Entre aménagements sur le temps de travail, réflexions sur la contribution des retraités à la protection sociale, ou encore surtaxe d'impôts sur les sociétés, les propositions lancées dans le débat public sont légion. Le ministre de l'Economie, lui, fait valoir son optimisme quant à un budget 2025 qu'il voit comme un "contre-choc positif".

Eric Lombard, le 22 janvier 2025, à Paris ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Dans un long entretien aux Echos publié mercredi 22 janvier, le ministre de l'Économie Éric Lombard s'est adressé aux entreprises, conseillant de "rester droit dans ses bottes" face aux menaces économiques agitées par Donald Trump. Le locataire de Bercy a confirmé par ailleurs que la surtaxe d'impôt sur les sociétés "ne s'appliquera qu'un an".
Parallèlement, il semble exclure une taxation des retraités pour financer la protection sociale dans les textes budgétaires de cette année, affirmant qu'il n'y aurait "pas de nouveaux impôts sur les ménages". Le ministre note néanmoins que "la répartition des efforts futurs sera un sujet politique essentiel, sur lequel nous serons transparents". "Nous allons renforcer la justice fiscale, à laquelle je tiens beaucoup", assure-t-il. "Je suis pro-entreprises et pragmatique", indique par ailleurs le ministre, alors que l'incertitude politique a nettement pesé sur l'activité de ces dernières depuis juin.
Il confirme que la surtaxe d'impôt sur les sociétés "ne s'appliquera qu'un an", au lieu des deux prévus dans le projet de budget du gouvernement Barnier, et que les suppressions d'allègements de charges devraient être limitées à 1,6 milliard d'euros au lieu de 4 initialement envisagées par Michel Barnier.
Vers sept heures de travail "gratuit" par an ? "La piste est lancée"
Un relèvement du taux de 30% de la "flat tax" sur les revenus du capital "n'est plus d'actualité, ni aujourd'hui ni demain", confirme-t-il. "Nous avons besoin des dividendes, qui rémunèrent ceux qui prennent des risques". De même, il est "réservé" sur la proposition faite au Sénat d'augmenter le "versement mobilité" payé par les entreprises au profit des régions. Eric Lombard demeure évasif sur l'idée de faire travailler les Français sept heures de plus par an, gratuitement. "La piste est lancée, nous attendons la réaction des formations politiques et des partenaires sociaux". Il observe que, "pour préserver notre modèle de protection sociale, il faut d'une manière ou d'une autre, travailler plus".
Face aux menaces de Donald Trump, estime par ailleurs M. Lombard, il est "très important de rester droit dans nos bottes". Il observe toutefois que "dans ce monde de carnivores, les Européens doivent composer avec les nouvelles règles du jeu mondial". Pour lui, "Donald Trump est un 'dealmaker'", un négociateur, qui, "dans la pratique, cherche des compromis". Il invite à "ne pas avoir de complexe d'infériorité" face aux États-Unis. Il dit rester "optimiste (...) parce que c'est quand il y a beaucoup de vents contraires qu'en France, et en Europe, on sait faire bloc et s'adapter".
Villeroy de Galhau appelle à ce que "tout le monde s'y mette"
Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a par ailleurs accueilli favorablement les orientations annoncées par le gouvernement sur les finances publiques. "J'avais eu l'occasion de dire ces dernières semaines qu'il fallait rester aussi proche que possible de 5% (du PIB de déficit public, NDLR) et être en-dessous de 5,5%. Le Premier ministre a annoncé 5,4% avec une prévision de croissance révisée à la baisse de 1,1% à 0,9%. Ce qui a été dit va donc dans la bonne direction: il faut maintenant le faire", a jugé François Villeroy de Galhau, dans une interview au Télégramme, publiée mercredi.
Le gouverneur remarque enfin que l'Etat "représente seulement 36% du total des dépenses publiques, et 12% seulement de leur augmentation l'an dernier". Pour réaliser les 15 à 20 milliards d'économies par an nécessaires, selon lui, dans les prochaines années, après un effort plus massif en 2025 -, il faut que "tout le monde s'y mette". Il a ainsi appelé aussi à "un effort pour freiner l'augmentation des dépenses des collectivités locales et tout autant des prestations sociales".
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