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États-Unis: L'économie devrait profiter des baisses d'impôts en 2026 mais des risques persistent
information fournie par Reuters 29/12/2025 à 12:05

Le drapeau américain et le Capitole à Washington

Le drapeau américain et le Capitole à Washington

par Ann Saphir

L'économie américaine, qui a connu cette année des fluctuations importantes sous la nouvelle administration de Donald Trump, devrait connaître un développement plus favorable en 2026 à la faveur des réductions d'impôts, d'une moindre incertitude sur les droits de douane, de l'essor continu de l'intelligence artificielle (IA) et d'une ‍politique plus accommodante de la Réserve fédérale (Fed).

Selon les économistes, les mesures fiscales prévues dans la vaste loi budgétaire "One Big Beautiful Bill", comme la prolongation de crédits d'impôts et la défiscalisation des pourboires et heures supplémentaires, devraient stimuler les dépenses de consommation, pilier de l'économie des Etats-Unis.

La loi budgétaire accorde également aux entreprises toute une série de crédits et d'allégements fiscaux, notamment la possibilité de déduire intégralement ‌les dépenses liées aux investissements - une mesure susceptible de doper les financements dans les domaines liés à l'IA.

"L'impulsion donnée par les mesures de relance budgétaire pourrait à elle seule ajouter un demi-point de pourcentage, voire plus, à la croissance du PIB au premier trimestre", estime Diane Swonk, économiste chez KPMG.

Parallèlement, l'impact sur les prix des droits de douane imposés ​par Donald Trump devrait atteindre un pic au cours du premier semestre. Si les pressions inflationnistes tendent à s'atténuer ensuite, comme le pensent de plus en plus les responsables ⁠de la Fed, la situation financière des ménages s'en trouvera renforcée.

Autre facteur clé pour l'économie américaine, les dépenses des entreprises dans les infrastructures liées à l'IA devraient se poursuivre.

Avec l'embellie sur le front fiscal, les sociétés américaines pourraient se montrer plus offensives, notamment en termes d'embauches, après avoir opté pour la prudence ⁠cette année face à la politique commerciale de Donald Trump, et ses ‍nombreux revirements, et les mesures de répression de l'immigration mises en place par son administration.

"Nous prévoyons que la diminution de l'incertitude politique, l'effet ⁠positif des réductions d'impôts et le récent assouplissement de la politique monétaire permettront à l'économie de se renforcer en 2026", résume Michael Pierce, analyste chez Oxford Economics.

Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de renforcer l'économie américaine mais le début de son second mandat à la Maison blanche a été marqué par une contraction de l'activité face au choc mondial provoqué par l'instauration de ​droits de douane.

Le taux moyen des droits de douane sur les importations américaines a grimpé à près de 17% durant la première année du second mandat de Donald Trump, contre moins de 3% fin 2024, selon le centre de recherche politique Yale Budget Lab.

L'économie américaine a rebondi au deuxième trimestre, à mesure que les contours de la politique commerciale de Donald Trump se précisaient et ⁠que les entreprises et les ménages commençaient à s'adapter.

Elle s'est encore accélérée au troisième trimestre, atteignant un rythme annualisé de 4,3%, alors que les Américains les plus fortunés ​ont augmenté leurs dépenses et les entreprises investi massivement dans l'IA.

AFFAIBLISSEMENT DU MARCHÉ DU TRAVAIL

Les économistes prévoient un ralentissement important de la ​croissance américaine au quatrième trimestre, reflétant l'impact de ​la fermeture partielle des services fédéraux à partir du 1er octobre et pendant six semaines.

"La croissance en 2025 a fait preuve de résilience malgré un frein important lié aux politiques commerciales et ​migratoires", jugent les économistes de Nomura. "Ces obstacles s'atténuent désormais, tandis que les politiques budgétaires et monétaires deviennent plus ⁠favorables à l'économie."

Reste que les risques pour l'économie américaine sont nombreux: le marché du travail s'affaiblit, l'inflation reste élevée et les responsables de la banque centrale sont profondément divisés sur la façon de naviguer entre ces deux enjeux.

Donald Trump s'apprête à nommer un nouveau président de la Fed pour succéder à Jerome Powell à la fin de son mandat en mai. Alors que le président estime que la Fed a trop tardé à baisser les taux, son choix devrait se porter sur un profil "colombe", en faveur de la poursuite de la baisse des coûts d'emprunt.

Face au ralentissement constant du marché du travail ‌cette année et la légère hausse du taux de chômage, les responsables de la Fed sont convenus d'une série de baisses de taux d'intérêt au cours des derniers mois de l'année mais la persistance d'une inflation élevée pourrait limiter leurs marges de manoeuvre en la matière en 2026.

Selon certains économistes, les ménages inquiets de la faiblesse du marché du travail pourraient choisir d'épargner plutôt que de dépenser les économies provenant des baisses d'impôts.

Sans compter que les entreprises espèrent tirer les fruits de leurs investissements dans l'IA, notamment via une réduction de la masse salariale.

"Un nouvel affaiblissement du marché du travail constitue le principal risque pesant sur nos prévisions, car les embauches sont déjà faibles et les promesses de l'IA pourraient encore les freiner", prévient David Mericle, économiste chez Goldman Sachs.

(Rédigé par ‌Ann Saphir ; version française Blandine Hénault, édité par Sophie Louet)

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