
Verdict du procès de Sarkozy sur le présumé financement libyen de campagne
L'ancien président Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi à cinq ans de prison après avoir été déclaré coupable d'association de malfaiteurs dans l'affaire dite du financement libyen de sa campagne électorale de 2007.
La peine étant assortie d'une exécution provisoire, Nicolas Sarkozy devrait donc être incarcéré d'ici un mois, même s'il fait appel de ce jugement.
"Pour le tribunal, ce sont des faits d'une gravité exceptionnelle de nature à altérer la confiance dans les institutions mêmes de la République", a déclaré la présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, lors du prononcé de la peine.
Visiblement ému, l'ancien chef d'Etat s'est présenté devant la presse pour dénoncer "l'injustice" dont il dit avoir été victime.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui (...) est d'une gravité extrême pour l'État de droit, pour la confiance que l'on peut avoir dans la justice", a déploré Nicolas Sarkozy.
"Cette injustice est un scandale. Je ne m'excuserai pas de ce que je n'ai pas fait. Naturellement, je ferai appel."
"La haine n'a décidément aucune limite (...) s'ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison, mais la tête haute."
Nicolas Sarkozy a en revanche été relaxé des accusations de recel de détournement de fonds publics, de corruption passive et d'infractions au code électoral.
"UN FONDEMENT TRÈS ÉTRANGE"
"Le tribunal a déclaré solennellement que le document de Mediapart, à l’origine de cette procédure, était je cite : un faux", a encore déclaré Nicolas Sarkozy.
Selon son avocat Christophe Ingrain, "il a été condamné sur un fondement qui est un fondement très étrange, c'est en fait une construction (...) la raison pour laquelle il est condamné c'est parce qu'on lui reproche supposément d'avoir laissé des collaborateurs à lui, Brice Hortefeux, Claude Guéant, envisager un financement par la Libye".
En mars dernier, le parquet national financier (PNF) avait requis sept ans de prison, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité à l'encontre de Nicolas Sarkozy dans cette affaire.
L'ancien locataire de l'Elysée, âgé de 70 ans, est soupçonné d'avoir reçu de l'argent du régime de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour financer la campagne qui lui a permis de diriger le pays entre 2007 et 2012.
Nicolas Sarkozy a toujours plaidé la thèse du "complot" dans cette affaire pour laquelle il a été mis en examen, en mars 2018, notamment pour financement illicite de campagne électorale et corruption passive puis en octobre 2020 pour association de malfaiteurs.
Parmi ses 12 co-accusés, trois ont été relaxés, dont l'ancien ministre Eric Woerth. L’ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a été condamné à six ans de prison sans mandat de dépôt en raison de son état de santé et 250.000 euros d’amende. Brice Hortefeux, ancien ministre, a lui écopé de deux ans de prison, aménageable sous bracelet électronique avec exécution provisoire et 50.000 euros d’amende.
Fin décembre, Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné dans l'affaire dite des "écoutes" à trois ans de prison, dont un an ferme, pour corruption et trafic d'influence.
L'ex-président a fait savoir en juin qu'il engagerait un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme dans les semaines à venir.
(Reportage Juliette Jabkhiro, rédigé par Nicolas Delame, édité par Kate Entringer)
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