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La rétention du pétrolier Boracay battant pavillon béninois, frappé de sanctions, et ancré au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), entre dans le cadre d'une nouvelle stratégie européenne visant à bloquer les revenus permettant à la Russie de financer son effort de guerre, a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron.
Le navire est soupçonné d'appartenir à la "flotte fantôme" russe, des navires utilisés par Moscou pour exporter son pétrole malgré les interdictions prises en raison de la guerre en Ukraine.
Emmanuel Macron a ajouté qu'il fallait encore déterminer si le navire était impliqué dans les incursions de drones survenues la semaine dernière au Danemark.
Des commandos de la marine française sont intervenus samedi à bord du Boracay, déjà sous le coup de sanctions de la Grande-Bretagne et l'Union européenne.
Le navire a quitté le port russe de Primorsk le 20 septembre, et, selon les données de MarineTraffic, il se trouvait à environ 50 milles nautiques (90 km) au sud de Copenhague lorsque l'activité de drones a forcé la fermeture de l'aéroport de la capitale danoise vers 18h30 GMT le 22 septembre.
Il a également été observé se déplaçant vers le sud le long de la côte ouest du Danemark dans la soirée du 24 septembre, lorsque des drones ont été signalés volant au nord d'Esbjerg et à proximité de plusieurs aéroports voisins.
"NOUS VOULONS ACCROÎTRE LA PRESSION", DIT MACRON
Emmanuel Macron a dit que l'intervention à bord du navire faisait partie d'un plan plus large visant à agir plus sévèrement contre les ventes de pétrole russe afin de faire pression sur la Russie pour parvenir à la fin du conflit en Ukraine.
"Nous voulons accroître la pression sur la Russie afin de la convaincre de revenir à la table des négociations", a-t-il dit depuis Copenhague, où se tient un sommet informel rassemblant les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne.
"Nous avons décidé à présent de passer la vitesse supérieure en nous dirigeant vers une politique d'obstruction lorsque des navires suspects naviguent dans nos eaux."
Emmanuel Macron a dit que les membres de l'Otan se rassembleraient dans les prochains jours autour de mesures concrètes afin de lutter contre la "flotte fantôme" de la Russie.
Le Kremlin a estimé jeudi que la rétention du Boracay par la France était une "hystérie" qui pourrait créer des problèmes pour les voies mondiales de transport d'énergie.
"Et si la France créait d'énormes problèmes pour toutes les voies internationales (de transport) d'énergie ? Que se passera-t-il?", a demandé le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov. "Je pense que tout cela fait partie de l'hystérie dont nous avons déjà parlé."
GARDE À VUE
Le commandant du navire et son second ont été placés en garde à vue mardi des chefs de "défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon" et de "refus d’obtempérer", a rappelé le parquet dans un communiqué.
La garde à vue des deux membres d'équipage du a été prolongée, a déclaré le parquet de Brest jeudi.
Mercredi, le président Emmanuel Macron a déclaré que l'équipage du navire avait commis "des fautes très importantes", sans donner plus de détails.
(Alessandro Parodi, rédigé par Kate Entringer, édité par Augustin Turpin)
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