Cette prise de position du lobby des plus grandes entreprises du pays intervient au lendemain de l'appel du patron de Medef, qui exhorte les chefs d'entreprise à faire valoir leur "contribution essentielle" au bien public. En filigrane : le débat sur la taxation des plus riches, médiatique taxe Zucman en tête.

Patricia Barbizet, à Marseille, le 8 mai 2024 ( POOL / LUDOVIC MARIN )
"L'ampleur de leur contribution aux finances publiques témoigne de leur rôle incontournable dans le modèle français". L'Afep, lobby patronal qui représente les 117 plus grandes entreprises françaises, a présenté mercredi 24 septembre les chiffres de leur contribution à l'économie française et leur "apport décisif" à celle-ci, selon sa présidente Patricia Barbizet.
Ces déclarations font écho à celles du Medef, qui par la voix de son président, a défendu la place des entreprises dans la société. "Nous devons revendiquer (notre) contribution essentielle au bien public", a ainsi lancé Patrick Martin mardi 23 septembre, alors que "circulent frénétiquement avec un niveau de décibels extrêmement élevé, certaines théories dangereuses pour nos entreprises", en allusion en particulier à la proposition de taxe Zucman, qui consisterait à imposer à 2% minimum par an le patrimoine, y compris professionnel, des 1.800 Français les plus riches. "On voudrait signifier que (les entreprises) ne sont que des actionnaires assoiffés de dividendes et indifférents à l'intérêt général", a t-il ajouté, dénonçant "une contre-vérité que nous ne devons pas laisser s'installer".
85 milliards d'euros de prélèvements obligatoires
L'enquête de l'Afep, dont c'était la dixième édition, mais qui était jusqu'à présent rarement mise en avant pour le grand public, montre que les membres de l’association française des entreprises privées ont représenté à elles seules en 2024 13% du PIB marchand (les biens et services vendus et achetés), ont employé 2,1 millions de salariés en France, soit 12% de l’emploi privé, et 8,1 millions en tout dans le monde.
Surtout, souligne l'Afep, elles ont versé 85,1 milliards d’euros de prélèvements obligatoires, soit 19% du total versé par les entreprises. L'association s'attend à ce que ce total augmente encore de 10% en 2025, en raison des hausses votées dans le budget de cette année (surtaxe d'impôt sur les sociétés, suppression d'allègements de charges...).
Les entreprises membres versent en France une masse salariale de 164 milliards d’euros, et l'Afep observe que la rémunération mensuelle moyenne, 3.339 euros nets, est supérieure de 22% à la moyenne nationale. Elles annoncent aussi avoir distribué en 2024 13,8 milliards d’euros d’épargne salariale en participation et intéressement, soit 32% du total national, ou 3.648 euros par salarié et par an. Ces entreprises réalisent par ailleurs, selon l'enquête, 50% de la recherche privée française, avec 20 milliards d'euros de dépenses en Recherche et développement, et 110.000 chercheurs.
Au total, selon l'Afep, la valeur que ses entreprises produisent en France se répartit à 60% pour les salariés, 20% pour l’investissement, 15% pour les prélèvements obligatoires et 5% pour les actionnaires. L'enquête "confirme l’apport décisif des grandes entreprises à l'économie française et à notre modèle social", commente Patricia Barbizet dans un communiqué. "L'ampleur de leur contribution aux finances publiques témoigne de leur rôle incontournable dans le modèle français", insiste-t-elle.
Le thème de la justice fiscale et de prélèvements accrus sur les plus riches, notamment via une "taxe Zucman" de 2% sur leur patrimoine pour les 1.800 plus fortunés -parmi lesquels de nombreux entrepreneurs- est au cœur du débat budgétaire en préparation. Les organisations représentant beaucoup d'entreprises de taille grande ou intermédiaire, comme le Medef ou le Meti, se sont déjà élevées avec virulence contre un tel projet, soulignant un risque d'exil fiscal des plus riches.
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