le Hamas que l'AFP n'a pas pu authentifier.
Après plusieurs jours d'échauffourées, des témoins ont signalé mardi à l'AFP d'"intenses" combats dans l'est de Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya, opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël.
La "Force dissuasive", organe récemment créé au sein de l'appareil sécuritaire du Hamas, "mène une opération" pour "neutraliser des personnes recherchées", a indiqué à l'AFP une source de sécurité palestinienne à Gaza.

La bande de Gaza vue depuis Israël, le 14 octobre 2025 ( AFP / Jalaa MAREY )
Le plan Trump prévoit notamment le retrait progressif, déjà amorcé, de l'armée israélienne, qui garde le contrôle de 53% du territoire palestinien, ainsi qu'"une amnistie" pour "les membres du Hamas qui s'engagent à respecter une coexistence pacifique et qui rendront leurs armes". Pour les autres, le plan prévoit l'exil.
L'attaque du 7 octobre a entraîné, du côté israélien, la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un nouveau bilan établi par l'AFP à partir de données officielles, après l'identification de deux dépouilles d'otages.
Dans la bande de Gaza, la campagne de représailles israélienne a fait 67.913 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.
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