Questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris
Les députés entament ce vendredi l'examen de la partie recettes du budget 2026 dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale où les débats s'annoncent houleux alors que le Parti socialiste (PS) brandit de nouveau la menace d'une censure du gouvernement de Sébastien Lecornu.
Le projet de budget, qui prévoit de ramener le déficit budgétaire à 4,7% du produit intérieur brut (PIB), après 5,4% en 2025, a vu son volet "recettes" rejeté en commission des Finances de l'Assemblée, mettant au jour les dissensions persistantes sur le sujet.
La gauche et le Rassemblement national (RN) ont voté contre le texte, de même que Les Républicains (LR), dont six ministres sont issus. Seuls les députés Renaissance ont voté en faveur tandis que les partis alliés du camp présidentiel - MoDem, Horizons et Liot - se sont abstenus.
Après le rejet du texte en commission, le débat de ce vendredi s'engage à partir de la copie initiale du gouvernement.
Sébastien Lecornu a promis qu'il n'aurait pas recours à l'article 49.3 de la Constitution permettant l'adoption d'un texte sans vote, comme cela a été le cas pour tous les budgets ces dernières années et certains textes difficiles comme celui sur la réforme des retraites de 2023.
"Le compromis est possible", a affirmé sur France 2 la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, rejetant le spectre d'une adoption par ordonnance si aucun compromis n'est trouvé dans les 70 jours impartis pour parvenir à un accord.
Les députés travailleront une partie du week-end et chaque voix comptera dans un hémicycle fragmenté où chaque mesure sera âprement disputée.
Un vote solennel est prévu le 4 novembre, avant l'examen du texte au Sénat, où la droite est majoritaire.
Les débats au Palais Bourbon risquent de se cristalliser sur des mesures de "justice sociale" réclamées par la gauche - et notamment l'instauration d'une taxe "Zucman" sur les Français les plus fortunés - mais rejetées par le bloc central et la droite, hostiles à toute hausse d'impôts.
"Je me battrai contre un budget qui ferai les poches des retraités, des malades, des jeunes, des familles, ce n'est pas supportable. On ne peut pas demander à toutes ces catégories de population, aux classes populaires, aux classes moyennes, de continuer à faire des efforts quand les plus riches n'en font pas", a lancé vendredi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure sur BFMTV.
Et de prévenir : "si dans les toutes prochaines heures, en gros jusqu'à lundi prochain, il n’y avait pas d’évolution sensible sur le texte (...) en réalité ce serait terminé".
"VRAIS CORRECTIFS"
Appelant à "taper sur les ultra-riches et sur les super-héritages", Olivier Faure a estimé qu'avec des recettes supplémentaires de 15 à 20 milliards d'euros, le PS aurait les "moyens de corriger la copie" du gouvernement.
"Nous exigeons de vrais correctifs au budget. Si à un moment, il n'est pas possible d'en trouver les conditions, alors nous retournerons aux urnes", a-t-il prévenu, regrettant qu'il n'y ait pas "trace de compromis du bloc central".
Le député Droite républicaine des Hauts-de-Seine et rapporteur général du budget à l'Assemblée, Philippe Juvin, s'est montré vendredi peu enclin à négocier une taxation des grandes fortunes.
"Attention au miroir aux alouettes qui consiste à dire : en taxant les plus riches, on va régler le problème dans le budget", a-t-il estimé sur franceinfo.
"D'ores et déjà on taxe les plus riches, on le fait déjà et ce n'est pas ça qui va nous régler les 40 milliards qui nous manquent."
Le débat parlementaire sur le budget intervient alors que Moody's doit se prononcer dans la soirée sur la note souveraine de la France, une semaine après que S&P Global Ratings a abaissé de façon inattendue sa note de crédit et un mois après une mesure similaire de Fitch.
(Rédigé par Zhifan Liu et Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)

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