L'idée avait été très mal accueillie par les Européens qui y voyaient une façon pour la Turquie d'augmenter ses achats à la Russie alors qu'ils tentaient de limiter les leurs.
Le ministre turc de l'Energie et des Ressources naturelles, Alparslan Bayraktar (droite), en juin 2023 ( AFP / ADEM ALTAN )
Le ministre turc de l'Energie a pour la première fois mis en doute l'intérêt d'une plateforme d'échanges de gaz avec la Russie proposée l'an dernier par Vladimir Poutine au président Recep Tayyip Erdogan.
"Tout le monde semble ignorer qu'on a déjà un site d'échanges de gaz et d'électricité qui fonctionne bien et tous les jours: a-t-on vraiment besoin d'une autre plateforme?", a confié le ministre Alparslan Bayraktar devant quelques journalistes dont celle de l'AFP.
"Nous vendons du gaz à la Bulgarie, à la Hongrie. La Turquie est déjà un pays de transit fiable" pour le gaz, a insisté M. Bayraktar qui s'exprimait jeudi 14 septembre à Ankara.
L'entretien était sous embargo jusqu'à vendredi matin à la demande du ministère.
Le président russe Vladimir Poutine avait proposé l'an dernier en octobre au président turc Erdogan de créer un "hub gazier" pour exporter du gaz vers l’Europe et des pays tiers, en marge d'un sommet régional à Astana, au Kazakhastan.
Le chef de l'Etat turc avait le lendemain assuré que les travaux commenceraient sans tarder pour "un centre de distribution international".
"Il n'y aura pas d'attente à ce sujet", avait-il affirmé en précisant que l'éventuel "hub" pourrait être construit dans la région de la Thrace, dans le nord-ouest de la Turquie frontalier de la Bulgarie et de la Grèce.
L'idée avait été très mal accueillie par les Européens qui y voyaient une façon pour la Turquie d'augmenter ses achats à la Russie alors qu'ils tentaient de limiter les leurs.
"Il n’y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d’importer davantage de gaz russe", avait souligné Paris.
Vladimir Poutine avait ensuite rectifié ses propos en affirmant qu'il songeait d'avantage à une plateforme de commerce électronique qu'à un site physique de stockage de gaz.
Ce que le ministre a paru aussi écarter jeudi.
Selon lui, les choses ont trainé depuis Astana "en raison du séisme (qui a frappé le sud de la Turquie le 6 février) puis des élections: Disons qu'on a fait une pause mais nous sommes en discussions" a-t-il ajouté. La Russie livre déjà la Turquie à travers le gazoduc TurkStream qui traverse la mer Noire.
En Turquie, la nécessaire diversification des approvisionnements
Ankara qui est parvenu depuis février 2022 à maintenir des relations avec Moscou comme avec Kiev espère toujours jouer les médiateurs entre les deux parties.
La Turquie dont les besoins en gaz sont colossaux (et couverts à 90% par des importations) a fait des efforts pour diversifier ses approvisionnements et en "importe de dix pays différents", a rappelé M. Bayraktar, citant notamment l'Algérie et le Qatar et bientôt Israël.
"J'en ai parlé avec le ministre israélien de l'Energie et (le président) Erdogan va s'entretenir avec le Premier ministre israélien".
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