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Henri Proglio, un patron "libre" et tenace qui savoure sa victoire judiciaire
information fournie par Boursorama avec AFP 30/09/2024 à 17:52

Henri Proglio à Paris, le 13 février 2014. ( AFP / PATRICK KOVARIK )

Henri Proglio à Paris, le 13 février 2014. ( AFP / PATRICK KOVARIK )

L'ex-homme fort d'EDF Henri Proglio, relaxé lundi dans son procès pour favoritisme, s'est taillé une réputation de dirigeant pugnace tout au long d'une ascension qui l'a conduit au sommet de Veolia puis du géant nucléaire.

Henri Proglio, aux côtés d'EDF et 11 consultants, avait comparu au printemps pour des soupçons de favoritisme autour de contrats de consultants passés entre 2010 et 2016 pour un total d'environ 36 millions d'euros, notamment quand il dirigeait le groupe électricien (2009-2014), où son bilan fut globalement jugé positif.

"Je suis enfin reconnu innocent de cette espèce de déballage malsain qui m'a sali pendant des années", a déclaré l'ex-patron en sortant de la salle d'audience.

Ce fils de commerçants d'origine italienne, père de deux filles, avait rejoint EDF en novembre 2009, nommé par le président Nicolas Sarkozy, après avoir passé près de 40 ans à la Compagnie générale des eaux, aujourd'hui Veolia, dont il était devenu PDG (2003-2009).

A peine installé à EDF, il avait suscité la polémique en exigeant de conserver la présidence de Veolia, dont les clés étaient alors remises à un de ses lieutenants, Antoine Frérot, qu'il aurait ensuite tenté de déboulonner.

A la même époque, il affirme qu'EDF doit diriger la filière nucléaire et provoque un conflit avec son adversaire, Anne Lauvergeon, patronne de l'autre géant de l'atome, Areva, dont il finit par obtenir l'éviction en 2011.

Interrogé par l'AFP, un ancien cadre de Veolia brosse un portrait mitigé de l'ex-président du géant des services environnementaux. S'il souligne que, "de par sa capacité à être actif sur le terrain politique", il a "beaucoup contribué au début de l'internationalisation du groupe", il évoque aussi une personnalité "difficile", qui a laissé Veolia "assez endetté", sur fond de crise financière.

"Dès que quelque chose lui échappe, (...) il considère que c'est une attaque personnelle", ajoute-t-il.

- "Vilain petit canard" -

Né le 29 juin 1949 de parents vendeurs au marché d'Antibes, cet homme discret au physique sec est passionné par la cuisine italienne, les voitures et Tintin.

Diplômé d'HEC comme son jumeau, il fait son service militaire dans le renseignement et entre comme stagiaire en 1971 à la Générale des eaux, jusqu'à se hisser en 2000 à la tête de la branche environnement de Vivendi, qui deviendra Veolia.

L'homme a alors ses entrées à l'Elysée où Jacques Chirac l'invite régulièrement et l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 n'entame pas sa cote.

L'arrivée de François Hollande au pouvoir, en 2012, a tout de même failli coûter sa place à ce chiraquien de coeur. Mais cet homme de réseaux, habile, s'est aussi forgé des soutiens à gauche. "Je défie quiconque de réussir à me classer politiquement, je suis avant tout un homme d'entreprise", déclarait-il au Monde en 2015.

La même année, son plan de carrière avait déraillé quand il avait dû renoncer à la présidence non exécutive du groupe Thales, dénonçant une "campagne" de Bercy. Le ministre de l'Economie d'alors, Emmanuel Macron, jugeait que ses relations avec le géant nucléaire russe Rosatom pouvaient susciter des "conflits d'intérêt".

"Je suis un homme libre, un patriote. Je travaille pour la France", déclarait-il en mai au Point, en défendant son rôle dans "un comité consultatif" de Rosatom. Son avocat assurait toutefois qu'il y a quitté ses fonctions "courant 2022".

"On dit depuis toujours que je suis un homme de réseaux. Que mes succès professionnels ont une part d'ombre", dénonçait aussi l'ancien patron, qui dit compter parmi ses amis Alexandre Djouhri, homme d'affaires franco-algérien au coeur d'affaires de corruption.

"Quoi que je fasse, on me prend toujours pour le vilain petit canard", lâchait-il encore au Point au moment de publier "L'Etrange débâcle", chronique de la perte de souveraineté énergétique française dans laquelle il réglait ses comptes, juste avant de monter sur le ring judiciaire.

Relaxé, Henri Proglio n'en a toutefois pas terminé avec la justice. Il reste sous le coup d'une enquête sur des soupçons de corruption et d'abus de biens sociaux, en lien avec son activité de consultant au sein de son cabinet créé en 2015, Henri Proglio Consulting. La justice s'interroge également sur l'origine de 300.000 euros en espèces retrouvés dans le coffre d'une banque.

4 commentaires

  • 30 septembre 20:33

    Zut, raté.. mais les juges (débordés quand il s'agit de juger les crimes de sang) trouveront bien du temps pour fouiller autre chose a lui reprocher. Comme pour Sarkozy ou Kohler...


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