
Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris
Le ministre français de l'Economie, Eric Lombard, a dit craindre vendredi que les droits de douane annoncés par le président Donald Trump aient un impact sur la croissance économique française, même si l'Union européenne va selon lui "tout faire pour y échapper", mais il a plaidé pour que la dépense publique ne subisse pas de "coup de rabot supplémentaire".
"Si on parvient à désarmer les mesures qui viennent d'être annoncées (par les Etats-Unis), on peut encore avoir cette année une croissance modérée, mais positive", a déclaré Eric Lombard sur BFMTV, en réponse à une question sur la prévision de croissance de 0,9% sur laquelle le gouvernement a bâti son budget 2025, alors que la Banque de France table déjà sur seulement 0,7%.
Dans le cas où les négociations entre Bruxelles et Washington n'aboutiraient pas à une levée ou une baisse substantielle des droits de douane, le ministre de l'Economie a en revanche dit s'attendre à ce que la croissance économique soit affectée.
Il a dit toutefois considérer que cela ne devrait pas remettre en question les dépenses publiques, quitte à laisser filer le déficit budgétaire.
"L'engagement que nous avons pris devant nos partenaires européens, et devant d'ailleurs les marchés financiers, c'est le niveau de la dépense", a rappelé Eric Lombard.
"S'il y a une variation trop importante de la production (liée à la guerre commerciale, NDLR), le taux se dégradera, de façon transitoire. Mais il nous paraît important de contrôler la dépense publique et de la faire évoluer de façon stable."
"Je ne souhaite pas, même si la situation se dégrade, qu'on donne un coup de rabot supplémentaire à la dépense publique, ça aurait un impact négatif en réalité sur l'économie, sur les entreprises, sur les Français", a conclu le ministre, précisant qu'il s'agit de sa position personnelle et que la question fait actuellement l'objet d'un débat au sein du gouvernement.
Pour limiter l'impact sur la croissance européenne, Eric Lombard a estimé que les contre-mesures que l'UE entend prendre à la fin du mois ne devraient pas être symétriques.
"La riposte peut être très rigoureuse et il ne faut pas qu'on riposte nécessairement avec les mêmes armes", a-t-il dit, évoquant notamment les normes et le numérique.
Revenant sur les propos tenus mercredi par le président Emmanuel Macron appelant les entreprises européennes à suspendre leurs investissements aux États-Unis, Eric Lombard a appelé les entreprises françaises à faire preuve de "patriotisme" dans le bras-de-fer qui va s'ouvrir avec Washington.
"Quel est l'objectif réel des Etats-Unis ? C'est de réindustrialiser leur pays (...), de siphonner l'économie du monde à leur profit", a-t-il souligné.
"Dans cette période de négociations difficiles, il faut que l'ensemble des Européens soient solidaires et notamment nos grandes entreprises", a plaidé Eric Lombard, demandant à ces dernières de ne pas faire dans ce contexte de cadeau à Donald Trump en annonçant des investissements ou des transferts de production aux Etats-Unis.
Le président du Medef, Patrick Martin, avait semblé aller dans le même sens un peu plus tôt sur BFMTV.
"On sait que (Donald Trump) est un homme de deal et dans un deal, il ne faut pas céder au bluff", a-t-il déclaré.
"Je peux vous assurer que l'Europe va être solidaire, très unie", a ajouté le dirigeant patronal, qui a dit s'être entretenu à ce sujet avec ses homologues européens.
(Rédigé par Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)
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