Des personnes quittent la basilique Santa Cruz (basilique de la Sainte Croix) dans la vallée de Cuelgamuros, anciennement Valle de los Caidos (vallée des morts), où se trouvait la tombe de Franco jusqu'en 2019, à San Lorenzo de El Escorial, le 20 novembre 2025, après avoir assisté à une messe marquant le 50e anniversaire de la mort du dictateur espagnol Francisco Franco. Le 19 novembre 2025, le gouvernement de gauche espagnol a annoncé 480 nouveaux événements qui se tiendront cette année pour marquer le 50e anniversaire de la mort du dictateur de droite Francisco Franco et le rétablissement de la démocratie. Franco est décédé le 20 novembre 1975, à l'âge de 82 ans, après avoir dirigé l'Espagne d'une main de fer pendant près de quatre décennies. ( AFP / Oscar DEL POZO )
Le Premier ministre Pedro Sánchez a rendu hommage au "miracle" espagnol jeudi, 50 ans jour pour jour après la mort du général Franco, appelant à "défendre la démocratie" au moment où certains jeunes se disent nostalgiques d'une époque dont l'héritage divise toujours le pays.
Aucune grande manifestation officielle n'était prévue jeudi en Espagne pour le 50e anniversaire de la disparition de Francisco Franco, mort à 82 ans après 36 ans passés à gouverner l'Espagne d'une main de fer suite à sa victoire sur les républicains lors de la guerre civile (1936-1939).
"Nous ne célébrons pas la mort du dictateur, nous célébrons le début de la fin" de la dictature, avait résumé mercredi le ministre de la Mémoire démocratique Ángel Víctor Torres, présentant une série d'évènements qui seront organisés au cours de l'année à venir.
"Ce 20 novembre marqua (...) le début d'un voyage qui devait nous mener à retrouver la liberté et la prospérité, et à reconquérir la démocratie perdue", a écrit le chef du gouvernement espagnol dans une tribune publiée sur le site d'eldiario.es, évoquant un "miracle" et un "succès presque unique".
"C'est précisément maintenant, lorsque certains idéalisent des régimes autoritaires et s'accrochent à la nostalgie d'un passé qui n'a jamais été, que nous devons faire un pas en avant pour défendre une liberté qui nous a été arrachée pendant tant d'années", a-t-il poursuivi.
"La démocratie est notre pouvoir. Défendons-la", a-t-il aussi lancé dans un message publié sur X.
- Polarisation politique -
Une personne prend des photos de la tombe de l'ancien dictateur espagnol Francisco Franco au cimetière Mingorrubio à El Pardo, au nord de Madrid, le 20 novembre 2025, à l'occasion du 50e anniversaire de la mort du général. Après son exhumation de la vallée de Cuelgamuros en 2019, la dépouille de Franco a été inhumée à El Pardo aux côtés de son épouse Carmen Polo, attirant chaque année les nostalgiques de son régime. Le 19 novembre 2025, le gouvernement de gauche espagnol a annoncé 480 nouveaux événements qui se tiendront cette année pour marquer le 50e anniversaire de la mort du dictateur de droite Francisco Franco et le rétablissement de la démocratie. Franco est décédé le 20 novembre 1975, à l'âge de 82 ans, après avoir dirigé l'Espagne d'une main de fer pendant près de quatre décennies. ( AFP / Thomas COEX )
L'anniversaire de la disparition de Franco s'inscrit en effet dans un contexte marqué en Espagne par la montée au cours des dernières années du parti d'extrême droite Vox, troisième force politique du pays aujourd'hui, et par les manifestations de nostalgie autour d'une époque idéalisée, en particulier chez certains jeunes influencés par les réseaux sociaux.
Selon une enquête publiée jeudi par El Pais, près d'un quart (24%) des 18-28 ans considèrent ainsi qu'un régime autoritaire peut "parfois" être préférable à une démocratie (12% chez les 61 ans et plus).
Quelque 40% des personnes interrogées dans cette même enquête ont une image très bonne, bonne ou neutre (ni bonne, ni mauvaise) du franquisme, contre 55% qui en ont une image mauvaise ou très mauvaise.
Cette division traverse depuis 50 ans la société espagnole, entre volonté de réhabiliter les victimes du régime et souhait de ne pas "rouvrir les blessures".
S'inscrivant aujourd'hui dans un contexte de polarisation politique extrême, elle a en outre été ravivée ces derniers jours par la publication des Mémoires de Juan Carlos, successeur désigné par Franco lui-même, et dont les propos élogieux sur le dictateur ont été très commentés.
"Je pense que dans d'autres pays, il existe un large consensus autour de la condamnation de la dictature au profit de la démocratie. Ici, nous avons toujours eu une droite qui n'a pas été claire sur cette question", a déploré jeudi le ministre de la Culture Ernest Urtasun, issu de la coalition d'extrême gauche Sumar.
- Rassemblement au cimetière -
Les partisans du dictateur espagnol Francisco Franco assistent à une messe marquant le 50e anniversaire de sa mort à la basilique de la Santa Cruz (basilique de la Sainte Croix) dans la vallée de Cuelgamuros - anciennement Valle de los Caidos (vallée des morts) - où se trouvait la tombe de Franco jusqu'en 2019, à San Lorenzo de El Escorial, le 20 novembre 2025. Le 19 novembre 2025, le gouvernement de gauche espagnol a annoncé 480 nouveaux événements qui se tiendront cette année pour marquer le 50e anniversaire de la mort du dictateur de droite Francisco Franco et le rétablissement de la démocratie. Franco est décédé le 20 novembre 1975, à l'âge de 82 ans, après avoir dirigé l'Espagne d'une main de fer pendant près de quatre décennies. ( AFP / Oscar DEL POZO )
Figure du Parti populaire (PP, opposition de droite), la présidente de la communauté de Madrid Isabel Díaz Ayuso a ainsi semblé renvoyer dos à dos les deux camps de la guerre civile jeudi devant son assemblée locale.
"J'ai appris de ces Espagnols, des parents, des grands-parents, qui ne voulaient ni une Espagne, ni l'autre, qui appartenaient à cette immense majorité d'Espagnols qui n'ont jamais souhaité la guerre civile (...) et qui craignent aujourd'hui un retour des maux de la guerre civile", a-t-elle déclaré.
Comme chaque année, quelques dizaines de nostalgiques du régime se sont aussi rassemblés jeudi sur la tombe de Franco, désormais enterré dans un cimetière proche de Madrid après avoir été exhumé de son mausolée de la Valle de los Caidos (aujourd'hui Valle de Cuelgamuros) en 2019.
"C'est quelqu'un qui a beaucoup fait pour son pays et qui n'est pas reconnu à sa juste valeur", a déclaré à un journaliste de l'AFP Luis Lopez, 48 ans, un drapeau espagnol de l'ère franquiste à la main.
Une messe doit aussi être célébrée dans la soirée de jeudi à Madrid à la demande de la famille de Franco et de la Fondation qui honore sa mémoire --dont le gouvernement vient de demander la dissolution.

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