
Des rouleaux d'acier sont posés avant que le président américain ne prenne la parole lors d'un rassemblement à US Steel - Irvin Works dans la banlieue de Pittsburgh à West Mifflin, en Pennsylvanie, le 30 mai 2025. ( AFP / SAUL LOEB )
Déjà ciblés lors de son investiture à la Maison-Blanche en 2017, l'acier et l'aluminium vont voir leur surtaxe doubler. Cette directive a peu de chances de bénéficier à l'économie américaine, selon des experts.
Premier mandat de Trump : les premières surtaxes sur l'acier et l'aluminium
Lors de son premier passage à la Maison Blanche (2017-2021), le président américain avait déjà imposé des surtaxes de 25% sur l'acier, et de 10% sur l'aluminium , pour tenter de protéger l'industrie américaine et ses électeurs, dont beaucoup viennent de la Rust Belt industrielle dans le Middle West.
Les 12 derniers hauts-fourneaux en service aux Etats-Unis appartiennent à US Steel, basé à Pittsburgh (Pennsylvanie), et Cleveland Cliffs (Ohio).
Mais cette mesure a eu un impact très limité, souligne Ruben Nizard, économiste chez l'assureur Credit Coface.
Certes, les importations américaines d'acier ont baissé de 24% sur la période et celles d'aluminium de 31% selon un bilan de la commission du commerce internationale américaine . "Mais aucun bénéfice clair n'est apparu ni en termes d'emploi ni en terme de production, et les prix ont augmenté", nourrissant l'inflation, remarque Ruben Nizard.
La tonne d'acier plat américain s'échangeait fin mai à 993 dollars sur le marché spot (au comptant), contre 715 dollars pour la tonne d'acier européen et 384 dollars pour la tonne d'acier chinois, a relevé Marcel Genet, du cabinet Laplace Conseil, spécialisé dans l'acier.
Le Canada, plus fournisseur d'acier des Etats-Unis
La planète a produit 1,84 milliard de tonnes d'acier brut l'an passé (-0,9% par rapport à 2023), dont plus de la moitié (1 milliard) vient de Chine, premier sidérurgiste mondial, selon le dernier bilan de l'association World Steel portant sur 71 pays représentant 98% de la production mondiale.
Les Etats-Unis sont le quatrième producteur mondial, avec 79,5 millions de tonnes (-2,4%). Ils sont parallèlement le deuxième importateur mondial, avec 26,4 millions de tonnes importées en 2023 , derrière l'Union européenne (39,2 millions).
Les Etats-Unis s'approvisionnent en premier lieu au Canada, avec 5,95 millions de tonnes importées en 2024 , selon le ministère américain du commerce. Derrière, arrivent le Brésil (4,08 millions) et l'UE (3,89 millions).
Le Mexique fournit 3,19 millions de tonnes, la Corée du Sud 2,5 millions, devant le Vietnam, le Japon et Taiwan, tous autour d'un million, et la Chine environ 470.000 tonnes.
Un problème de surcapacité
Les prix mondiaux de l'acier avaient beaucoup baissé depuis un an en raison d'une surcapacité mondiale, évaluée par l'OCDE entre 500 et 560 millions de tonnes .
La majorité vient de Chine ou de sidérurgistes chinois installés en Asie du sud-est qui inondent les marchés, se plaignent les industriels européens et américains qui soupçonnent la Chine de subventionner massivement sa production.
L'économie de l'acier, traditionnellement cyclique, est désormais face à un problème "structurel" de surcapacité , soulignent des experts. Mais la politique douanière américaine ne risque pas d'améliorer la balance commerciale américaine, selon Marcel Genet, qui prévoit même tout l'inverse.
S'appuyant sur des chiffres de l'association World Steel, il relève que les Etats-Unis, sur les cinq dernières années, ont importé annuellement en moyenne, "de l'ordre de 24 millions de tonnes d'acier " comme matière première, pour quelque 150 milliards de dollars.
Dans le même temps, aux Etats-Unis, les importations indirectes se sont élevées en moyenne à environ 22 millions de tonnes d'acier sous forme de produits manufacturés , comme les voitures notamment, pour une facture qui représenterait le triple, quelque 400 milliards de dollars, compte tenu de leur forte valeur ajoutée. "C'est le prix des restrictions que font les tarifs imposés par l'administration Trump", conclut Marcel Genet.
Avec des surtaxes douanières de 50%, la majeure partie de l'acier européen se retrouve "de fait soumise à une interdiction d'exportation" vers les Etats-Unis, estime de son côté Eurofer, lobby européen de l'acier, pour qui même les produits sidérurgiques européens les plus compétitifs et de la plus haute qualité "seront exclus" du marché.
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