Le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a exclu jeudi l'hypothèse de convoquer des élections législatives anticipées alors que la démission de l'un des cadres du Parti socialiste (PSOE), sur fond d'accusations de corruption, fragilise davantage la coalition au pouvoir à Madrid.
Au cours d'une conférence de presse au ton austère organisée au siège du PSOE, Pedro Sanchez a demandé aux Espagnols de le pardonner pour avoir fait confiance à Santos Cerdan, numéro trois du parti et l'un de ses plus proches alliés.
Jusqu'à ce jeudi matin, a ajouté le chef du gouvernement, il croyait en l'intégrité de Santos Cerdan. "Nous n'aurions pas dû lui faire confiance", a-t-il dit, admettant que les accusations contre son allié étaient très graves et annonçant qu'une enquête interne serait menée.
Pedro Sanchez a cependant rejeté les appels de l'opposition en faveur de la tenue d'un scrutin anticipé.
Plus tôt dans la journée, Santos Cerdan a annoncé quitter ses fonctions d'élu et au sein du PSOE après qu'un juge de la Cour suprême l'a invité à témoigner le 25 juin dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption.
Dans un communiqué, Santos Cerdan a dit se mettre en retrait de ses fonctions afin de se consacrer à sa défense. "Je n'ai jamais commis aucun crime ou été complice d'un crime", a-t-il déclaré. "Je réitère mon innocence et j'ai confiance dans le fait qu'elle deviendra évidente après mon témoignage".
Le juge Leopoldo Puente a déclaré avoir des "preuves solides" d'une possible implication de Santos Cerdan dans l'"attribution inappropriée" de contrats publics en échange d'une compensation financière, selon un document de justice que Reuters a pu consulter.
Des accusations de pots-de-vin et d'organisation criminelle sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à huit années d'emprisonnement.
"EXPLICATIONS, DÉMISSIONS, ÉLECTIONS"
Selon le document, la police a fourni au juge la retranscription d'enregistrements dans lesquels Santos Cerdan discute de pots-de-vin présumés avec l'ancien ministre des Transports José Luis Abalos.
La police a écrit que Santos Cerdan "semble être la personne responsable de la réception de ces paiements présumés".
Santos Cerdan a déclaré auparavant n'avoir aucun souvenir de la conversation avec José Luis Abalos.
Les élus de l'opposition ont scandé "démission, démission" lors d'une séance parlementaire bruyante.
Par ailleurs, des rivaux de Pedro Sanchez ont souligné que le chef du gouvernement n'avait plus répondu à des questions de journalistes depuis la coupure d'électricité qui a affecté l'Espagne en avril, alors que divers scandales ont secoué le gouvernement.
"Nous demandons au Parti socialiste des explications, des démissions, et des élections", a déclaré Miguel Tellado, porte-parole parlementaire du Parti populaire. "C'est aujourd'hui le jour", a-t-il ajouté.
La vice-présidente du gouvernement, Yolanda Diaz, issue du parti de gauche Sumar, partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale à Madrid, a demandé des "explications et clarifications".
Le juge Leopoldo Puente a également demandé à interroger José Luis Abalos et son ancien assistant Koldo Garcia, lequel a été arrêté l'an dernier pour des accusations de pots-de-vin en lien avec des contrats d'achats de masques durant la crise sanitaire du COVID.
José Luis Abalos, qui fut ministre des Transports de 2018 à 2021, a refusé l'an dernier de démissionner de son poste d'élu du PSOE à la suite de l'arrestation de Koldo Garcia, déclarant qu'il allait rejoindre un groupe parlementaire composé d'indépendants et d'élus de petits partis.
(Inti Landauro, David Latona, Charlie Devereux; version française Jean Terzian)
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