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Chine, tarifs de Trump et industrie du numérique : la nouvelle guerre de l'acier en trois points
information fournie par Boursorama avec Media Services 10/02/2025 à 18:02

Les hausses de tarifs douaniers sur l'acier annoncées aux Etats-Unis viennent compliquer un peu plus la donne sur ce marché, vieux comme l'industrie mais stratégique pour de nombreux secteurs, déjà déstabilisé par la surproduction chinoise et les difficultés des hauts fourneaux européens. La guerre commerciale promise par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche doit entrer lundi dans une nouvelle phase, avec la mise en place attendue de droits de douanes de 25% sur l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis. Lors de son premier mandat (2017-2021), le président américain avait déjà imposé des droits de douane sur l'acier et l'aluminium pour protéger l'industrie américaine, confrontée selon lui à une concurrence déloyale.

(illustration) ( AFP / MICHAEL MATHES )

(illustration) ( AFP / MICHAEL MATHES )

Qui exporte de l'acier vers les Etats-Unis?

La production mondiale d'acier brut a atteint 1,89 milliard de tonnes en 2023, dont plus de la moitié (1,02 milliard de tonnes) produits par la Chine, premier fabricant mondial, selon les derniers chiffres disponibles de World Steel.

Les Etats-Unis, loin derrière, avec 81 millions de tonnes produites, ont importé 26,4 millions de tonnes de ce métal en 2023, ce qui en fait le deuxième importateur mondial derrière l'Union européenne (UE).

Ils s'approvisionnent en premier lieu au Canada, avec 5,95 millions de tonnes importées en 2024, selon l'administration américaine du commerce. Derrière, arrivent le Brésil et l'UE, avec respectivement 4,08 millions et 3,89 millions de tonnes.

Le Mexique fournit 3,19 millions de tonnes, la Corée du Sud 2,5 millions, devant Vietnam, Japon et Taiwan, tous autour d'un million, et la Chine environ 470.000 tonnes.

Pourquoi Trump parle-t-il de concurrence déloyale ?

Les prix mondiaux de l'acier ont beaucoup baissé depuis un an en raison d'une surproduction mondiale.

D'après l'OCDE, l'excédent mondial d'acier oscille entre 500 et 560  millions de tonnes. "La majorité vient de Chine qui inonde les marchés mondiaux", indique à l'AFP un industriel européen de l'acier requérant l'anonymat.

"Les capacités de production aux Etats-Unis et en Europe sont historiquement globalement équilibrées et adaptées à la demande intérieure, mais en Asie du Sud-Est, elles dépassent de loin la demande. Il y a encore 100 millions de tonnes de production supplémentaire prévue si l'on regarde les projets d'installation de nouvelles usines sidérurgiques" dans cette région, "dont 80% viennent d'acteurs chinois", ajoute cette source.

L'économie de l'acier, qui était cyclique depuis 50 ans, est donc désormais face à un problème "structurel" de surproduction, soulignent les experts.

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Or la Chine a fortement réduit sa consommation, notamment en raison de l'arrêt de ses immenses chantiers de construction. De plus, elle est soupçonnée de subventionner plus ou moins directement ses productions, pesant sur les prix, ce qui met en difficulté les acteurs traditionnels européens et américains.

US Steel, en difficulté, a ainsi fait l'objet d'une tentative de rachat par Nippon Steel, bloquée par Joe Biden puis par Donald Trump qui négocie pour obtenir des "investissements" japonais. L'allemand ThyssenKrupp a annoncé des milliers de suppressions d'emplois.

Pour illustrer l'intensité de la guerre commerciale actuelle, l'industriel européen interrogé par l'AFP souligne que "la Chine a exporté l'an dernier entre 110 et 120 millions de tonnes, soit pratiquement la consommation européenne", qui se situe à 126 millions de tonnes par an.

Pourquoi l'acier est-il encore stratégique à l'heure du numérique ?

L'acier, qui fut au coeur de la révolution industrielle partie d'Europe au 19e siècle, est toujours stratégique pour l'économie mondiale. Il est à la base de nombreux autres secteurs de l'industrie traditionnelle: en 2023, plus de la moitié (52%) de l'acier produit était encore destiné à la construction, tandis que l'automobile en absorbait 12%.

L'armement, le ferroviaire et les autres moyens de transport figurent aussi parmi ses gros clients. Mais l'acier est aussi essentiel pour la transition énergétique (éoliennes) et numérique (centres de données).

Son procédé de fabrication, qui utilise du charbon pour retirer l'oxygène du minerai de fer, en fait toutefois le secteur industriel le plus fortement émetteur de gaz à effet de serre.

Le secteur a entamé une transition en recyclant davantage de vieilles ferrailles dans des fours électriques et en planifiant des installations au gaz et à l'hydrogène pour se passer du charbon.

En Europe notamment, des investissements massifs sont prévus pour la décarbonation, mais sont actuellement suspendus en raison de ce contexte de guerre des prix et de surproduction, et de la baisse de la consommation d'acier en Europe.

7 commentaires

  • 10 février 19:34

    Un secteur stratégique mais pas rentable depuis 40 ans au moins.., tout le monde peut en faire: pas assez de technologie, je suppose.


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