Un membre de l'équipe de sécurité de la prison devant le centre de détention de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 24 novembre 2025 ( AFP / Sameer AL-DOUMY )
Un détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) a quitté lundi l'établissement vers 07H40 pour une permission de sortir "employeur" qui fait polémique, a constaté l'AFP sur place.
L'AFP a vu plusieurs véhicules sortir au même moment, dont une voiture banalisée ainsi qu'un van SNCF. Le calme autour de la prison est rapidement revenu dans la foulée.
"Il est parti" a ensuite confirmé à l'AFP David Lacroix, délégué FO Pénitentiaire à Vendin-le-Vieil.
Une sortie dans ce cadre se fait sans escorte, mais un "dispositif" sera toutefois mis en place toute la journée, a assuré dimanche l'entourage du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez à l'AFP.
"Il n'est pas surveillé, il n'est pas escorté. Il y a quelqu'un de son entourage qui est venu le chercher et (...) conformément à la décision judiciaire qui a été rendue par le juge judiciaire, il va d'un point A à un point B pour préparer, muscler, renforcer sa réinsertion", a affirmé lundi son avocate Me Marie Violleau sur BFMTV.
Le détenu, libérable en 2029, a rendez-vous avec un potentiel employeur dans l'agglomération lyonnaise. Il devrait s'y rendre en TGV depuis Lille, selon David Lacroix.
Sa permission de sortir, accordée par un juge d'application des peines malgré un avis défavorable du parquet de Béthune et confirmée par la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Douai, court jusqu'à 21H00.
Selon une source syndicale, il s'agit de Ouaihid Ben Faïza, 52 ans, membre important d'un vaste réseau de trafic de drogue de Seine-Saint-Denis.
En 2014, alors qu'il était incarcéré à la prison de Villepinte depuis trois ans, Ouaihid Ben Faïza s'était évadé avec l'aide d'un commando armé à sa sortie d'une consultation à l'hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines.
La permission de sortir d'un détenu avec un tel profil a été abondamment commenté depuis ce week-end, suscitant notamment l'indignation de syndicats d'agents pénitentiaires.
Des membres de l'équipe de sécurité de la prison devant le centre de détention de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, le 24 novembre 2025 ( AFP / Sameer AL-DOUMY )
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a exprimé dimanche son intention de modifier les règles d'application des peines en matière de criminalité organisée, en créant, comme en matière de terrorisme, "un droit spécifique et un juge d'application spécialisé qui connaît parfaitement les profils dangereux".
"Il faut du bon sens, tout simplement", selon Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP UNSa Justice dans les Hauts-de-France, présent lundi matin à Vendin-le-Vieil.
Une telle permission de sortie de droit commun, "ça ne va pas avec les conditions d'isolement" prévues pour les détenus narcotrafiquants dans les QLCO créés depuis cette année. "On a dit qu'il fallait les couper du monde (...) et aujourd'hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul", a ajouté M. Vaugrand.
Passer son entretien en visioconférence "ne lui aurait pas permis de montrer qu'il était digne de la confiance que l'autorité judiciaire plaçait en lui", a estimé Me Violleau sur BFMTV.

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