( POOL / LUIS ROBAYO )
Avant les Jeux olympiques, l'ex-ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait évoqué l'obligation de répondre à la déferlante d'adhésions attendues.
L'enthousiasme des Jeux olympiques ne retombe pas. Un mois et demi après la compétition, une vague d'inscriptions est attendue en cette rentrée chez les clubs amateurs et beaucoup d'entre eux sont incapables d'y faire face. La faute notamment à un manque d'équipements, l'un des maux récurrents du sport français.
Quelques mois avant l'été, l'ex-ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait ainsi évoqué l'obligation de répondre à la déferlante d'adhésions attendues. "Mais comment on peut dire trois mois avant les JO, il faut anticiper la rentrée ?", s'interroge Denis Lafoux, directeur général de la fédération des clubs omnisports qui regroupe près de 800.000 licenciés, "les équipements, les stades, les piscines, ne poussent pas en trois mois !".
La natation enregisre 10.000 adhérents de plus
La hauteur de la vague est encore difficile à évaluer, les chiffres devant être consolidés vers la fin octobre. "Mais on sera toutefois très loin des 2,5 millions de nouveaux licenciés", sur les 15 millions que compte l'Hexagone comme l'avait espéré Amélie Oudéa-Castéra début septembre. "Un chiffre jeté en l'air", selon Denis Lafoux.
Selon Pierre Rondeau, de la fondation Jean-Jaurès, les inscriptions dans les pays organisateurs des JO enflent "de 15 à 25%" juste après l’évènement, et quelques tendances commencent à se dessiner. La natation a par exemple pris de plein fouet l'effet 'Léon Marchand', la star de ces JO avec ses quatre médailles d'or, enregistrant 10.000 adhérents de plus, pour pointer désormais à 412.000 licenciés. Idem pour le tennis de table, porté par les Frères Lebrun, qui a pris "plus de 20% d'inscriptions", selon la DTN adjointe Magali Andrier, qui anticipe près de 250.000 licenciés fin juin 2025. Le handball aussi, malgré l'échec des Bleus en quart de finale du tournoi olympique, a connu "un véritable raz de marée", selon le président de la fédération Philippe Bana, avec "18% d'inscriptions" supplémentaires.
"Les sports d’intérieur arrivent au 'craquage'"
Mais voila, si le tennis de table n'a a priori "pas de souci pour répondre à l'engouement", selon Magali Andrier, ce n'est pas le cas des deux autres. "Les sports d’intérieur arrivent au 'craquage' (saturation)", assure Philippe Bana, évoquant près de "100.000 licenciés" refusés cette année. La FFN a elle aussi tiré la sonnette d'alarme, regrettant un "parc de piscines vieux de 40 ans en moyenne", et demandant au Premier ministre "la mise en place d'un plan massif pour les piscines françaises", qui doit être "une priorité gouvernementale." "Il ne faut pas que les JO soient une porte fermée mais un tremplin", a estimé Philippe Bana.
La question des équipements sportifs, le point noir du sport français, ressurgit donc, et semble insolvable à court terme. "On a depuis longtemps un manque d'équipements sportifs en France, et les JO n'ont pas réglé le problème", résume un cadre du mouvement sportif français. A Clamart (Hauts-de-Seine), le club de volley-ball a par exemple dû refuser plus de monde que d'ordinaire lors de cette rentrée, "par manque de place et de créneau", résume Jean-Christophe Gruel, membre du comité directeur du club. "On a l'encadrement, la motivation, les contenus, et en fait on se trouve très vite à l'étroit. Nous, on savait que ça allait venir, mais cela n'a pas été anticipé. C'est un crève-coeur de refuser les enfants qui voulaient venir".
Manque de bénévoles
"Il y a aussi le manque de bénévoles depuis le Covid", rappelle Denis Lafoux, qui peut contraindre certains clubs à limiter les inscriptions. "Ça fait X années que l'on fait plein de com' sur les équipements. Mais ce sont des 'micro-trucs', ça ne répond pas aux problématiques. Et avec la baisse des crédits à venir dans le sport, ce n'est pas vraiment dans l'air du temps", estime le cadre du mouvement sportif français.
Le succès des Jeux paralympiques a visiblement aussi fait naître une nouvelle attente, que là encore les clubs peinent à combler. "On a des clubs qui nous disent ne pas avoir du tout anticipé le para-sport, alors qu'il ont des demandes", explique Denis Lafoux, "et la plupart des clubs ne sont pas en capacité de réagir".
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