
FRANCE: DARMANIN DÉFEND SA PRÉSENCE À LA MARCHE DES POLICIERS
PARIS (Reuters) - Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a confirmé mercredi sa présence à la marche des policiers devant l'Assemblée nationale, rejetant toute polémique sur le sujet alors que les forces de l'ordre réclament du gouvernement plus de moyens et plus de sévérité.
"J'apporte mon soutien aux policiers dans une société de plus en plus violente", a-t-il déclaré sur France Inter.
"Je vais les saluer avec une partie de la classe politique. Je vais leur dire que nous les aimons", a-t-il poursuivi, jugeant que sa position n'était pas "baroque" mais "normale".
Outre la présence du ministre de l'Intérieur près du Palais Bourbon, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a également indiqué qu'il pourrait passer "saluer les forces de l'ordre".
La présence de deux membres du gouvernement à une marche qui demande au pouvoir d'agir suscite des interrogations, mais Gérald Darmanin a évacué les critiques.
"J'entends les leçons de morale de certains éditorialistes ou commentateurs, mais c'est le ministre de l'Intérieur qui va voir les petites filles de 7 ans pour leur expliquer pourquoi papa est dans une boîte au moment où on lui remet la légion d'honneur parce qu'un chauffard ne s'est pas arrêté sur une route départementale", a-t-il dit.
"Quand il y a un refus d'obtempérer toutes les demi-heures, chacun doit comprendre que c'est la société qui est de plus en plus violente. Il y a 11 policiers et gendarmes qui sont morts l'année dernière. Je suis allé aux enterrements", a-t-il ajouté.
La marche des policiers intervient deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson lors d'une opération anti-drogue dans le centre-ville d'Avignon (Vaucluse).
Le 23 avril, la police avait déjà été secouée par l'attaque au couteau qui a coûté la vie à Stéphanie Monfermé, une fonctionnaire administrative d'un commissariat de Rambouillet (Yvelines).
LA SÉCURITÉ, UN THÈME DE CAMPAGNE
Les policiers voient dans ces meurtres un symbole des violences répétées à leur encontre et exigent une réponse pénale plus ferme, notamment le retour des peines plancher.
Gérald Darmanin estime cependant que les peines plancher ne marchent pas, car, dit-il, seules 30% de ces peines étaient appliquées entre 2007 et 2014.
"Ce que nous devons faire, c'est plus de policiers, plus de gendarmes et plus de moyens pour la justice", a dit le ministre de l'Intérieur.
La semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex a promis de durcir les peines contre les agresseurs de policiers ou de gendarmes.
A l'approche des élections régionales des 20 et 27 juin et à un an de la présidentielle, la sécurité est devenue un thème récurrent de campagne.
Outre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, la maire de Paris, Anne Hidalgo, sera également présente dans le cortège mercredi près du Palais Bourbon.
Le numéro deux du Rassemblement national, Jordan Bardella, et le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, prendront également part au rassemblement.
A gauche, le candidat du PCF à la présidentielle, Fabien Roussel, et le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, tout comme l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, y participeront aussi.
La France insoumise (LFI) est pour le moment le seul à avoir indiqué qu'il ne prendrait pas part au rassemblement.
"Nous sommes opposés à cette surenchère sécuritaire", a expliqué à Reuters le député LFI Ugo Bernalicis, rappelant que le meurtre d'un policier est déjà passible dans le droit français de la réclusion criminelle à perpétuité.
"On vient de s'opposer vigoureusement à la loi sécurité globale, ce n'est pas pour pavaner avec ceux qui la défendent", a-t-il ajouté, évoquant notamment le soutien de Gérald Darmanin au rassemblement.
(Claude Chendjou, avec Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)
6 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer