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ECLAIRAGE-Ismaïl Haniyeh, négociateur en chef du Hamas en marge de la guerre
information fournie par Reuters 23/11/2023 à 19:56

Il est le visage au discours
intransigeant des négociations diplomatiques du Hamas en marge
de l'escalade du conflit dans la bande de Gaza, où sa maison
familiale a été détruite ce mois-ci dans une frappe aérienne de
l'armée israélienne, qui a mené des bombardements incessants
contre l'enclave en réponse à l'attaque du groupe palestinien le
7 octobre dans le sud d'Israël.
    Depuis le printemps 2017, Ismaïl Haniyeh est le plus haut
représentant du Hamas: le chef de son bureau politique, basé au
Qatar, d'où il peut se déplacement librement, principalement
entre la Turquie et la capitale qatarie Doha, échappant au
blocus israélien imposé de longue date à la bande de Gaza.
    Cette liberté de mouvement lui permet d'agir en tant que
négociateur en chef du Hamas dans les derniers pourparlers de
paix avec Israël, chapeautés par le Qatar, qui ont abouti à un
accord sur une trêve de plusieurs jours, à compter de vendredi,
avec la libération d'otages. Il peut aussi s'entretenir avec
l'Iran, principal soutien du groupe palestinien.
    "Tous les accords de normalisation que vous avez signés
(avec Israël) ne mettront pas fin à ce conflit", a déclaré
Ismaïl Haniyeh, à l'adresse des pays arabes, sur la chaîne de
télévision Al Jazeera peu après l'attaque du Hamas le 7 octobre
lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées, tandis que 240
personnes ont été enlevées selon les autorités israéliennes.
    En réponse à l'attaque, Israël a mené une offensive
militaire sans précédent dans la bande de Gaza, avec des
bombardements aériens qui ont dévasté des quartiers entiers de
l'enclave majoritairement urbaine et densément peuplée. Plus de
14.000 personnes ont été tuées. Parmi les victimes figurent deux
petits-enfants du sexagénaire Ismaïl Haniyeh, selon sa famille.
    
    UN FLOU SUR CE QU'IL SAVAIT EN AMONT DU 7 OCTOBRE
    Si la rhétorique d'Ismaïl Haniyeh est sans concession en
public, des diplomates arabes et des représentants dans la
région le considèrent comme quelqu'un de relativement
pragmatique, en comparaison de voix plus radicales dans la bande
de Gaza où la branche armée du Hamas, les brigades Al Qassam, a
planifié l'attaque du 7 octobre dans le sud d'Israël.
    Tout en déclarant publiquement que l'armée israélienne
serait "ensevelie dans les sables de Gaza", Ismaïl Haniyeh et
son prédécesseur à la tête du bureau politique du Hamas, Khaled
Mechal, ont multiplié les déplacements dans la région pour les
négociations sur un cessez-le-feu avec Israël.
    L'Etat hébreu considère l'ensemble des dirigeants du Hamas
comme des terroristes, accusant Ismaïl Haniyeh, Khaled Mechal et
d'autres de continuellement "tirer les ficelles" des activités
terroristes du groupe palestinien.
    Un flou demeure toutefois sur l'étendue de ce qu'Ismaïl
Haniyeh savait de l'attaque du Hamas avant le 7 octobre. Le
projet, préparé à Gaza par le conseil militaire du Hamas et son
cerveau Mohammed Deif, était un secret tellement protégé que
certains représentants du Hamas ont semblé choqués par le
déclenchement de l'attaque et son ampleur.
    Musulman sunnite, Ismaïl Haniyeh a cependant joué un rôle
majeur dans le développement des capacités de combat du Hamas,
en entretenant notamment les liens avec l'Iran chiite, alors que
Téhéran apporte publiquement de longue date un soutien moral et
matériel au Hamas tout en réfutant toute participation à
l'attaque du 7 octobre. 
    Au cours de la décennie durant laquelle Ismaïl Haniyeh fut
le plus haut représentant du Hamas dans la bande de Gaza, Israël
a accusé les dirigeants du groupe palestinien de contribuer au
détournement de l'aide humanitaire arrivant dans l'enclave, au
profit des brigades Al Qassam. Le Hamas a rejeté ces
accusations.
    
    "IL MÈNE LA BATAILLE POLITIQUE"
    Quand Ismaïl Haniyeh a quitté Gaza en 2017, sa relève a été
assurée par Yahya Sinwar, un jusqu'au-boutiste ayant été détenu
pendant plus de deux décennies dans des prisons israéliennes
jusqu'à sa libération en 2011 dans le cadre d'un échange de
prisonniers.
    "Haniyeh mène la bataille politique du Hamas avec les
gouvernements arabes", a déclaré Adeeb Ziadeh, spécialiste des
questions palestiniennes à l'université du Qatar, indiquant
qu'Ismaïl Haniyeh avait des liens étroits avec des personnalités
plus extrémistes du Hamas ainsi qu'avec sa branche armée.
    "Il constitue le front politique et diplomatique du Hamas",
a-t-il ajouté.
    Ismaïl Haniyeh et Khaled Mechal ont rencontré des
représentants en Egypte, qui sert aussi de médiateur dans les
négociations entre Israël et le Hamas et qui partage un point de
passage frontalier avec la bande de Gaza - le passage de Rafah,
unique axe via lequel est acheminée de l'aide humanitaire depuis
que le nouveau conflit a éclaté.
    D'après la presse officielle iranienne, Ismaïl Haniyeh s'est
aussi rendu début novembre à Téhéran pour s'entretenir avec le
guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
    Trois représentants de haut rang ont déclaré à Reuters qu'à
cette occasion Ali Khamenei avait informé Ismaïl Haniyeh que
l'Iran n'entrerait pas en guerre, faute d'avoir été prévenu en
amont de l'attaque du 7 octobre. Le Hamas n'avait alors pas
répondu à des demandes de commentaires, puis a nié les éléments
rapportés par Reuters une fois publiés.
    Alors qu'Ismaïl Haniyeh se déplaçait dans la région, Israël
a déclaré le 16 novembre avoir mené une frappe aérienne contre
sa maison, à Al Chati, le camp gazaoui de réfugiés où il est né
en 1962. Tsahal a dit considérer la maison d'Ismaïl Haniyeh
comme un lieu où se tenaient régulièrement des réunions de
cadres du Hamas destinées à "diriger des attaques terroristes".
    
    UN PROTÉGÉ DU DÉFUNT FONDATEUR DU HAMAS
    Etudiant militant à l'université islamique de la ville de
Gaza durant sa jeunesse, Ismaïl Haniyeh a rejoint le Hamas dès
sa création, en 1987, lors de la première Intifada
(soulèvement). Il fut arrêté et brièvement exilé.
    Devenu un protégé du fondateur du Hamas, Cheikh Ahmed
Yassine, qui était un réfugié du village d'Al Joura, près
d'Achkelone, comme la famille Haniyeh, il avait dit à Reuters en
1994 que Yassine était un modèle pour les jeunes palestiniens.
    "Nous avons appris de lui l'amour de l'islam et le sacrifice
pour l'islam, et de ne pas s'agenouiller devant ces tyrans et
despotes", avait déclaré à l'époque Ismaïl Haniyeh.
    Il est devenu par la suite, en 2003, un proche conseiller de
Cheikh Ahmed Yassine, une photo le montrant tenir un téléphone à
l'oreille du fondateur du Hamas, alors presque complètement
paralysé, afin que celui-ci puisse prendre part à une
conversation. Yassine a été assassiné par Israël en 2004.
    Ismaïl Haniyeh est un partisan de longue date de l'entrée du
Hamas en politique, déclarant en 1994 que former un parti
politique permettrait au Hamas "de gérer les développements
émergents".
    D'abord rejetée par les dirigeants du Hamas, cette idée a
finalement été approuvée. Quand le Hamas a remporté les
élections législatives à Gaza en 2006, soit un an après le
retrait de l'armée israélienne de l'enclave, Ismaïl Haniyeh est
devenu le Premier ministre palestinien. Le Hamas a pris le
contrôle de la bande de Gaza en 2007.
    En 2012, lorsque des journalistes de Reuters lui avaient
demandé si le Hamas avait abandonné la lutte armée, Ismaïl
Haniyeh avait répondu: "Bien sûr que non". Il avait ajouté que
la résistance allait continuer "sous toutes ses formes -
résistance populaire, politique, diplomatique et militaire".

 (Reportage Samia Nakhoul et Stephen Farrell; rédigé par Jean
Terzian)

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