Face à l'arrangement annoncé sur les droits de douane entre Europe et Etats-Unis, le Medef évoque "l'urgence" d'une réponse du Vieux continent, notamment par les pistes du rapport Draghi sur la compétivité européenne et l'innovation.

Patrick Martin, président du Medef, le 24 juin 2025, à Paris ( AFP / ALAIN JOCARD )
Un "moindre mal" qui appelle à réagir. Après l'annonce d'un accord par Ursula Von der Leyen et Donald Trump sur les relations commerciales UE/Etats-Unis, les deux plus grandes organisations patronales françaises ont exhorté lundi 28 juillet l'Union européenne à renforcer sa puissance et "souveraineté" économique, estimant pour le Medef qu'elle ne pouvait pas "être la variable d'ajustement" des politiques commerciales américaine et chinoise.
"S'il est un moindre mal et préserve certaines de nos filières stratégiques, cet accord illustre la difficulté qu’a encore l'UE a faire valoir la puissance de son économie et l'importance de son marché intérieur. Il y a donc urgence à approfondir ce dernier" , a déclaré le Medef dans une réaction écrite transmise à l'AFP.
La CPME, deuxième organisation patronale française, a pour sa part estimé que l'accord intervenu entre l'UE et les Etats-Unis sur les droits de douane aurait "des répercussions désastreuses pour les PME qu'elle représente, même s'il apporte "une forme de visibilité" aux entreprises . Cet accord est "une fausse bonne nouvelle", a estimé la CPME dans un communiqué. Il "apportera une forme de visibilité aux entreprises, mais les conséquences seront très négatives pour l'économie française et auront des répercussions désastreuses pour des milliers de PME".
Pour la CPME, "le prix à payer dépasse les limites du raisonnable"
Face à ce "deal" déséquilibré , le Medef appelle à "mettre en oeuvre" les rapports de l'ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi (sur l'innovation et la compétitivité) et de l'ancien Premier ministre italien Enrico Letta (sur le marché unique) et à "diversifier nos accords commerciaux avec le reste du monde". "Le Medef l'exige désormais", a-t-il insisté. "L'Europe ne saurait être la variable d’ajustement des politiques américaine et chinoise", a-t-il ajouté.
"Eviter une escalade dans la guerre commerciale que voulait nous imposer le président américain était une nécessité, mais le prix à payer dépasse les limites du raisonnable", juge pour sa part la CPME, appelant l'UE à "se donner les moyens de reconstruire sa souveraineté économique, agricole, énergétique, technologique, militaire et numérique", et à simplifier des normes jugées "excessives".
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%, avec des exemptions sectorielles comme l'aéronautique. M. Trump avait menacé d'appliquer un taux de 30% à partir du 1er août en l'absence d'accord. Les Européens espèrent à ce prix éviter une escalade commerciale, mais la France a fait part de sa déception, plaidant pour que l'UE se montre plus ferme lors des négociations à venir sur les modalités d'application de l'accord.
7 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer