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Guerre, dépendance envers la défense, baisse des recettes : la Russie confrontée au ralentissement de son économie militarisée
information fournie par Boursorama avec Media Services 12/06/2025 à 15:11

Face au recul de la croissance, Vladimir Poutine vante "la souveraineté" retrouvée de l'économie russe et assure que son pays "n'a pas besoin de tels taux de croissance".

Vladimir Poutine à Moscou, en Russie, le 12 juin 2025. ( POOL / SERGEI BOBYLYOV )

Vladimir Poutine à Moscou, en Russie, le 12 juin 2025. ( POOL / SERGEI BOBYLYOV )

La Russie est confrontée ces derniers mois à un ralentissement de son économie -tournée vers l'armement-, après avoir affiché une résilience insolente face aux sanctions occidentales prises en représailles à l'invasion de l'Ukraine. Les autorités cherchent toutefois à afficher leur confiance.

La croissance a ralenti à +1,4% au premier trimestre, son niveau le plus faible depuis début 2023, après une hausse du PIB de 4,1% l'an passé. Celle-ci est désormais attendue entre 1 et 2% en fin d'année, selon la Banque centrale de Russie (BCR). "Il n'est plus possible de tirer l'économie uniquement grâce au complexe militaro-industriel" , observe auprès de l' AFP Natalia Zoubarevitch, une économiste enseignant à la prestigieuse Université d'État de Moscou.

Selon elle, la dépendance accrue envers la production militaire nécessaire pour l'armée engagée en Ukraine, qui avait permis de booster l'activité depuis 2022 (notamment l'industrie manufacturière), montre désormais ses limites. "Tous les autres secteurs, ou presque, affichent une croissance nulle, voire négative dans les industries exportatrices", dit-elle.

Alexandra Prokopenko, ex-conseillère à la BCR vivant désormais à l'étranger, analyse dans une note qu'après trois ans de "militarisation de l'économie", le nouveau modèle russe "s'essouffle, tout simplement". Mais cette tendance, anticipée par les autorités, ne semble pas tracasser le président Vladimir Poutine , qui se félicite en parallèle de la hausse marquée des salaires réels.

Prompt à vanter "la souveraineté" retrouvée de l'économie russe, il avait même assuré fin 2024 que son pays "n'a pas besoin de tels taux de croissance", mais devait plutôt se concentrer à "stabiliser" l'inflation, qui frôle toujours les 10%.

Parmi les explications à ce ralentissement, l'économiste Anton Tabakh cite auprès de l' AFP "les taux d'intérêts élevés" mis en place par la banque centrale pour lutter contre la hausse des prix et qui limite les investissements, mais aussi "la chute des prix du pétrole" . En mai, le brut russe de marque Oural s'est vendu en moyenne à 52 dollars le baril, selon des chiffres officiels, contre 68 dollars en janvier, réduisant ainsi fortement les recettes fédérales issues de la vente des hydrocarbures, qui représentent toujours plus d'un quart des revenus de l'État.

Chute du pétrole, rouble fort, facteur Trump...

Autre facteur important, le renforcement spectaculaire depuis le début de l'année du rouble, dont le taux de change pour 1 dollar est désormais fixé en dessous de 80, une première depuis deux ans. "Le raffermissement du rouble a été alimenté (notamment) par le dégel des relations entre les États-Unis et la Russie, la faiblesse du dollar dans le contexte de la guerre tarifaire" lancée par Donald Trump "et une baisse des importations", analyse Alexandra Prokopenko. Or, un rouble plus fort face au billet vert limite les rentrées budgétaires tirées des exportations.

Dans ce contexte, la réforme fiscale entrée en vigueur au 1er janvier, censée compenser en partie l'explosion des dépenses de Défense, "ne permet de couvrir que le manque à gagner des ventes de pétrole", selon Natalia Zoubarevitch. Ainsi, la Douma, chambre basse du Parlement, a dû approuver mercredi en lecture finale un correctif budgétaire, qui anticipe un déficit annuel trois fois plus haut que prévu, à 1,7% du PIB. Avec des dépenses pour 2025 qui ont explosé de 60% par rapport à l'avant-guerre.

Ces dernières semaines, l'Ukraine a appelé ses alliés à mettre en place de nouvelles sanctions. Volodymyr Zelensky devrait envoyer le même message lors d'un sommet du G7 au Canada qui se tient à partir de dimanche, avec l'idée de "couper les sources de financement (de la Russie) pour la guerre et la contraindre à rechercher la paix".

Dernière proposition en date, l'UE souhaite abaisser de 60 à 45 dollars le seuil du prix de vente du baril de pétrole russe. Le mécanisme actuel, instauré fin 2022, s'est révélé globalement inefficace.

Mais l'attitude du président américain Donald Trump reste une grande inconnue pour Moscou et son économie, selon les observateurs. Il s'est rapproché de Vladimir Poutine, et a semblé bouder les demandes ukrainiennes de nouvelles sanctions. Sans toutefois y fermer définitivement la porte.

Certains sénateurs américains poussent encore pour des restrictions plus dures, un lobby peu apprécié à Moscou qui les a qualifiés de "têtes brûlées" dépourvues "de bon sens" . Mais, selon Natalia Zoubarevitch, la Russie peut, en l'état, financer "encore longtemps" son assaut contre l'Ukraine sans mettre son économie en péril.

11 commentaires

  • 12 juin 19:28

    La véritable nature de la Russie : Au début du XXe siècle, en 1903, l’empereur russe Nicolas II adopta une loi sur la confiscation des biens de l’Église arménienne et la fermeture des écoles arménienne (+2000 établissements scolaires)

    Cela provoqua une telle vague de protestation et de rébellion, stimulant involontairement la formation du nationalisme arménien, que l’empereur fut contraint d’abroger cette loi en 1905.


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