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Intenses affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge, au moins 12 morts
information fournie par AFP 25/07/2025 à 00:50

Des débris jonchent le sol de l'hôpital Phanom Dong Rak, qui a été endommagé après avoir été touché par des tirs d'artillerie cambodgiens, dans la province frontalière thaïlandaise de Surin, le 24 juillet 2025 ( AFP / Lillian SUWANRUMPHA )

Des débris jonchent le sol de l'hôpital Phanom Dong Rak, qui a été endommagé après avoir été touché par des tirs d'artillerie cambodgiens, dans la province frontalière thaïlandaise de Surin, le 24 juillet 2025 ( AFP / Lillian SUWANRUMPHA )

La Thaïlande a mené jeudi des frappes contre des cibles militaires cambodgiennes et Phnom Penh a lancé contre son voisin des tirs d'artillerie et de roquettes, faisant au moins 12 morts selon Bangkok, dans des affrontements frontaliers d'une rare intensité.

Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française, mais des affrontements à ce niveau de violence n'avaient pas secoué la région depuis presque quinze ans.

Le ministère thaïlandais de la Santé a fait état de 12 morts, dont 11 civils, et 35 blessés. Huit civils ont été tués dans la province de Sisaket, où une attaque à la roquette a touché une supérette près d'une station-service.

Des soldats de l'armée thaïlandaise roulent en véhicules blindés sur une route de la province de Chachoengsao, le 24 juillet 2025 ( AFP / Lillian SUWANRUMPHA )

Des soldats de l'armée thaïlandaise roulent en véhicules blindés sur une route de la province de Chachoengsao, le 24 juillet 2025 ( AFP / Lillian SUWANRUMPHA )

"J'ai entendu un grand bruit trois ou quatre fois, et quand j'ai tourné la tête, il y avait un énorme nuage de fumée", a décrit à l'AFP Praphas Intaracheun, un jardinier de 53 ans, qui se trouvait dans une station-service à 300 m de celle ciblée, au moment des faits.

Un enfant de huit ans a aussi perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), selon les autorités.

Des obus ont aussi touché un hôpital d'une trentaine de lits à Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, près de la frontière, provoquant l'effondrement partiel du toit.

Le bâtiment avait été partiellement évacué dans la nuit de mercredi à jeudi par précaution. "On ne sait pas quand les patients pourront revenir en toute sécurité", a déclaré à l'AFP un soldat à l'entrée, souhaitant gardé l'anonymat.

Photo diffusée le 24 juillet 2025 par l'armée thaïlandaise montrant une mare de sang devant une maison du district frontalier de Kap Choeng, attaquée selon Bangkok par des roquettes provenant du Cambodge, dans la province de Surin ( Armée thaïlandaise / HANDOUT )

Photo diffusée le 24 juillet 2025 par l'armée thaïlandaise montrant une mare de sang devant une maison du district frontalier de Kap Choeng, attaquée selon Bangkok par des roquettes provenant du Cambodge, dans la province de Surin ( Armée thaïlandaise / HANDOUT )

Les combats se concentrent autour de six endroits, a indiqué l'armée thaïlandaise, qui a déployé jeudi matin six avions F-16 pour frapper "deux cibles militaires cambodgiennes au sol", a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon.

Le Cambodge n'a communiqué aucun bilan jusque-là. La porte-parole du ministère khmer de la Défense Maly Socheata a refusé de répondre à une question sur d'éventuelles victimes lors d'une conférence de presse.

- "Avide de guerre" -

L'Union européenne et la Chine, pays qui entretient traditionnellement de bonnes relations avec les deux pays, se sont déclarées "profondément préoccupées" par les affrontements et ont appelé au dialogue.

Carte montrant une partie de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, qui se déchirent sur le tracé défini lors de l’Indochine française, et particulièrement des lieux d'affrontements le 28 mai et le 24 juillet 2025  ( AFP / John SAEKI )

Carte montrant une partie de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, qui se déchirent sur le tracé défini lors de l’Indochine française, et particulièrement des lieux d'affrontements le 28 mai et le 24 juillet 2025 ( AFP / John SAEKI )

La France, ancienne puissance coloniale au Cambodge, a également demandé l'arrêt immédiat des combats et l'ouverture de pourparlers. Elle a "fortement déconseillé" les déplacements dans une zone frontalière allant de Phanom Dong Rak à Chong Bok, côté thaïlandais.

Les Etats-Unis ont aussi appelé à une "cessation immédiate des hostilités, la protection des civils et un règlement pacifique".

Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) et s'est entretenu avec les deux pays, a appelé à la "retenue".

Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras-de-fer depuis la mort d'un soldat khmer fin mai, lors d'un échange nocturne de tirs dans une zone contestée surnommée le "Triangle d'émeraude".

Des mesures de représailles, décrétées par les deux camps malgré des appels à l'apaisement, ont déjà affecté l'économie et le sort de nombreux habitants des régions concernées.

Un nouvel échange de coups de feu près de vieux temples disputés, survenu jeudi après 08H00 (01H00 GMT) au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d'Oddar Meanchey (nord-ouest), a remis le feu aux poudres.

Les deux armées se sont mutuellement accusées d'avoir fait feu en premier.

Des soldats cambodgiens préparentdes munitions adans la province de Preah Vihear, le 24 juillet 2025 au Cambodge ( AFP / STR )

Des soldats cambodgiens préparentdes munitions adans la province de Preah Vihear, le 24 juillet 2025 au Cambodge ( AFP / STR )

A la demande du Premier ministre cambodgien Hun Manet, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion en urgence et à huis clos vendredi à 15H00 (19H00 GMT) pour discuter des affrontements meurtriers, ont indiqué des sources diplomatiques à l'AFP.

Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Houngsub a condamné les actions du Cambodge "avide de guerre" en ciblant des civils.

L'ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays "le plus tôt possible".

- "Guerres du passé" -

L'ambasssade du Cambodge à Bangkok, le 24 juillet 2025 en Thaïlande ( AFP / Chanakarn Laosarakham )

L'ambasssade du Cambodge à Bangkok, le 24 juillet 2025 en Thaïlande ( AFP / Chanakarn Laosarakham )

Mercredi, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé de son territoire l'ambassadeur cambodgien, après qu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.

Une enquête de l'armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines à la frontière, selon les autorités thaïlandaises.

Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de "guerres du passé".

L'épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.

1 commentaire

  • 24 juillet 18:42

    Si même des peuples qu'on imaginait pacifiques en viennent la..


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