A l'Assemblée nationale, à Paris, le 22 octobre 2025 ( AFP / ALAIN JOCARD )
Les députés entament vendredi l'examen de la partie recettes du projet de budget de l'Etat, sur fond de bras de fer entre le Premier ministre qui invite à "trouver les voies du compromis", et le PS qui promet une censure rapide en l'absence de mesures de justice fiscale.
"S'il n'y a pas d'évolution (...) d'ici lundi, les socialistes voteront contre et censureront", a tancé vendredi matin le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, sur X.
A quelques heures du coup d'envoi des débats dans l'hémicycle sur le projet de loi de finances 2026 (15H00), le patron du PS exige que des mesures de justice fiscale proposées par la gauche (taxe Zucman, ISF climatique, etc...) soient adoptées lors de l'examen pour supprimer, en retour, "les horreurs de la copie" gouvernementale.
Un avertissement qui intervient une semaine après que les socialistes ont décidé de ne pas censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu, notamment contre la promesse d'une suspension de la réforme des retraites.
"Le chantage par voie de presse (du PS, ndlr) n'est pas une voie pour la discussion", a répliqué sur X Marc Fesneau, président des députés MoDem.
"Tout ça c'est du bidon", s'est exclamée pour sa part Marine Le Pen, depuis le Louvre, où elle a fustigé une "mise en scène" des désaccords entre le gouvernement et les socialistes.
"La messe est dite. Le PS soutiendra le gouvernement, évidemment jusqu'au bout", a affirmé la cheffe des députés RN.
Sébastien Lecornu présentera lui-même les orientations du gouvernement dans l'hémicycle. Celui-ci ambitionne une trentaine de milliards d'euros d'économies en 2026, pour ramener le déficit à 4,7% du PIB, contre 5,4% anticipé en 2025.
Avant cela, le Premier ministre a participé à un déjeuner au ministère des Relations avec le Parlement, auquel étaient conviés les députés des groupes représentés au gouvernement, selon une source gouvernementale.
Cet après-midi, LFI défendra dans l'hémicycle une motion de rejet, qui sera très probablement repoussée.
Les différents groupes promettent une forte mobilisation, à l'heure où le gouvernement a redonné des marges de manoeuvre au Parlement en s'engageant à abandonner l'arme constitutionnelle du 49.3.
Le projet de loi de finances pour 2026 a déjà été sèchement battu en commission (11 voix pour, 37 contre).
Seuls les députés Renaissance l'ont approuvé, le RN et la gauche votant contre et, plus inattendu, LR, qui a six ministres au gouvernement désormais suspendus de leur parti. Les deux autres groupes macronistes, le MoDem et Horizons, se sont abstenus.
M. Lecornu a relativisé jeudi ce revers, n'y voyant qu'"un premier tour de chauffe", et invitant chacun à "trouver les voies du compromis".
- Nombreux points chauds -
Les propositions de la gauche en faveur de la taxation des plus fortunés, au premier rang desquels un amendement sur la taxe Zucman sur les ultra-riches, seront normalement examinées samedi.
Le gouvernement propose une taxe sur les holdings patrimoniales détenant au moins cinq millions d'euros d'actifs, une mesure qui ne satisfait pas le PS, et qui est critiquée dans son camp.
Une réunion a eu lieu dans la matinée entre des représentants de gauche et des macronistes pour discuter des positions de chacun sur les mesures fiscales.
Outre la bataille sur la justice fiscale, bien d'autres points chauds dans cette première partie du projet de budget, consacrée aux recettes, attendent les députés lors des débats programmés jusqu'au 3 novembre, avant un vote solennel le 4.
Les discussions promettent d'êtres vives sur le gel du barème de l'impôt sur le revenu, la suppression d'un abattement fiscal pour les retraités, ou la suppression de la défiscalisation des indemnités journalières pour affection de longue durée (ALD), des mesures dont le gouvernement attend des économies mais qui sont contestées jusque dans son camp.
En parallèle du projet de budget de l'Etat, celui de la Sécurité sociale, dont l'examen en commission démarre lundi, contient une autre clé de la non-censure: la suspension de la réforme des retraites, ajoutée au texte initial par une lettre rectificative jeudi.
Là encore, les pistes de financement seront au coeur des débats. La suspension de la réforme doit pour l'instant être financée par la mise à contribution des complémentaires santé et des retraités, ce qui suscite de vives critiques. Par ailleurs, la question de la majorité des carrières longues reste incertaine.
La copie du gouvernement "n'est pas la proposition définitive", a assuré jeudi M. Lecornu.

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