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Guerre commerciale : Pékin a les moyens de faire trembler la planète finance
information fournie par Boursorama 10/04/2018 à 18:57

Dans le bras de fer commercial qui l’oppose aux Etats-Unis, la Chine possède ses propres armes de dissuasion pour tempérer la véhémence protectionniste des Etats-Unis

Dans le bras de fer commercial qui l’oppose aux Etats-Unis, la Chine possède ses propres armes de dissuasion pour tempérer la véhémence protectionniste des Etats-Unis

Dans le bras de fer commercial qui l’oppose aux Etats-Unis, la Chine possède ses propres armes de dissuasion pour tempérer la véhémence protectionniste des Etats-Unis. Selon l'agence Bloomberg, l'option d’une dévaluation du yuan permettant de renforcer la compétitivité-prix des entreprises chinoises est étudiée en ce moment par les autorités.  Autre possibilité qui pourrait mettre à genoux l’économie américaine, cesser d’acheter des obligations du trésor américain ce qui revient à renchérir le cout du financement du déficit américain. Deux armes à double tranchant, qui pourraient porter un coup de poignard au cœur de l’économie américaine mais aussi se retourner contre l’empire du Milieu.

Crainte d’une escalade du conflit commercial sino-américain

Pour rappel, le 22 mars dernier, l'administration Trump a frappé fort en annonçant que les Etats-Unis allaient imposer de nouvelles taxes sur quelque 60 milliards d'importations chinoises en guise rétorsion au "vol de propriété intellectuelle" dont il accuse la Chine. La riposte de Pékin ne s’est pas fait attendre avec la mise en place de mesures punitives contre 128 produits américains pour un montant équivalent de 50 milliards de dollars.

Dans la foulée, les Etats-Unis ont publié une liste provisoire de produits importés susceptibles d'être soumis à de nouveaux droits de douane. Cette liste cible des produits de différents secteurs dont l'aéronautique, les technologies de l'information ou encore la robotique. Depuis, Pékin a répliqué avec sa propre liste visant des importations du même montant annuel soit 50 milliards de dollars et a déposé une plainte auprès de l'OMC pour contester ces mesures. Mais outre la surenchère de taxe sur les droits de douane, Pékin détient d’autres moyens de pression… qui pourrait se retourner contre lui.

L’arme de la dévaluation compétitive

Si Trump persiste à vouloir augmenter les taxes sur les importations chinoises, la Chine pourrait décider de faire baisser sa monnaie pour regagner en compétitivité. Aucune décision n'est encore prise.  Et d’ailleurs depuis le début de l’année, le yuan chinois s'est apprécié de près de 4% face au dollar. Il n’en reste pas moins que Pékin est dans le collimateur des Etats-Unis depuis longtemps et qu’une dévaluation serait perçue comme une déclaration de guerre, qui entraînerait des rétorsions américaines au moment où le Trésor américain s'apprête à publier son rapport sur les pays qui manipulent leur devise pour la rendre plus compétitive.

Quoi qu’il en soit, en brandissant la menace d'une dévaluation de sa monnaie, Pékin abandonne implicitement le chantage d'une vente des obligations d'Etat américaines (Tbonds) selon certains observateurs. En effet, pour faire baisser la devise chinoise, la banque centrale de Chine doit vendre du yuan pour acheter du dollar. De ce fait, elle serait contrainte d’accroitre ses achats d’obligations américaines, ce qui aurait pour effet de baisser le rendement des obligations.

Dégainer l’arme nucléaire en cessant de financer le déficit des Etats-Unis

Si la Chine décide à l’inverse de ralentir ses achats de bons du Trésor, elle provoquerait un effondrement des cours des bons du Trésor et donc une hausse des taux d’intérêt que les Etats-Unis devraient proposer aux investisseurs. En effet, avec l’équivalent de 1 500 milliards de dollars en bons publics, la Chine est un des premiers pays détenteurs de bons du Trésor américain, elle a donc la capacité à peser sur la capacité des Etats-Unis à s’endetter en augmentant le cout du financement de la dette.

Mais une telle mesure n’est pas sans risque et les Chinois risquent surtout de se tirer une balle dans le pied. Selon Sébastien Jean, Directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) « la Chine verrait alors se déprécier la valeur des bons qu’elle détient à mesure que s’effondreraient les cours des bons du Trésor sur les marchés financiers internationaux ».
Il est donc assez peu probable que les Chinois s’engagent dans cette voie, car elle pourrait porter préjudice aux deux économies, en plus d’être source d’instabilité pour les marchés

Mais ce risque n’est pas complètement à exclure puisqu’au Japon, les investisseurs sont déjà engagés dans ce processus. Selon Stéphane Déo, Stratégiste chez LPBAM (La banque Postale Asset management) « les données publiées par le ministère des finances japonais sont impressionnantes : elles montrent des ventes nettes de Treasury en février de 4 000 milliards de yen (de l’ordre de 40 milliards de dollars). C’est de très loin le chiffre mensuel le plus bas jamais enregistré. C’est aussi le cinquième mois de suite que les investisseurs japonais vendent des Treasury, portant le total sur la période à 8 600 milliards de yen. L’exode est impressionnant et très mal venu » s’alarme le stratégiste de LPBAM. Et ce d’autant plus que « l’administration américaine devrait fournir au marché un tsunami de Treasury dans les mois qui viennent : réforme fiscale Trump aidant il va bien falloir financer le déficit américain ».

La Chine possède donc des moyens de pression pour faire plier les américains dans la bataille commerciale qui s’engage. Mais aucune des deux parties n’a intérêt à se lancer dans une escalade de tensions car comme dans toutes les guerres, les armes de dissuasion servent avant tout à ne pas être utilisées, d’où le discours plus conciliant du président Xi Jinping qui a prôné l’ouverture commerciale lors du Davos Chinois, plutôt que de surenchérir dans la menace protectionniste.

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