
Un électeur vote le 21 septembre 2025 dans un bureau de vote installé dans une école à Conakry en Guinée ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
Quatre ans après la prise de pouvoir par des militaires, les Guinéens ont approuvé à 89% une nouvelle Constitution, selon les résultats provisoires officiels d'un référendum clef visant à la fin de la transition mais qui ouvre la voie à une candidature du chef de la junte à une future élection présidentielle.
Espéré depuis des années par la population et la communauté internationale, ce scrutin a inauguré une séquence électorale cruciale dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et à l'histoire jalonnée de coups d'Etat et marquée par la violence de régimes autoritaires.
Quelque 6,7 millions de Guinéens étaient appelés à voter sur une population d'environ 14,5 millions d'habitants.
Le "oui" à la nouvelle Constitution l'a emporté à 89,38% et le "non" a recueilli 10,62%, selon les résultats provisoires officiels annoncés mardi soir par Ibrahima Kalil Condé, ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation, qui a indiqué un taux de participation à 86,42%.
Le ministre a estimé que le référendum s'était déroulé "dans un climat apaisé et fortement sécurisé".
Il a affirmé l'engagement du gouvernement "à œuvrer pour un processus électoral transparent, crédible et conforme aux principes démocratiques de notre République".
Les résultats définitifs seront annoncés par la Cour suprême, à une date qui n'a pas été précisée.
Accusant la junte de vouloir se maintenir au pouvoir à la faveur de ce référendum, les leaders de l'opposition avaient appelé au boycott, dénonçant une "mascarade électorale" aux résultats "connus d'avance".
Mais malgré cet appel, nombre de Guinéens se sont rendus aux urnes. Les électeurs interrogés par l'AFP ont affirmé en majorité avoir voté pour exprimer leur volonté de sortir de la transition militaire.
Les militaires s'étaient initialement engagés à rendre le pouvoir aux civils avant fin 2024.
Depuis qu'il a renversé le président civil élu Alpha Condé en 2021, le chef de la junte Mamadi Doumbouya, 40 ans, dirige le pays d'une main de fer. La junte a multiplié les restrictions contre les libertés.
- Chape de plomb -
Dimanche, le vote à travers le pays s'est globalement déroulé dans le calme alors que pas moins de 45.000 agents des forces de défense et de sécurité avaient été mobilisés pour sécuriser le vote, ainsi qu'un millier de véhicules légers et blindés et des hélicoptères de combat.

Un gendarme marche au siège de la Direction générale des élections (DGE), le 22 septembre 2025, à Conakry ( AFP / PATRICK MEINHARDT )
La campagne pour le "oui" au référendum a été ostentatoire à travers le pays et largement incarnée par Mamadi Doumbouya, à grand renfort d'affiches à son effigie, rassemblements et fanfares.
Celle du "non" avait, elle, été quasi inaudible.
Une chape de plomb s'est abattue en Guinée sur les voix dissidentes depuis l'arrivée des militaires au pouvoir.
Plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, les manifestations - interdites depuis 2022 - sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l'exil. Les disparitions forcées et enlèvements se sont multipliés.
L'organisation du référendum permet à la junte de donner le change aux exigences d'élection de la communauté internationale et des bailleurs. Les autorités souhaitent se "normaliser" et renouer avec les organisations régionales et internationales.
Elles ont donc annoncé des élections présidentielle et législatives pour assurer un retour à l'ordre constitutionnel avant la fin de cette année. Néanmoins, aucune date n'a été donnée.
- "Doutes levés" -
Les électeurs interrogés par l'AFP dimanche étaient partagés entre ceux souhaitant ardemment le retour des civils au pouvoir et d'autres soutenant le chef de la junte et sa potentielle candidature à une future présidentielle.

Des électeurs font la queue devant un bureau de vote, le 21 septembre 2025, à Conakry ( AFP / Sidiki Keita )
Cette Constitution remplace en effet la "Charte de la transition", établie par la junte après le coup d'Etat et qui interdisait notamment à ses membres de se présenter aux élections. Or, cette interdiction ne figure plus dans la nouvelle Constitution, ouvrant la voie à une candidature de Mamadi Doumbouya, chef de l'Etat et chef des armées.
Tout semble indiquer que M. Doumbouya sera candidat, en dépit de sa promesse de ne pas se présenter à une présidentielle.
Interrogé dimanche par l'AFP, le ministre secrétaire général de la présidence guinéenne, le général Amara Camara, a estimé que "cette Constitution est l'émanation profonde des aspirations du peuple de Guinée, elle n'est pas une Constitution écrite par le général Douboumya".
"Beaucoup avait émis des doutes sur l'organisation de ce scrutin et nous les avons levés; nous espérons que nous pourrons également organiser les élections législatives et présidentielle" le moment venu, a-t-il dit.
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