"Il n'y a aucun cadavre dans le placard budgétaire de la France", a tranché Mathieu Lefèvre, pour qui les gouvernements successifs ont eu une réaction "appropriée" au dérapage.

Mathieu Lefèvre à Paris, le 22 octobre 2024. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Le gouvernement n'a commis aucune faute politique ayant entraîné le dérapage du déficit public en 2024, a estimé mardi 25 mars le député macroniste Mathieu Lefèvre, qui a préféré pointer une "erreur technique lourde" de Bercy. Il a plaidé pour que l'estimation du déficit public soit à l'avenir confié à un "organisme indépendant" pour écarter tout "soupçon".
Cette déclaration a suscité la colère d'Éric Ciotti (UDR), son co-rapporteur à la commission d'enquête de l'Assemblée nationale chargée de faire la lumière sur les causes de ces dérapages, évoquant sur X des méthodes de "petit télégraphiste de la macronie".
"Il n'y a aucun cadavre dans le placard budgétaire de la France", a déclaré Mathieu Lefèvre lors d'une conférence de presse : "Il y a eu une erreur d'évaluation des recettes qui est majeure, de l'ordre de 60 milliards d'euros -20 milliards d'euros en 2023, 40 milliards d'euros en 2024".
"Cette erreur est imputable aux services de Bercy" , a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas une erreur politique dans la mesure où la recette fiscale ne fait pas l'objet d'un arbitrage politique".
Après un premier dérapage à 5,5% du PIB en 2023, le déficit public est attendu autour de 6% en 2024 , un chiffre très éloigné des 4,4% prévus à l'automne 2023. Il sera dévoilé par l'Insee jeudi.
Mathieu Lefèvre a indiqué s'exprimer à titre personnel. "La lecture que je fais" au terme d'une trentaine d'auditions de responsables politiques et d'administrations de Bercy, "c'est que nous sommes confrontés entre 2023 et 2024 à une faute technique lourde" , a-t-il développé. Outre les recettes fiscales moins dynamiques, il a pointé les dépenses supplémentaires des collectivités locales.
Une réaction "appropriée des gouvernements"
"La réaction politique des gouvernements qui se sont succédé en 2023 et 2024 a été, me semble-t-il, appropriée, tout en étant contestée par les oppositions", a-t-il ajouté, rappelant le gel de 10 milliards d'euros de crédit, le doublement des franchises médicales ou la sortie progressive des dispositifs de crise.
Le député a jugé nécessaire de confier la prévision des recettes à "un organisme indépendant", le Haut conseil des finances publiques : "Il n'y aura plus de soupçon sur la prévision" alors que les prévisions de croissance se sont elles révélées relativement correctes.
Selon Mathieu Lefèvre, des "errements des prévisions" de recettes, dus aux crises sanitaire et énergétique, ont été constatés également en Allemagne et au Royaume-Uni.
La commission d'enquête rendra ses conclusions prochainement, selon lui.
Éric Ciotti a vivement réagi sur X : "En publiant ses pseudo-conclusions du rapport de la commission d'enquête sur la dérive des comptes publics, Mathieu Lefèvre contrevient aux règles les plus élémentaires de notre Parlement ", a tancé le député des Alpes-maritimes. "En tant que co-rapporteur, je condamne ces méthodes de petit télégraphiste de la macronie, qui ne cherchent qu'à minimiser les responsabilités de certains politiques", a-t-il conclu.
Le député Charles de Courson (Liot), rapporteur de la commission des finances et également membre de la commission d'enquête, a de son côté annoncé une conférence de presse mercredi pour présenter sa contribution aux travaux de la commission.
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