Deux avions avaient failli entrer en collision fin 2022 à l'aéroport de Bordeaux. Un système officieux d'arrangements entre chefs d'équipe et personnels avait notamment été pointé du doigt.

Le tour de contrôle de l'aéroport de Bordeaux-Merignac, en septembre 2024 (illustration) ( AFP / THIBAUD MORITZ )
Après un "incident grave" fin 2022 qui avait montré une organisation du travail défaillante, les contrôleurs aériens français devront passer par une badgeuse biométrique lors de leur prise de poste, a plaidé dimanche 8 septembre le ministre des Transports.
Un décret "autorisant la création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé 'SPS, système de vérification de la présence sur site' des contrôleurs aériens, a été publié aujourd'hui" dimanche au Journal officiel, a annoncé le ministère des Transports dans un communiqué. Si les aiguilleurs du ciel ont annoncé un mouvement de grève en vue du 18 septembre, le rejet de ce nouveau système de pointage ne fait pas partie de leurs revendications.
L'instauration d'un tel dispositif faisait partie des recommandations du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), à la suite du drame évité de justesse en décembre 2022 à l'aéroport de Bordeaux. Deux avions avaient failli entrer en collision, et le BEA en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des contrôleurs.
Dès 2010, la Cour des comptes avait déjà, dans un rapport, jugé "inacceptable" le système d'autorisations d'absences opaque dans le contrôle aérien. Avec ce système officieux, les chefs d'équipe autorisaient, lors de périodes de faible trafic, une partie des personnels à ne pas se présenter au travail, sans être ni en repos ni en formation .
"J'ai souhaité mener à terme cette réforme essentielle. L'installation de la pointeuse biométrique répond à une exigence de renforcement de la sécurité, dans le respect des recommandations formulées par les autorités compétentes", a affirmé le ministre des Transports, Philippe Tabarot, cité dans un communiqué.
Système déployé d'ici fin 2025
Son ministère a souligné que la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) avait validé le principe de recours à la biométrie, "considérant qu'il est légitime et proportionné aux enjeux de sécurité du contrôle aérien". "Le système, qui va pouvoir désormais être mis en œuvre, sera opérationnel dans les principaux centres d'ici à la fin de l'année", a complété le ministère.
La publication du décret intervient à 11 jours d'un appel à la grève du principal syndicat d'aiguilleurs du ciel, le SNCTA, qui réclame un rattrapage salarial de l'inflation et une évolution de la gouvernance de la profession. Le SNCTA a néanmoins souligné début septembre que le rejet de l'instauration de badgeuses biométriques ne faisait pas partie de ses revendications. Début juillet, à l'orée des vacances scolaires, le trafic aérien européen avait été perturbé par une grève lancée par le deuxième syndicat français de la profession, l'Unsa-Icna. Parmi ses griefs figuraient la "surveillance généralisée qui s'installe", dont la mise en place des badgeuses.
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