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Chien, cochon d'Inde et clémentines: l'épopée vertigineuse de la domestication retracée à Toulouse
information fournie par AFP 15/10/2025 à 12:39

Un loup gris lors de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025. ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Un loup gris lors de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025. ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Du chien, plus ancien auxiliaire des humains, au cochon d'Inde, cobaye ou animal de compagnie, en passant par les clémentines, le pouvoir de domestiquer la nature symbolise l'emprise de l'homme sur la planète, une épopée multimillénaire retracée par le Museum de Toulouse.

"On serait incapable d'imaginer une vie sans espèces domestiques, parce que ça fait quand même plus de 15.000 ans qu'on vit comme ça. C'est quelque chose qui nous constitue, la domestication est un élément de la nature humaine", souligne pour l'AFP Valérie Chansigaud, historienne et commissaire scientifique de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" qui ouvre ses portes vendredi.

"On a créé un monde à notre mesure", même si parfois on perd de vue cette réalité, complète Fabien Laty, concepteur de l'exposition pour le Museum d'histoire naturelle de Toulouse.

Installation de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Installation de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

L'idée de l'exposition qui présente en miroir l'impact de l'homme d'un côté sur le règne animal, de l'autre sur le monde végétal, est donc d'explorer l'ampleur du phénomène, pour faire "prendre conscience" des interdépendances qui nous unissent à la nature.

Premier des animaux à avoir été mis au service de l'homme, le chien, issu de la domestication du loup gris, a l'honneur d'ouvrir le parcours.

Et si le visiteur peut avoir le sentiment de tout savoir sur celui qu'il croise chaque jour sur le trottoir, il découvrira des pans méconnus de son histoire.

- "ronronthérapie" -

Ce "chien de manchon" par exemple, sélectionné pour sa petite taille afin de se glisser dans les manches des élégantes de la haute société européenne du XVIIIe siècle ou plus globalement, le fait que la profusion des races canines actuelles, vue comme immuable, ne soit en fait née qu'autour du XIXe siècle.

Installation de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Installation de l'exposition "Domestique-moi si tu peux" au Muséum de Toulouse, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

L'information permet de préciser ce qu'est la domestication: "un mécanisme qui consiste à transformer une espèce, en sélectionnant des traits intéressants et en maîtrisant la reproduction de ces races", souligne M. Laty.

L'exposition s'attarde sur les multiples rôles joués par l'animal dans la vie d'homo sapiens: l'animal utilitaire, du canari qui alerte du coup de grisou dans les mines de charbon au cheval de trait, l'animal rituel, comme le chat divinisé par l'Egypte ancienne, l'animal nourricier - de la poule au boeuf - ou évidemment l'animal de compagnie, phénomène qui n'a émergé qu'à partir du XVIe siècle.

A lui seul, le cochon d'Inde incarne toutes ces dimensions: animal de boucherie, d'expérimentation scientifique ou compagnon prisé dans la sphère familiale.

Le visiteur peut aussi se glisser dans une alcôve pour s'essayer à la "ronronthérapie": dans la pénombre, une banquette velue, vibrante et en fonds sonore, le ronronnement d'un chat. "il y a des chercheurs, des vétérinaires, qui s'intéressent au pouvoir bénéfique de ces basses fréquences", rappelle le responsable de l'exposition.

- Impact -

Au détour des murs colorés, le regard est attiré par des portraits d'animaux un peu particuliers: "Jack", la dinde graciée par le fils d'Abraham Lincoln qui donnera naissance au rituel de "Thanksgiving", "Félicette", la première chatte envoyée dans l'espace en 1963 par une équipe scientifique française, ou encore... "Max", le cochon nain du Vietnam qui a longtemps partagé la vie de Georges Clooney.

. ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

. ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Du côté des végétaux, l'emprise humaine est aussi forte, à coup de mutations génétiques, de créations d'espèces, comme les clémentines, nées d'un mélange d'oranges et de mandarines créé par un abbé français en Algérie au début du XXe siècle. Et la pastèque sans pépins et cet étonnant ananas à la chair rose, conçu pour une marque agroalimentaire américaine...

Un buffet factice de petit-déjeuner, au carrefour des deux pans, animal et végétal, de l'exposition, résume: seule la carafe d'eau n'est pas issue de la domestication.

"On a un impact tellement grand (...) qu'il n'y a plus d'espèces non affectées par l'être humain" sur la planète, rappelle Valérie Chansigaud.

Et l'exposition cherche à "ouvrir le regard (...) que l'on se dise +ah oui, quand je vois maintenant autour de moi, je ne vois plus le monde de la même façon+".

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