Le Premier ministre, François Bayrou, est entendu ce mercredi à l'Assemblée nationale sur l'affaire Bétharram, nom d'un établissement catholique béarnais accusé d'avoir été le théâtre de mauvais traitements, dont des agressions sexuelles, sur des élèves.
La commission d'enquête sur "les modalités du contrôle par l'Etat des violences dans les établissements scolaires" va chercher à savoir ce que savait le chef du gouvernement de ces abus et dans quelle mesure il aurait pu les dénoncer en tant que président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques et ministre de l'Éducation nationale (1993-97).
L'affaire a pris une tournure personnelle quand la fille aînée de François Bayrou, Hélène Perlant, a révélé dans un livre paru le mois dernier avoir été violentée lors de sa scolarité à Notre-Dame de Bétharram, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), où ont été scolarisés trois des six enfants du Premier ministre.
Hélène Perlant a déclaré que son père n'était pas au courant et ne "pouvait pas comprendre" le "dispositif pervers" au sein de l'établissement catholique.
Devant les députés en février, François Bayrou a dit n'avoir "jamais été informé d'aucune violence, et encore moins de violence sexuelle" dans l'établissement.
Il a ensuite dit avoir ordonné une inspection en 1996 après des signalements de violences physiques, ce qui a amené ses opposants à l'accuser d'avoir menti devant la représentation nationale.
Sur TF1 mardi soir, Emmanuel Macron a pris la défense de son Premier ministre, qui "s'est battu contre les violences faites aux enfants".
"On en a beaucoup parlé, je sais qu'il répondra à toutes les questions qui lui seront posées", a dit le président. "Le Premier ministre est un homme que je connais depuis de nombreuses années, je sais qui il est et j'ai confiance en lui."
L'actuelle ministre de l'Éducation, Elisabeth Borne, a ordonné en mars une inspection dont les conclusions n'ont pas encore été publiées.
Des proches du chef du gouvernement ont décrit à Reuters un "papa poule" très "affecté" par le récit de sa fille tout en dénonçant une "manipulation politique".
"On met en accusation, parce qu'il est le Premier ministre, l'homme par qui le scandale n'a pas éclaté alors qu'il est le seul à avoir fait quelque chose", a dit à Reuters un membre de son entourage. "Qu'ont fait les gardes des Sceaux, les ministres de l'Education de 1995 à nos jours ? Si j'étais président de la commission d'enquête, je les convoquerais tous".
Peu populaire dans les enquêtes d'opinion, François Bayrou dirige depuis décembre un gouvernement minoritaire qui peut être renversé si les partis de gauche et d'extrême droite s'unissent pour le faire tomber via une motion de censure.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Kate Entringer)
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