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Emmanuel Macron, Gabriel Attal, la relation dissoute
information fournie par AFP 20/09/2025 à 14:55

Le président Emmanuel Macron, à gauche, et l'ex Premier ministre Gabriel Attal, à droite, à Paris le 25 août 2025 ( POOL / Teresa Suarez )

Le président Emmanuel Macron, à gauche, et l'ex Premier ministre Gabriel Attal, à droite, à Paris le 25 août 2025 ( POOL / Teresa Suarez )

Rien ne va plus entre Emmanuel Macron, président en difficulté ne pouvant se représenter, et Gabriel Attal, prétendant à la succession exfiltré de Matignon par la dissolution. Une mésentente au sommet, sur fond de crise politique et d'incertitude sur l'issue du quinquennat.

Juillet 2025. Devant les Jeunes avec Macron, Gabriel Attal fait un pas vers la présidentielle. Quelques minutes plus tard, le président débarque, rabroue ceux qui "ne pens(ent) qu'à 2027" et électrise les jeunes militants en lançant avoir besoin d'eux "pour les cinq", "dix ans qui viennent". Mines crispées des attalistes et du premier d'entre eux. Un député s'étonne de "la manière dont le président a humilié Attal". Et ajoute: "il passe son temps à buter tous ceux qui veulent lui succéder".

Un classique français ? La Ve République regorge de luttes entre présidents et successeurs potentiels. Surtout issus du même camp. De Gaulle-Pompidou, Giscard-Chirac, Chirac-Sarkozy... Nicolas Sarkozy, source d'inspiration pour Gabriel Attal, certes issu du PS mais dont une partie de l'entourage a fait ses classes à l'UMP, comme son bras droit Maxime Cordier.

"Quand Attal a pris le parti après Matignon, il m'a dit: +je vais faire Sarko 2004, avec une grosse convention d'investiture+", relate un député PS. Il s'était déjà emparé du groupe macroniste à l'Assemblée contre la volonté de l'Elysée. Quelques semaines après la dissolution, point d'orgue d'une mésentente qui a débuté quasiment dès son arrivée à Matignon.

La nomination du plus jeune Premier ministre de l'histoire était pourtant un coup personnel du président, contre l'avis de nombreux proches. Mais "deux semaines après, son entourage ne fait que nous savonner la planche", affirme un proche de M. Macron.

En pleine crise, l'accueil de M. Macron au Salon de l'Agriculture est dantesque. Celui du Premier ministre plus apaisé. "Il lui sabote le Salon car il n'a pas géré la crise", "ça a été le moment où le président a été physiquement le plus en danger du quinquennat", fulmine cette source pour qui, dès lors, "la confiance est rompue".

- Front républicain -

L'épisode de la dissolution a été maintes fois raconté: un Gabriel Attal hors de la confidence, informé au dernier moment. Cloîtré vingt-quatre heures durant dans la résidence primo-ministérielle de Souzy-la-Briche (Essonne). Avant de prendre en main la campagne législative. Les premières sorties du président, qui entendait s'en occuper personnellement, sont jugées catastrophiques jusque dans son camp.

Le président des députés Ensemble pour la Republique Gabriel Attal à l'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )

Le président des députés Ensemble pour la Republique Gabriel Attal à l'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )

En coulisses se noue un désaccord profond: le "front républicain" face à l'extrême-droite aux portes de Matignon.

"La vérité, c'est que la dissolution était faite pour que (Jordan) Bardella gagne", "pour qu'ils se grillent et qu'on les vire deux ans après". Mais après le premier tour, "Attal et (Stéphane) Séjourné débarquent et disent: +on va sauver la France, tout le monde se retire+" dans les circonscriptions où le RN menace, affirme un cadre macroniste.

"Attal me raconte que quand il appelait des mecs pour se désister, l’Élysée passait des coups de fil pour qu'ils se maintiennent", rapporte une source chez Renaissance.

"Il avait une trouille absolue: l’image de lui sur le perron de Matignon serrant la main de Bardella", ajoute une ministre. Côté RN, un cadre l'affirme sans ambages: "c'est Attal qui nous a battus aux élections".

Depuis, hors des réunions collectives, aucun échange. Dans cette brouille intestine, chacun se rejette la responsabilité. "Macron, il est président jusqu'au bout, quoi qu'en pense Gabriel", s'agace un soutien élyséen pour qui "Gabriel a fait un choix, de s'en distinguer, de s'en détacher, d'oublier d'où il vient".

- "Créature" -

"Attal cherche à harmoniser l’idéologie flottante du groupe, mais vous avez le président qui parasite ça par déloyauté personnelle. Tous ceux qui ont du poids sont traités par le président. En permanence, l'autorité d'Attal est minée", nuance un ancien député.

L'ex Premier ministre Michel Barnier, alors nouvellement nommé, à droite, et l'ex-Premier ministre sortant Gabriel Attal, à gauche, lors de la passation de pouvoir, à Paris le 5 septembre 2024 ( POOL / Sarah Meyssonnier )

L'ex Premier ministre Michel Barnier, alors nouvellement nommé, à droite, et l'ex-Premier ministre sortant Gabriel Attal, à gauche, lors de la passation de pouvoir, à Paris le 5 septembre 2024 ( POOL / Sarah Meyssonnier )

L'après-Matignon fut compliqué pour le jeune patron de Renaissance, symbolisé par cette passation-spectacle avec Michel Barnier. Tous les macronistes ont relevé l'absence de ses proches dans le gouvernement Bayrou. Jusqu'à la nomination de Sébastien Lecornu, fidèle du président, quand à Renaissance, on s'inquiétait d'un nouveau Premier ministre issu du parti présidentiel, signe de "surdité démocratiques".

Pour sa rentrée dimanche à Arras, M. Attal va continuer à s'affranchir du chef de l’État. A Renaissance, il multiplie les conventions thématiques. "Il reprend un parti qui n’en est pas un et qui n’a pas d’identité. C’est très compliqué", observe un cadre MoDem.

Il déroute aussi certains soutiens par ses sorties, comme sur l'interdiction du voile aux mineures ou la "GPA éthique". "Je ne comprends rien. C’est un mystère pour moi", lâche un cadre centriste. Un Insoumis se dit "stratégiquement stupéfait" quand Attal "pourrait occuper un espace plus au centre-gauche".

Ira-t-il jusqu'au bout, notamment face à Édouard Philippe ? "Attal ne sera pas président. Les gens ne voteront pas une troisième fois pour Macron". Car malgré la mésentente, "il en est la créature", juge un cadre d'Horizons.

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