
Manifestation contre le pouvoir à Tbilissi, lors des élections locales, le 4 octobre 2025 en Géorgie ( AFP / Giorgi ARJEVANIDZE )
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a promis dimanche des représailles contre l'opposition après les manifestations électorales de la veille, marquées notamment par une tentative d'irruption des protestataires dans le palais de la présidence, repoussée par la police.
Des dizaines de milliers de manifestants pro-européens se sont rassemblés samedi soir dans le centre de Tbilissi pour protester contre le gouvernement, le jour où se sont tenues des élections locales boycottées par une partie de l'opposition et remportées par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien.

La police utilise des canons à eau pour disperser des manifestants de l'opposition à Tbilissi, le 4 octobre 2025 en Géorige ( AFP / GIORGI ARJEVANIDZE )
La police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour empêcher les protestataires de pénétrer dans la présidence.
Des échauffourées ont aussi eu lieu entre la police et des manifestants, qui ont érigé des barricades et y ont mis le feu.
"Plusieurs personnes ont déjà été arrêtées, en premier lieu les organisateurs de la tentative de renversement" du pouvoir, a déclaré M. Kobakhidzé dimanche aux journalistes. "Personne ne restera impuni (...) beaucoup d'autres doivent s'attendre à des condamnations", a-t-il ajouté.
Il a auparavant qualifié les manifestations de "tentative de coup d'État", assurant qu'elles avaient été "planifiées par des services de renseignement étrangers", sans les nommer.

Des manifestants face à la police anti-émeute alors qu'ils tentent de pénétrer dans l'enceinte du palais présidentiel lors d'un rassemblement de l'opposition le jour des élections locales, le 4 octobre 2025 à Tbilissi, en Géorgie ( AFP / Giorgi ARJEVANIDZE )
"Cette force politique – un réseau d'agents de l'étranger – sera complètement neutralisée et ne sera plus autorisée à intervenir dans la politique géorgienne", a-t-il poursuivi dimanche, en faisant référence au principal parti d'opposition, le Mouvement national uni (MNU) de l'ancien président emprisonné Mikhaïl Saakachvili.
Le ministère de l'Intérieur a déclaré samedi avoir ouvert une enquête pour "appels à renverser violemment l'ordre constitutionnel et l'autorité de l'État" et avoir arrêté cinq dirigeants de la contestation, qui encourent jusqu'à neuf ans de prison.
- "Dernière chance" -
Selon la commission électorale, le Rêve géorgien a remporté la majorité dans toutes les municipalités en lice lors du scrutin de samedi, qui était boycotté par plusieurs partis d'opposition.

Des manifestants brûlent des barricades lors d'un rassemblement de l'opposition le jour des élections locales, le 4 octobre 2025 à Tbilissi, en Géorgie ( AFP / GIORGI ARJEVANIDZE )
Il s'agissait d'un premier test pour cette formation politique depuis les législatives d'octobre 2024 qu'elle a officiellement remportées mais dont le résultat est contesté par l'opposition.
Mikhaïl Saakachvili, qui purge une peine de 12 ans et demi de prison pour notamment abus de pouvoir, avait appelé ses partisans à manifester pour ce qu'il a qualifié de "dernière chance" de sauver la démocratie géorgienne.
Le rassemblement s'est dissous peu après minuit samedi soir.
Après les législatives de 2024, les partisans de l'opposition avaient organisé pendant des mois de manifestations, dont certaines avaient été réprimées par la police.
Le pouvoir avait procédé à des dizaines d'arrestations d'opposants et de militants, renforcé la législation répressive et accru sa pression sur les médias indépendants.
- Accusé de dérive autoritaire -
Le Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, est accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire et de vouloir abandonner les ambitions du pays d'intégrer l'UE pour se rapprocher de Moscou.
Il a pris des mesures anti-LGBT et adopté une loi sur les "agents de l'étranger" fustigées par l'Union européenne. Le processus d'adhésion de la Géorgie à l'UE a été suspendu.

Des électeurs votent aux élections locales à Tbilissi, le 4 octobre 2025 en Géorgie ( AFP / Vano SHLAMOV )
Les autorités assurent promouvoir la "stabilité" tout en accusant l'opposition de vouloir prendre le pouvoir par la force et les Occidentaux de chercher à utiliser le pays pour ouvrir un deuxième front face à la Russie.
Dans un récent sondage, l'Institut d'études et d'analyse sociales évalue la cote de popularité du Rêve géorgien à environ 36%, l'opposition ayant les faveurs de 54% des Géorgiens.
Mais cette opposition est divisée. Si le parti de M. Saakachvili a boycotté les élections locales, d'autres formations comme Lelo et For Georgia ont apporté leur soutien à des candidats.
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