
Vue générale d'un kit anti-dopage utilisé par l'ITA (Agence internationale de contrôle).
par Julien Pretot
L'Union cycliste internationale (UCI) a intensifié sa lutte contre le dopage mécanique en recourant à des méthodes fondées sur le renseignement pour combattre les soupçons de tricherie de plus en plus sophistiquée dans le cyclisme professionnel.
En plus du contrôle des vélos par des tablettes magnétiques et des scanners à rayons X, l'UCI emprunte ses méthodes aux forces de l'ordre - constitution de sources confidentielles, cartographie des profils de risque et suivi des changements de vélo en temps réel - pour garder une longueur d'avance.
Le dopage mécanique - les coureurs utilisant des moteurs dissimulés - a attiré l'attention dans les années 2010 et a mené en 2016 à la suspension de six ans de la Belge Femke Van Den Driessche après la découverte d'un moteur contrôlé par bluetooth dans son tube de selle lors d'une épreuve de cyclo-cross.
Depuis, l'UCI a élargi son arsenal de détection, en contrôlant quotidiennement jusqu'à 60 vélos pendant le Tour de France. Tous les vélos contrôlés depuis le départ du Tour à Lille, le 5 juillet, étaient conformes.
"Nous avons la possibilité d'aller plus loin dans nos examens, qu'il s'agisse d'un démontage partiel du vélo pour examiner certains composants, d'agir en fonction des soupçons, d'agir en fonction des informations dont nous disposons", a déclaré mercredi à Reuters Nick Raudenski, chef de la lutte contre la fraude technologique de l'UCI.
Cet ancien enquêteur criminel au sein du département américain de la sécurité intérieure a pris ses fonctions en mai 2024 et a immédiatement insisté sur la nécessité d'une nouvelle approche.
"Le contrôle des vélos est quelque chose que j'ai toujours comparé (...) au fait de jeter un hameçon au milieu d'un lac pour essayer d'attraper un poisson", a-t-il déclaré.
"Si vous n'avez pas de stratégie, vous n'êtes pas informé sur la manière d'attraper le poisson, sur le bon moment de la journée, sur le type de poisson et sur l'endroit où vous pouvez l'attraper."
PENSER COMME UN FRAUDEUR
Une partie de cette stratégie consiste à penser comme les fraudeurs.
"Mon idée est de me mettre dans la peau d'un fraudeur. Comment ferais-je cela et comment m'en sortirais-je ? Cela fait partie de mon expérience d'enquêteur criminel : j'essaie de penser non pas à ce que nous savons, mais à ce que nous ne savons pas", a-t-il déclaré.
Le défi consiste à innover sans relâche.
"C'est un peu une course à l'armement technologique. Les composants deviennent plus légers, plus petits. Ils sont plus faciles à dissimuler, donc plus difficiles à détecter", a-t-il poursuivi.
"Il est donc toujours difficile de rester en avance sur ce qui est potentiellement possible."
Pour Nick Raudenski, la mission est claire : faire en sorte que les fans continuent de croire en ce sport.
"Les gens ont encore besoin de croire, au moins du point de vue de la fraude technologique, et que sur une étape comme hier (mardi), ils ne pensent pas immédiatement 'Ils doivent avoir un moteur'," a-t-il dit.
(Reportage de Julien Pretot, version française Vincent Daheron)
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