
Le Premier ministre français sortant Sébastien Lecornu fait une déclaration à l'Hôtel Matignon à Paris
Sébastien Lecornu a déploré lundi des "appétits partisans" liés à la future élection présidentielle et affirmé que les conditions n'étaient plus réunies pour exercer ses fonctions de Premier ministre, entraînant par conséquent sa démission.
"Etre Premier ministre est une tâche difficile (...) mais on ne peut pas l'être quand les conditions ne sont pas réunies", a déclaré Sébastien Lecornu à Matignon, après sa démission, acceptée par Emmanuel Macron.
Pour le Premier ministre démissionnaire, trois raisons ont conduit à son départ, moins d'un mois après sa nomination. Il estime d'abord que les formations politiques n'ont pas vu "la rupture profonde que représentait le fait de ne pas se servir de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution".
Sébastien Lecornu avait renoncé vendredi dernier à faire usage de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter un budget pour 2026 et promis une "nouvelle méthode de partage du pouvoir" avec l'Assemblée nationale.
Il a ensuite reproché aux partis politiques de continuer "d'adopter une posture comme s'ils avaient tous la majorité absolue à l'Assemblée nationale".
Enfin, "la composition du gouvernement au sein du socle commun n'a pas été fluide et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans, parfois non sans lien, c'est d'ailleurs très légitime, avec la future élection présidentielle".
"Il suffirait de peu pour que ça fonctionne", veut cependant croire Sébastien Lecornu, "en étant plus désintéressé pour beaucoup, en sachant aussi faire preuve d'humilité, peut être aussi un peu parfois d'effacement de certains égos".
Sébastien Lecornu a présenté lundi démission à Emmanuel Macron qui l'a acceptée, a annoncé l'Elysée, au lendemain de la présentation d'une équipe "resserrée" de 18 membres, qui a été vivement critiquée tant par la droite que par la gauche.
Sa démission inattendue, Sébastien Lecornu n'ayant même pas eu le temps d'entrer à Matignon depuis sa nomination le 9 septembre - aggrave la crise politique en France.
Après l'annonce de la démission du Premier ministre, le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a démandé l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron.
De son côté, le Rassemblement national réclame la dissolution de l'Assemblée nationale ou la démission du président de la République.
"Il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes et sans la dissolution de l’Assemblée nationale", a déclaré Jordan Bardella, président du RN, sur BFMTV.
Les marchés financier réagissent fortement après la démission du Premier ministre : le CAC 40 perdait plus de 2%, tandis que les actions bancaires ont vivement réagi, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole perdant de 4% à 5%. L'euro reculait de 0,7% sur la journée à 1,1665 dollar.
Après des semaines de consultations avec tous les partis politiques, Sébastien Lecornu a présenté dimanche ses principaux ministre, avec le député Renaissance Roland Lescure au ministère de l'Economie et de l'ancien locataire de Bercy Bruno Le Maire aux Armées.
Moins de deux heures après l'annonce du gouvernement au sein duquel il a été reconduit, le chef de file de Les Républicains (LR) Bruno Retailleau a écrit sur X que "la composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise."
La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN)avaient annoncé sans attendre une motion de censure contre le gouvernement.
(Rédigé par Kate Entringer, avec la rédaction de Paris)
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