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Devant la "commission Bétharram", Bayrou se défend de toute faute
information fournie par Reuters 14/05/2025 à 23:55

Bayrou a été auditionné à l'Assemblée nationale par la "commission Bétharram".

Bayrou a été auditionné à l'Assemblée nationale par la "commission Bétharram".

par Elizabeth Pineau

Un François Bayrou à l'offensive a affirmé mercredi à l'Assemblée nationale n'avoir "jamais changé de version" et défendu sa position quant à son degré de connaissance des mauvais traitements commis au sein de l'établissement scolaire catholique béarnais Notre-Dame de Bétharram.

Le Premier ministre français, âgé de 73 ans, a émis le souhait que les travaux de la commission d'enquête sur "les modalités du contrôle par l'Etat des violences dans les établissements scolaires" (140 auditions au total) nourrisse l'émergence d'un "#Metoo de l'enfance".

"Le premier mot qui me vient à cette audition c'est 'enfin'", a-t-il dit juste après avoir prêté serment, exprimant sa "reconnaissance à ceux qui ont permis de dévoiler ce qui devait l'être", parlant aussi du "continent caché de l'enfance violentée".

Documents et dates à l'appui, il a notamment répondu aux insistantes questions du député Paul Vannier (La France insoumise), qui l'a notamment accusé d'avoir "changé quatre fois de version", entre le 11 et le 18 février dernier, devant la représentation nationale.

"Ma version n'a pas varié", a rétorqué François Bayrou. "On entendait parler de ces gifles (...) mais jamais je n'ai entendu parler de violences graves, jamais de violences sexuelles et c'est uniquement par la presse en 1995 et 1997 que j'en ai entendu parler".

Au cours d'une audition de près de cinq heures et demie, la commission a cherché à déterminer ce que savait le chef du gouvernement des abus commis à Bétharram et dans quelle mesure il aurait pu y répondre en tant que maire de Pau, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, député et ministre de l'Éducation nationale (1993-97).

L'affaire revêt une dimension personnelle car la fille aînée de François Bayrou, Hélène Perlant, a révélé dans un livre paru en avril avoir été violentée à Notre-Dame de Bétharram, où ont été scolarisés trois des six enfants du Premier ministre.

Entrée à Bétharram en 1987, Hélène Perlant a déclaré que son père n'était pas au courant et ne "pouvait pas comprendre" le "dispositif pervers" au sein de l'établissement d'où son dernier frère est sorti en 2002.

François Bayrou a lancé en 1996, en tant que ministre de l'Education, un rapport d'inspection qui avait conclu que Bétharram n'était "pas un établissement où les élèves sont brutalisés".

"Est-ce qu'il y avait des méthodes un peu rudes ? Sûrement oui. Est-ce qu'aujourd'hui, elles seraient acceptées ? Sûrement non", a-t-il dit devant la commission. "Est-ce qu'on en était informé ? Non. Et dans le rapport, le directeur dit qu'ils ont changé leurs méthodes".

"On dirait que vous les dédramatisez parce que c'était il y a 30 ans", lui a lancé la présidente, la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi.

"JE NE CONNAIS RIEN DE PIRE"

François Bayrou a qualifié d'"affabulations" certaines déclarations d'une ancienne professeure l'ayant accusé d'avoir fermé les yeux sur des maltraitances à Bétharram.

Le Premier ministre a aussi précisé son "intimité de voisin" avec le juge Christian Mirande, qui a instruit une affaire de viol visant le père Carricart, directeur de l'institution de 1987 à 1993 (et qui s'est suicidé depuis).

"Je n'ai pas le souvenir" de conversations avec lui, a dit François Bayrou. Christian Mirande "a dit qu'il n'a pu rien me dire qui ne soit pas dans le journal de la veille. Jamais il n'a trahi le secret de l'instruction et jamais je n'ai demandé qu'il trahisse le secret de l'instruction."

L'actuelle ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, a demandé une inspection dont les conclusions n'ont pas encore été publiées.

Les députés ont interrogé François Bayrou sur des violences concernant d'autres établissements et sur la gifle qu'il avait donnée à un enfant qui lui faisait les poches à Strasbourg lors de la campagne présidentielle de 2002. L'ancien candidat à l'Elysée a évoqué "un geste éducatif", de "père de famille".

Estimant avoir "été sali tous les jours pendant quatre mois", accusé de "protéger des pédocriminels", François Bayrou dénoncé les attaques politiques "de ceux qui veulent abattre ce gouvernement, abattre le suivant et le suivant encore."

"Je veux qu'on prenne acte que ces accusations sont infondées", a dit celui qui avait posé deux livres devant lui : "Le silence de Bétharram", dans lequel témoigne sa fille, et "La Meute" sur les coulisses de LFI.

"Je ne connais rien de pire, rien de plus abject que des adultes utilisant des enfants comme objets sexuels", a-t-il aussi déclaré.

Sur TF1 mardi soir, Emmanuel Macron a pris la défense de celui qu'il a nommé à Matignon en décembre dernier. "Je sais qui il est et j'ai confiance en lui", a dit le président.

Avant l'audition, des élus d'opposition, comme le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, ont évoqué une démission du chef du gouvernement s'il avait "participé à l'omerta".

Sur BFMTV, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s'est dit "écoeuré par ce procès politique".

(Reportage Elizabeth Pineau, avec la contribution de Nicolas Delame, édité par Kate Entringer, Blandine Hénault et Jean Terzian)

3 commentaires

  • 15 mai 08:54

    Bayrou a la mémoire sélective tout comme dans l'affaire des assistants parlementaires du Modem.


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